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SHADD, ALFRED SCHMITZ, instituteur, médecin, journaliste, homme politique et fonctionnaire, né en 1870 dans le canton de Raleigh, Ontario, fils de Garrison Shadd et de Harriet Poindexter ; il épousa à Melfort, Saskatchewan, Jeanette Simpson, et ils eurent une fille et un fils ; décédé le 9 mars 1915 à Winnipeg.
Alfred Schmitz Shadd était le petit-fils et le neveu de deux illustres militants de la communauté noire de l’Ontario, Abraham Doras Shadd et Mary Ann Camberton Shadd*. Il reçut d’abord une formation d’instituteur à Toronto et enseigna au moins un an à Chatham, à l’école pour Noirs où il avait étudié. Il entreprit ensuite des études de médecine à la University of Toronto, mais, faute d’argent, il les abandonna en 1896 et accepta un poste d’instituteur à Kinistino, dans la future province de la Saskatchewan.
Après un an à Kinistino, Shadd retourna à la University of Toronto, où il termina ses études de médecine avec distinction en 1898, puis retourna à Kinistino afin d’exercer sa nouvelle profession. Comme il parcourait sans cesse la vallée de la rivière Carrot pour soigner des malades, il se fit vite connaître par son dévouement. En 1904, il réinstalla son cabinet dans une localité voisine, Melfort, où il tint aussi une pharmacie pendant un temps. Trois ans plus tard, il partit pour l’Europe en vue de faire des études de troisième cycle à Édimbourg et à Paris, mais un manque d’argent l’obligea bientôt à renoncer à ce projet et à reprendre l’exercice de la médecine à Melfort.
Au cours de la décennie suivante, les activités de Shadd se multiplièrent. Il fut l’un des premiers coroners de la Saskatchewan, joua en 1906 un rôle important dans la construction d’un petit hôpital à Melfort, et appartint à la fois au conseil municipal et au conseil scolaire de la localité. Fermier amateur mais enthousiaste, il fonda la Melfort Agricultural Society, dont il fut le premier président ; de plus, il aida les fermiers de la région à créer une compagnie d’élévateurs à grain. Marguillier à l’église anglicane All Saints, il appartenait à la loge maçonnique locale, à l’ordre d’Orange (il était un « orangiste noir », disait-il) et à l’Independent Order of Foresters. Lui-même et sa femme, Jeanette Simpson (qui, elle, était de race blanche) recevaient souvent chez eux des visiteurs de marque, dont l’ex-premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Frederick William Gordon Haultain*.
Comme d’autres membres de sa famille, Shadd fut toujours conservateur. En 1902, il brigua sans succès le siège de Kinistino à l’Assemblée territoriale. Trois ans plus tard, il se présenta à la première Assemblée de la Saskatchewan sous la bannière du Parti des droits provinciaux de Haultain. Sa campagne de 1905 suscita beaucoup d’admiration : selon le journal local, cet « orateur éloquent et énergique » savait « conduire son auditoire au paroxysme de l’enthousiasme ». De sa « voix forte et pénétrante », il critiqua le chef libéral Thomas Walter Scott* et réclama un gouvernement provincial plus fort, la construction d’un chemin de fer jusqu’à la baie d’Hudson et l’imposition de taxes au chemin de fer canadien du Pacifique. Il fut battu au scrutin de 1905, mais seulement par 52 voix. Ensuite, il continua de défendre ses positions politiques dans les pages du Carrot River Journal, dont il fut copropriétaire et corédacteur de 1908 à 1912. Vers la fin de sa vie, il appuya ardemment la participation du Canada à la Première Guerre mondiale en prononçant souvent des « paroles inspirantes » à des assemblées de la Croix-Rouge.
Alfred Schmitz Shadd était un personnage pittoresque. Propriétaire d’une automobile de l’année 1906 – l’une des premières du district –, il conduisait comme un possédé et renversait souvent des clôtures de ferme en allant visiter des malades. Pour se justifier, il affirmait que sa voiture « sauvait plus de vies qu’elle n’en fauchait ». Les gens de Melfort et de toute la vallée l’aimaient beaucoup, à la fois en tant que médecin et être humain. Il mourut d’une appendicite à l’âge de 45 ans. Le Moon de Melfort déclara après son décès : « aucune distance n’était trop grande, aucune nuit trop noire, aucun chemin trop difficile pour dissuader le docteur de répondre à un appel ». Selon un autre journal, il était « aimé de tous ceux qui le connaissaient,.surtout de ceux qu’il soignait, car c’était en soi un remède de l’entendre rire de bon cœur pour remonter le moral d’un patient ».
Carrot River Journal (Melfort, Sask.), 1908–1912.— Journal (Melfort), 1915.— Moon (Melfort), 1904–1915.— [J. W.] G. MacEwan, Fifty mighty men (éd. spéciale, Saskatoon, 1958).— Timothy Ryan, « Medicine in Melfort », dans Voices of the past : a history of Melfort and district (Melfort, 1955), 45–51.— C. A. Thomson, « Doc Shadd », Sask. Hist., 30 (1977) : 41–55 ; « A man who stood erect », Umoja (Boulder, Colo), nouv. sér., 3 (1979), no 1 : 19–41 ; « Saskatchewan’s black pioneer doctor », Médecin de famille canadien (Toronto), 23 (1977), no 11 : 53–62 ; « Saskatchewan’s great pioneer black doctor », Assoc. médicale canadienne, Journal (Toronto), 116 (janv.–juin 1977) : 1317–1319.— R. W. Winks, The blacks in Canada : a history (Montréal, 1971).
Colin A. Thomson, « SHADD, ALFRED SCHMITZ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/shadd_alfred_schmitz_14F.html.
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Auteur de l'article: | Colin A. Thomson |
Titre de l'article: | SHADD, ALFRED SCHMITZ |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |