SENEZERGUES DE LA RODDE, ÉTIENNE-GUILLAUME DE, officier dans les troupes régulières, né le 29 août 1709 à Aurillac, en France, fils de Louis de Senezergues, gouverneur d’Aurillac, décédé le 14 septembre 1759.

À peine âgé de 14 ans, Étienne-Guillaume de Senezergues entra comme lieutenant réformé sans appointements, à la suite du régiment de La Sarre, dont son père faisait partie. Il devint successivement enseigne, le 1er octobre 1726, lieutenant, l’année suivante, et capitaine en 1734. Il participa à la guerre de la Succession de Pologne, en Italie, et à la guerre de la Succession d’Autriche, en Allemagne et en Italie. En 1747, il prit la tête du second bataillon de son régiment, le lieutenant-colonel en titre se trouvant inapte au service actif.

Lorsqu’en 1756, l’un des bataillons du régiment de La Sarre fut envoyé au Canada, Senezergues, alors devenu lieutenant-colonel du second bataillon, ne fut pas obligé de l’accompagner. Grâce à un patrimoine qui lui rapportait quelque 10 000# par année, il était indépendant financièrement ; de plus, sa famille souhaitait ardemment qu’il demeurât en France. Mais ce soldat de carrière ambitieux, qui recherchait l’avancement et obéissait à un rigoureux sens du devoir, s’embarqua à Brest le 3 avril 1756, pour arriver à Québec le 13 mai.

En juin, son bataillon fut dépêché au fort Frontenac (Kingston, Ont.) pour constituer la garnison, puis il prit part à la capture d’Oswego [V. Montcalm]. Il reçut une pension de 500ª en récompense de sa participation à cette campagne. En 1757, il se distingua lors du siège du fort William Henry (également appelé fort George, aujourd’hui Lake George, N.Y.). Le chevalier de Lévis* nota que même si ce n’était pas au tour de Senezergues de mener les troupes, il avait accepté de participer à l’assaut d’avant-garde, parce qu’il était le seul lieutenant-colonel qualifié pour une tâche aussi difficile. À la suite de cette campagne, on lui attribua une seconde pension de 500#.

L’année suivante, le gouverneur général Vaudreuil [Rigaud*] leva une troupe de 1 600 hommes composée de troupes de la Marine, de miliciens canadiens, de troupes de terre d’élite et d’alliés indiens dans le but d’attaquer Schenectady, New York. Lévis reçut le commandement et Senezergues s’offrit à nouveau pour l’accompagner comme commandant en second, ce que Lévis s’empressa d’accepter. Cependant, l’expédition n’avait pas aussitôt quitté Montréal qu’elle fut rappelée et renvoyée en toute hâte au lac Champlain. On venait d’apprendre que le major général, James Abercromby*, avait regroupé 25 000 hommes pour un assaut contre les forts français.

Lévis et Senezergues arrivèrent à Carillon (Ticonderoga, N.Y.) avec leur troupe de relève de 400 soldats et miliciens canadiens, la nuit du 7 juillet. L’armée de Montcalm était retranchée derrière une barricade construite en toute hâte, sur la crête de la pente située à l’ouest du fort. Le lendemain, les Anglais attaquèrent en quatre colonnes. Senezergues et son bataillon, qui occupaient le flanc gauche sous les ordres du colonel Bourlamaque, se trouvèrent vigoureusement attaqués par deux des colonnes ennemies. Après que Bourlamaque eut été grièvement blessé, Senezergues le remplaça au poste de commandant. Repoussés à trois reprises, avec des pertes très lourdes, les Anglais rompirent leurs rangs et fuirent en désordre. Dans des rapports au ministre de la Guerre, Montcalm et Lévis soulignèrent la bravoure de Senezergues, tout en suggérant fortement qu’il soit promu brigadier sans considération de l’ancienneté. Montcalm déclara qu’il était l’officier supérieur le plus souvent appelé en service actif, qu’il était mieux qualifié que tout autre commandant de bataillon pour diriger dignement un corps de troupe et qu’il était le seul qui fût apte à demeurer au Canada pour commander les bataillons qui pourraient demeurer dans la colonie après les hostilités. Il fut à juste titre promu brigadier le 10 février 1759.

La même année, lors du siège de Québec, Senezergues se trouva de nouveau en pleine bataille. Après le départ de Lévis pour Montréal le 9 août, il devint le commandant en second de Montcalm. Le 13 septembre, lorsque Montcalm s’aperçut sur le tard que l’armée anglaise était massée sur les plaines d’Abraham, Senezergues reçut l’ordre de retenir le flanc de Beauport, jusqu’à ce que les intentions de l’ennemi soient éclaircies, et de conduire ensuite son bataillon sur les hauteurs situées à l’extrémité de Québec. Il arriva ainsi sur le champ de bataille avec ses hommes, après une marche forcée. Ayant à peine eu le temps de reprendre leur souffle, ils reçurent l’ordre de charger le flanc gauche de la ligne ennemie. Senezergues fut mortellement blessé au cours de ce bref affrontement. Lorsque la fumée de la bataille se fut dissipée, on le transporta à bord d’un navire de guerre anglais. Il mourut le lendemain. « Nous avons perdu en M. de Senezergues un officier de distinction, aussi vertueux que brave ; j’en suis profondément affligé », écrivit le colonel Bourlamaque après avoir appris le résultat de la bataille.

W. J. Eccles

SHA, A1, 3 417, 3 498–3 499, 3 540.— Doughty et Parmelee, Siege of Quebec.— Étienne-Guillaume de Senezergues de la Rodde, RAPQ, 1922–1923, 266–273.— Guerre du Canada. Relations et journaux (Casgrain).— Journal du chevalier de Lévis (Casgrain).— Lettres de Mde Bourlamaque (Casgrain).— Hozier, Armorial général de France (1738–1768), I, iie partie.— Frégault, La guerre de la conquête.— Stanley, New France.

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W. J. Eccles, « SENEZERGUES DE LA RODDE, ÉTIENNE-GUILLAUME DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/senezergues_de_la_rodde_etienne_guillaume_de_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024