SCRIVEN, JOSEPH MEDLICOTT, prédicateur et hymnographe, né le 10 septembre 1819 à Banbridge, comté de Down (Irlande du Nord), fils de James Scriven et de Jane Medlicott, décédé célibataire le 10 août 1886 près de Bewdley, sur le lac Rice, Ontario.

Joseph Medlicott Scriven s’inscrivit à l’Addiscombe Military College, près de Londres, qu’il fréquenta de 1837 à 1839, se préparant à aller servir en Inde. Il dut quitter cet établissement pour cause de maladie, mais, en 1842, il obtenait sa licence ès lettres du Trinity College, à Dublin. C’est à cette époque, à peu près, qu’il se joignit aux Frères de Plymouth (connus aussi sous le nom de darbystes), secte religieuse à laquelle ses parents s’étaient antérieurement convertis. Ce groupe croyait au sacerdoce de tous les croyants mâles, de même qu’à la pleine suffisance de la grâce pour la justification et le salut des fidèles. En 1845, il se rendit auprès de coreligionnaires, à Woodstock, Haut-Canada. Il y enseigna, avant de le faire à Brantford, où pendant deux ou trois ans, au début des années 1850, il dirigea une école privée. Il présidait aussi à des services religieux et prêchait dans tout le district ; c’est là, de toute évidence, qu’il composa la première ébauche de son hymne fameuse, What a friend we have in Jesus.

À partir de 1855, Scriven vécut dans le comté de Huron, près de l’actuelle ville de Clinton. Il allait fréquemment lire la Bible aux hommes qui travaillaient à prolonger la ligne du Grand Tronc jusqu’à Goderich, « recueillant bien peu de reconnaissance pour la peine [qu’il se donnait] ». « Homme d’une grande taille et d’un air aimable », il était fort respecté dans la région pour sa charité, sa piété, son oubli de soi et son amour indéfectible de la vérité. Vers 1857, il déménagea à Bewdley, près de Port Hope, pour y vivre au foyer d’un officier de marine en retraite, Robert Lamport Pengelly, à titre de précepteur. Il se fiança à la nièce de ce dernier, Eliza Catherine Roach, qui tomba malade et mourut en août 1860.

Scriven assembla autour de lui une congrégation de Frères de Plymouth, obtenant des conversions par sa prédication et son mode de vie, et « remplissant le rôle, auprès de nombreuses familles, d’une sorte de directeur spirituel ». Il distribuait dans son entourage des poèmes et des brochures de sa composition, et, en particulier, ses Hymns and other verses, qu’il avait fait imprimer à cette fin. À la fin des années 1860 ou au début de la décennie suivante, il quitta le foyer des Pengelly pour s’installer dans une petite maison de Port Hope. Il y prêcha dans les rues et dans les tavernes où, le midi, mangeaient les ouvriers. Certains le repoussaient, l’appelant « simplement le vieux Joe » ; mais, pour beaucoup de pauvres, avec qui il passait de plus en plus de temps, il était « l’homme bon » – qualificatif dont on usait encore, pour le désigner, 35 ans après sa mort. On se souvint de sa façon de prêcher, de son langage simple et sobre, dénué de toute prétention, et plus encore de ses charités, silencieuses et discrètes. Pendant des années, il garda la vache d’une veuve de Port Hope et en livra le lait aux clients ; il scia du bois pour ceux qui ne pouvaient pas payer ; il vendit sa montre, apportée d’Irlande, pour permettre à quelqu’un de remplacer la vache qu’il avait perdue ; et il donnait aux pauvres plus que son superflu ; quand sa famille, à Dublin, fut, d’une façon ou d’une autre, mise au courant de ces faits, elle lui envoya d’abord, plutôt que de l’argent comme avant, des articles d’utilité courante, pour finalement cesser tout envoi. Des anecdotes comme celles-là ont grossi sa légende.

Les derniers jours de Scriven furent assombris par la maladie et la tristesse. Son ami et coreligionnaire James Sackville le trouva malade et le recueillit chez lui. Par une nuit chaude de 1886, Scriven quitta son lit sans déranger qui que ce fût, probablement pour aller se désaltérer à une source située non loin de là : s’étant vraisemblablement évanoui ou étant tombé, on le découvrit mort, quelques heures plus tard, dans le déversoir de la meunerie de Sackville, à quelques pieds de la source. Il fut enseveli dans le cimetière des Pengelly, entre Eliza Roach et le commandant Pengelly, dans une tombe qui ne portait aucune indication. En 1920, grâce surtout à son futur biographe, Lewis Frederick Clarry, un monument fut érigé sur sa tombe, à un mille au sud de Bewdley, sous le patronage de sir Robert Laird Borden*, de Newton Wesley Rowell* et de William Lyon Mackenzie King*. C’est le premier ministre de l’Ontario, Ernest Charles Drury*, qui l’inaugura.

L’hymne What a friend fut publiée pour la première fois, anonymement, dans le recueil d’Horace Lorenzo Hastings, Social hymns : original and selected, paru en 1865, et fut popularisée, sur une musique de Charles Crozart Converse, par Ira David Sankey. On l’attribua pour la première fois à son auteur dans un autre recueil de Hastings, publié en 1886, année de la mort de Scriven. En 1869, Scriven avait publié à Peterborough Hymns and other verses, 115 en tout, qui ne comprenait pas What a friend. Sept de ses textes, dont quatre des Hymns, parurent dans le recueil intitulé What a friend we have in Jesus and other hymns by Joseph Scriven, with a sketch of the author, publié en 1895 par le révérend James Cleland. En 1919, Edward Samuel Caswell* publia une version primitive de What a friend, sous le titre de Pray without ceasing. Les livres de cantiques publiés par la suite ont reproduit le texte que Cleland avait pris dans un manuscrit donné par Scriven à Sackville, jusqu’au moment de la publication, en 1971, du livre de cantiques de l’Église anglicane et de l’Église unie du Canada, dans lequel la dernière strophe a été quelque peu modifiée.

Qualifié par Caswell en 1919 de « morceau incontestablement le plus connu de la littérature canadienne », What a friend semble être la seule des hymnes de Scriven à avoir été aussi largement répandue, alors que, assez ironiquement, presque toutes les autres hymnes qu’il a composées sont mieux construites, sans sensiblerie, en s’appuyant sur des textes de la Bible. Elles révèlent que Scriven fut un auteur modérément doué, dans la tradition classique, même si celle-ci était en voie de disparition à son époque. Il distribua au moins trois copies manuscrites de What a friend, mais ne l’inclut pas dans les textes qu’il choisit de publier : heureusement, car le fait de publier ce poème séparément, en le mariant à l’air connu sous le nom de Friendship, d’après le titre du poème, a permis de préserver pour notre profit cette pièce non caractéristique de l’œuvre de cet homme dévoué et courageux.

Jay Macpherson

On trouve les hymnes de Joseph Medlicott Scriven dans ses ouvrages : Hymns and other verses (Peterborough, Ontario, 1869) ; et What a friend we have in Jesus and other hymns by Joseph Scriven, with a sketch of the author, James Cleland, édit. (Port Hope, Ontario, 1895) ; aussi bien que dans Canadian singers and their songs : a collection of portraits, autograph poems and brief biographies, E. S. Caswell, compil. ([3e éd.], Toronto, 1925), 12, 186s., 262 ; H. L. Hastings, Social hymns : original and selected (Boston, 1865) ; et The hymn book of the Anglican Church of Canada and the United Church of Canada ([Toronto], 1971). Pour des informations sur Scriven et sur What a friend we have in Jesus, V. Protestant Episcopal Church in the United States of America, Joint Commission on the Revision of the Hymnal, The hymnal 1940 companion (3e éd., New York, [1956]), 266, 554s.

MTL, Biog. scrapbooks, XII : 77, E. M. Lindsay, « Reminiscences of Joseph Scriven ».— UCA, L. F. Clarry, « Joseph Scriven » (copie dactylographiée).

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Jay Macpherson, « SCRIVEN, JOSEPH MEDLICOTT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/scriven_joseph_medlicott_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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