SCALLION, JAMES WILLIAM, instituteur, fermier et leader du milieu agricole, né le 14 février 1842 dans le comté de Wexford (république d’Irlande), fils aîné de William Scallion et de Catherine O’Donohue ; décédé célibataire le 24 avril 1926 à Virden, Manitoba.

James William Scallion immigra dans le Haut-Canada vers 1850 avec sa famille. Les Scallion s’installèrent d’abord près d’Ancaster, mais dès 1871, ils vivaient à Delaware, dans le comté de Middlesex. Après avoir fréquenté la Normal School de Toronto en 1867, James William enseigna cinq ans puis rejoignit sa famille à Thorold, où lui-même et son frère tinrent une maison de commerce. En 1882, James William, son frère et ses sœurs se joignirent aux milliers d’Ontariens qui suivaient le transcontinental vers l’Ouest canadien. Ils allèrent d’abord à Stonewall, au Manitoba, mais se fixèrent en 1883 à Virden, au bord de la ligne principale du chemin de fer canadien du Pacifique dans le sud-ouest de la province. Ils y achetèrent 960 acres de terre et fondèrent une ferme de culture céréalière et d’élevage, The Grange, qui allait prospérer.

Dès 1900, l’économie manitobaine connaissait un essor remarquable. Les agriculteurs créaient d’énormes surplus de grain pour l’exportation, mais la plupart d’entre eux étaient convaincus que les hauts tarifs exigés par les compagnies d’élévateurs à grain et le monopole détenu par elles sur le marché local nuisaient beaucoup à leur prospérité. Pour éviter les forts droits de quai exigés par ces compagnies et les bas prix qu’elles leur payaient, les fermiers voulaient charger directement les wagons et expédier leur grain eux-mêmes. Le gouvernement fédéral répondit à leurs revendications en faisant adopter en 1900 le Manitoba Grain Act, qui obligeait les sociétés ferroviaires à mettre des wagons à céréales à leur disposition. Cependant, les récoltes exceptionnelles de blé en 1901 et en 1902 provoquèrent une grave pénurie de wagons, et les fermiers étaient convaincus que les compagnies d’élévateurs avaient la préséance. Cette situation amena les agriculteurs des Territoires du Nord-Ouest à conclure qu’ils devaient unir leurs efforts et ils formèrent une première association de céréaliers, la Territorial Grain Growers’ Association, créée officiellement en janvier 1902. Scallion se joignit à un comité de cultivateurs de Virden afin d’organiser une rencontre spéciale avec l’un des fondateurs de cet organisme, William Richard Motherwell*. L’assemblée, tenue le 7 janvier 1903, déboucha sur la formation de la Virden Grain Growers’ Association, dont Scallion fut élu président. Scallion sillonna le Manitoba pour encourager d’autres localités à suivre l’exemple de Virden, jusqu’à ce que la Manitoba Grain Growers’ Association, organisation provinciale indépendante de l’organisation territoriale, soit fondée à Brandon en mars 1903. Placé à la présidence, Scallion déclara à l’assemblée : « 40 000 fermiers [ont] produit 100 000 boisseaux de blé et ils devraient tous être riches, mais où est la richesse ? Certainement pas dans les mains des fermiers, mais dans les foyers des manufacturiers, des promoteurs de chemins de fer et des négociants en céréales. » En 1904, il se retira de la présidence à cause de problèmes auditifs ; toutefois, il resterait président honoraire toute sa vie. Il continua de participer à des réunions dans toute la province pour solliciter des appuis à l’établissement d’une coopérative céréalière. Formée en 1906 pour concurrencer les compagnies privées en manutentionnant les céréales produites par les membres, la Grain Growers’ Grain Company deviendrait la United Grain Growers Limited en 1917.

En décembre 1910, Scallion et d’autres leaders du milieu agricole, dont Ernest Charles Drury*, Robert Sellar* et James Speakman*, menèrent une délégation de plus de 800 cultivateurs à Ottawa pour exprimer directement leurs doléances au gouvernement fédéral. À l’assemblée tenue dans la capitale, Scallion prôna l’élimination du fort tarif qui handicapait les fermiers, pour qui les importations de produits et de machines agricoles des États-Unis étaient essentielles. Les élections de 1911 portèrent principalement sur la réciprocité avec les États-Unis, mais le gouvernement libéral – dont le ministre des Finances William Stevens Fielding avait mis au point l’entente à ce sujet – subit la défaite. L’opposition de certains éminents libéraux, Clifford Sifton par exemple, à la réciprocité ancra les fermiers dans la conviction qu’aucun des deux partis politiques ne représentait les intérêts des agriculteurs de l’Ouest.

À la fin de la Première Guerre mondiale, les fermiers étaient prêts à se lancer dans l’action politique. Leur programme national, présenté pour la première fois en 1910 [V. James Speakman], fut révisé en 1918 et les agriculteurs furent invités à voter pour les candidats qui l’appuyaient. En janvier 1920, la Manitoba Grain Growers’ Association adopta ce programme, prit le nom de Fermiers unis du Manitoba et s’engagea dans l’action politique. Scallion fut mis en nomination pour la présidence du nouveau parti, mais son nom fut retiré parce qu’il était trop malade pour exercer cette fonction. En 1922, les Fermiers unis formèrent le premier gouvernement agricole au Manitoba sous la direction de John Bracken*. La même année, le Manitoba Agricultural College rendit hommage à Scallion pour « sa contribution à l’avancement social et économique du milieu agricole ». Dans sa province, c’était lui qui avait fait les premiers pas en vue de doter les fermiers d’un mécanisme susceptible de modifier l’équilibre du pouvoir économique dans l’Ouest canadien.

Vers la fin de sa vie, James William Scallion créa avec sa sœur Hannah deux dotations permanentes, l’une pour l’hôpital de Virden et l’autre pour l’entretien du cimetière de Virden, où il fut inhumé en 1926.

Karen Nicholson

AO, RG 2-128-1-3 ; RG 2-128-6-2 ; RG 2-301-1-3, certificate 2499.— BAC, RG 31, C1, 1861, Ancaster, Ontario ; 1871, Delaware, Ontario ; 1881, Thorold, Ontario ; 1891, 1901, Virden, Manitoba.— Manitoba, Legislative Library (Winnipeg), Biog. scrapbooks, B8 : 73.— Brandon Daily Sun (Brandon, Manitoba), 1903–1926.— Grain Growers’ Guide (Winnipeg), 1910–1926.— Manitoba Free Press, 1903–1926.— Virden Empire-Advance, 1907–1926.— Ida Clingan, The Virden story, 1882–1957 : Virden’s 75th anniversary celebration, July 21 to 26, 1957 (Virden, 1957).— R. D. Colquette, The first fifty years : a history of the United Grain Growers Limited (Winnipeg, 1957).— F. H. Schofield, The story of Manitoba (3 vol., Winnipeg, 1913).— L. A. Wood, A history of farmers’ movements in Canada (Toronto, 1924 ; réimpr., introd. de F. J. K. Griezic, Toronto et Buffalo, N.Y., 1975).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Karen Nicholson, « SCALLION, JAMES WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/scallion_james_william_15F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:

Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/scallion_james_william_15F.html
Auteur de l'article:    Karen Nicholson
Titre de l'article:    SCALLION, JAMES WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    28 novembre 2024