SAUNDERS, WILLIAM, pharmacien, scientifique, fonctionnaire et auteur, né le 16 juin 1836 à Crediton, Angleterre, fils de James Saunders, cordonnier et prédicateur laïque méthodiste, et de Jane Wollacott ; le 1er août 1857, il épousa Sarah Agnes Robinson, fille du révérend Joseph Hiram Robinson*, et ils eurent une fille et cinq fils ; décédé le 13 septembre 1914 à London, Ontario.

William Saunders arriva au Canada avec ses parents en 1848 et rejoignit son frère Stephen, déjà installé à London. Enfant, il avait probablement suivi des cours privés. À l’âge de 19 ans, il commença son apprentissage chez un pharmacien de London, John Salter. Puis, toujours en 1855, il ouvrit sa propre pharmacie, qu’il transforma par la suite en entreprise pharmaceutique de vente d’extraits médicinaux de plantes. Sa curiosité pour les maladies végétales le poussa à étudier l’entomologie et à écrire des textes scientifiques. À l’origine, comme en témoignent les échantillons qu’il recueillait pour des naturalistes tels William Hincks* et David Allan Poe Watt, les applications de la botanique et de l’agriculture l’intéressaient davantage que la théorie. En 1862, avec Charles James Stewart Béthune*, il fit des démarches qui aboutirent l’année suivante à la formation de l’Entomological Society of Canada. Membre fondateur de la Canadian Pharmaceutical Society en 1867, il en fut président par la suite. En 1871, il participa à la création de l’Ontario College of Pharmacy [V. William Elliot*]. Six ans plus tard, il accéda à la présidence de l’American Pharmaceutical Association.

En 1869, Saunders acheta une ferme à l’est de London, planta des arbres fruitiers et entreprit des expériences d’hybridation. Il les a décrites dans les publications de la Fruit Growers’ Association of Ontario, autre société dont il était membre. Entré en 1876 au conseil d’administration de la Huron and Erie Savings and Loan Company, il en fut président de 1879 à 1887. Toutes ces activités auraient épuisé bien des gens, mais Saunders, lui, trouvait le temps de faire mille autres choses. Il prépara des stands d’entomologie pour l’Exposition universelle de Philadelphie en 1876 et un étalage de fruits pour l’exposition tenue à Londres en 1886. Il enseigna la matière médicale à l’école de médecine de la Western University of London dans les années 1880. Il présenta des communications à l’American Forestry Congress. Il fut analyste et expert-conseil en agriculture et en entomologie auprès du gouvernement de l’Ontario. En outre, il participait avec sa famille à une foule d’activités musicales. Ses années à la présidence de l’Entomological Society (1875–1886) et de la Fruit Growers’ Association (1882–1886), son séjour à la direction du Canadian Entomologist (1873–1886) de même que la publication à Philadelphie, en 1883, d’un ouvrage novateur, Insects injurious to fruits confirmèrent également sa renommée d’entomologiste et d’horticulteur. Membre fondateur de la Société royale du Canada en 1882, il en fut président en 1906–1907.

Saunders était bien connu du conservateur John Carling, lui aussi de London, qui fut commissaire ontarien de l’agriculture et des travaux publics de 1867 à 1871, puis ministre fédéral de l’Agriculture de 1885 à 1892. Carling avait fait appel à lui dès 1871 pour enquêter sur une grave épidémie de doryphores dans l’ouest de l’Ontario. Carling n’ignorait sans doute pas que Saunders avait appartenu à la commission ontarienne de l’agriculture en 1880–1881, et il était convaincu que la science pouvait faire progresser l’agriculture canadienne et accélérer le développement du Nord-Ouest. En 1886, lorsqu’il mit sur pied le réseau des fermes expérimentales du dominion, Carling en confia la direction à Saunders. D’ailleurs, ce réseau fut organisé à partir d’une étude de Saunders.

Ayant transféré son entreprise pharmaceutique à ses fils William Edwin et Henry Scholey, Saunders s’installa à Ottawa en 1887. Il avait alors plus de 50 ans, mais il exerça sa fonction avec la même compétence, la même énergie et la même clairvoyance que dans sa jeunesse. Cinq fermes expérimentales furent bientôt créées : une ferme centrale à Ottawa et des fermes régionales à Nappan en Nouvelle-Écosse, à Brandon au Manitoba, à Indian Head (Saskatchewan) et à Agassiz en Colombie-Britannique. Par la suite, au cours du mandat du ministre libéral de l’Agriculture Sydney Arthur Fisher*, sept autres stations expérimentales furent mises en place en des lieux allant du nord de l’Alberta à l’Île-du-Prince-Édouard. Voyageant en toute saison par train, en chariot, en traîneau ou à cheval, Saunders choisit lui-même la plupart de ces emplacements, quoique des considérations politiques aient inévitablement joué dans le processus de sélection, surtout sous le régime de Fisher.

Dans les fermes expérimentales,.indiscutablement l’œuvre maîtresse de Saunders, on faisait de la recherche dans plusieurs domaines : culture céréalière, production laitière, élevage, horticulture, foresterie, applications agricoles de la chimie et de la botanique. Saunders et ses supérieurs politiques escomptaient que ces travaux donneraient des résultats concrets : meilleures variétés de semences, bétail de meilleure qualité, arbres fruitiers résistant au climat canadien. Ils n’étaient pas déçus, mais James Fletcher*, Charles Gordon Hewitt et d’autres scientifiques engagés par Saunders préféraient souvent mettre l’accent sur la recherche fondamentale. Ces deux conceptions de la fonction des fermes étaient difficilement conciliables, ce qui nuisait parfois aux relations entre Saunders et ses subordonnés. Les dadas de certains hommes politiques, élever des yacks à Brandon, par exemple, embêtaient aussi Saunders. Lui-même, pourtant, pouvait manquer de discernement : en 1901, il eut la mauvaise idée de planter des arbres sur une île balayée par les vents, l’île de Sable, en Nouvelle-Écosse. Malgré ces ennuis, les fermes expérimentales produisirent, sous sa direction, une multitude de semences et de boutures, de publications d’information et d’innovations agricoles. Il mit au point bon nombre de variétés rustiques d’arbres fruitiers, des pommetiers par exemple, et fit des expériences de pollinisation croisée et d’hybridation pour offrir aux fermiers des Prairies des types améliorés de céréales. En 1903, il engagea son fils Charles Edward*. Il avait raison d’avoir foi en ses talents car, poursuivant des travaux entrepris par son père, Charles Edward mit au point le blé Marquis à maturation précoce, qui fut durant des décennies la variété la plus cultivée dans les Prairies.

William Saunders reçut beaucoup d’honneurs de la part de ses contemporains, dont des doctorats en droit du Queen’s College de Kingston en 1896 et de la University of Toronto en 1904 ainsi que le titre de compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges en 1905. En 1910, cependant, des scientifiques de la génération montante, tel Otto Julius Klotz*, trouvaient ses méthodes désuètes. Saunders prit sa retraite en 1911 pour des raisons de santé. Le département de l’Agriculture lui offrit un voyage d’un an en Europe. De retour à London, il y mourut en 1914. Deux de ses fils firent aussi une belle carrière. Charles Edward reçut en 1934 le titre de chevalier en raison du travail qu’il avait accompli à compter de 1903 en qualité de céréaliste du dominion. Frederick Albert se distingua comme physicien à la Harvard University de Cambridge, au Massachusetts.

William Saunders fut l’un des derniers autodidactes en sciences naturelles qui se signala au Canada. Il n’avait pourtant rien d’un amateur. Il était bien un professionnel en ce sens qu’il gagnait sa vie en tant que scientifique. À titre d’agronome, il apporta une contribution importante à la colonisation du Nord-Ouest. En raison de son travail pour établir des fermes expérimentales, il mérite de figurer parmi les pionniers de la recherche-développement au Canada.

Ian M. Stewart

Plusieurs centaines d’articles publiés par William Saunders entre 1861 et 1913 sont mentionnés dans Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald), dont de nombreux articles écrits pour l’American Pharmaceutical Assoc., Proc. of the annual meeting (Baltimore, Md, et autres lieux) ; le Canadian Entomologist (London, Ontario) ; l’Entomological Soc. of Ontario, Annual report (Toronto) ; le Canadian Horticulturist (St Catharines, Ontario ; Toronto ; et autres lieux) ; et la SRC, Mémoires. Ses rapports officiels à titre de directeur des fermes expérimentales figurent dans les rapports de la direction pour 1887–1911, dans Canada, Parl., Doc. de la session, 1888–1912. Ses publications comprennent aussi Report of an inquiry in regard to the prevalence and ravages of the Colorado potato beetle [...] (Toronto, 1871), rapport rédigé en collaboration avec Edmund Baynes Reed, de l’Entomological Soc. of Ontario, et l’article écrit pour les « Dominion Experimental Farms » dans Canada, an encyclopædia (Hopkins), 5 : 79–85. Une deuxième édition de sa monographie intitulée Insects injurious to fruits, a été publiée à Philadelphie en 1910.

AN, MG 29, B19 ; MG 30, B13, 3, livre 24, 31 oct. 1909 ; RG 17, A I, 781 ; 983 ; 1928 : 53–62 ; 2745 ; 2747 ; 2755 ; 2766.— Middlesex East Land Registry Office (Londres), Abstract index to deeds, London Township, concession C, lot 7 (mfm aux AO).— PRO, RG 4, Mint Wesleyan Methodist Church, Exeter, Angleterre, RBMS, 17 juill. 1836 (mfm à la Devon and Cornwall Record Soc. Library, Exeter).— Univ. of Western Ontario Library, Regional Coll. (London), William Saunders papers (comprennent un résumé biographique).— London Advertiser, 14 sept. 1914.— Canada, Experimental farms service, Fifty years of progress on Dominion Experimental Farms, 1886–1936 (Ottawa, 1939).— Canada, an encyclopædia (Hopkins), 5 : 368.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— Annuaire, London, 1856–1857.— Entomological Soc, of Ontario, Accounts and minutes of the London branch of the Entomological Society of Ontario, 1864–1881, W. W. Judd, édit. (London, 1975) ; Minutes of the Entomological Society of Ontario while headquartered in London, Ontario, 1872–1906, W. W. Judd, édit. (London, 1976).— W. W. Judd, Early naturalists and natural history societies of London, Ontario (London, 1979).— J. W. Morrison, « Marquis wheat – a triumph of scientific endeavor », Agricultural Hist. (Urbana, Ill.), 34 (1960) : 182–188.— E. M. Pomeroy, William Saunders and his five sons : the story of the Marquis wheat family (Toronto, 1956).— SRC, Mémoires, 3e sér., 9 (1915), proc. : viii–x.

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Ian M. Stewart, « SAUNDERS, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/saunders_william_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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