SAUNDERS, DYCE WILLCOCKS, avocat, joueur de cricket et laïque anglican, né le 22 mars 1862 à Guelph, Haut-Canada, fils de Thomas Wilcocks Saunders, avocat et magistrat de police, et de Jemima C. Wilson ; le 12 septembre 1889, il épousa à Westmount, Québec, Amy Julia Percival Bréhaut (décédée en 1927), et ils eurent trois fils et trois filles ; décédé le 12 juin 1930 à Londres.
Dyce Willcocks Saunders fit ses études à la Trinity College School de Port Hope, en Ontario, où il joua quelques-unes de ses premières parties de cricket. En 1879, il était capitaine de la première équipe de 11 joueurs de Trinity et y occupait la position de gardien de guichet. Plus tard dans le courant de l’année, la Law Society of Upper Canada l’admit en tant qu’étudiant en droit. Il fit son stage chez Kingsmill, Cattanach, and Symons à Toronto et fut engagé par ce cabinet après avoir été reçu au barreau à la session de la Saint-Michel en 1884. Toute sa carrière se déroulerait chez Kingsmill ; il y deviendrait associé en 1891 et associé principal en 1913. Il occupa la présidence de la County of York Law Association en 1906-1907, reçut le titre de conseiller du roi en 1908 et fut élu au conseil de la Law Society le 23 novembre 1922. En dépit de ces distinctions, son travail d’avocat est mal connu. En 1928, il fut nommé président d’un conseil d’arbitrage dont le mandat consistait à régler un différend salarial à la Toronto Transportation Commission.
Pendant ses études de droit, Saunders avait habité avec ses sœurs, qui tenaient une école privée à Yorkville (Toronto). Une fois installé à Toronto, il demeura un adepte du cricket : il fut gardien de guichet dans le Guelph Cricket Club et le Toronto Cricket Club, qui resta son équipe durant plus de 40 ans. Sport de gentlemen, le cricket était pratiqué surtout par une élite masculine qui observait un code réfractaire au professionnalisme. Les compétitions entre équipes locales étaient des rencontres mondaines ; les compétitions internationales revêtaient plus d’importance. Saunders participa à sa première rencontre internationale en 1881, à l’âge de 19 ans. Son équipe affrontait alors les États-Unis, et il jouerait 12 autres fois dans les matchs annuels contre ce pays. De 1885 à 1905, il représenta le Canada en 20 occasions contre des équipes des États-Unis, de l’Irlande, de l’Écosse et de l’Angleterre. En 1887, lui-même et son collègue avocat George Goldwin Smith Lindsey, membre du Toronto Cricket Club, réunirent une équipe canadienne d’étoiles pour une tournée en Angleterre dont ils firent le récit dans un livre destiné surtout aux initiés. Les « gentlemen du Canada », écrivaient-ils, s’étaient embarqués « pour apprendre par l’expérience, sur les terrains anglais de cricket, les meilleures caractéristiques de ce bon vieux sport ». Ils espéraient ainsi « faire entrer le cricket canadien dans une ère nouvelle ». Saunders, qui prit part à 17 des 19 matchs disputés par l’équipe dans la période du 30 juin au 27 août (cinq victoires, cinq défaites, neuf matchs nuls), se classa deuxième de son club sur la liste des moyennes à la batte en obtenant 23,58 par manche. Il prendrait part à une autre tournée en Angleterre en 1922. Cependant, l’espoir de voir le cricket entrer dans une « ère nouvelle » au Canada ne se matérialiserait pas. Ce sport conserverait son caractère élitiste, ce qui l’empêcherait de gagner la faveur des foules.
La réputation de Saunders reposait à la fois sur son jeu dans la position stratégique de gardien de guichet et sur son travail dans l’administration du cricket. Le 28 mars 1892, il figurait parmi les 34 délégués – tous des hommes, la plupart établis à Toronto – qui assistèrent dans cette ville à l’assemblée de fondation de la Canadian Cricket Association. De 1904 à 1908, il fut président de l’organisme. L’association surveillait l’attribution de la coupe de cricket J. Ross Robertson, décernée au vainqueur d’une compétition nationale. En 1911, Saunders fut le dépositaire de ce trophée. Au moment de son décès, il était vice-président honoraire du Toronto Cricket Club et du Toronto District Cricket Council. À l’époque, toutefois, ce sport était encore moins populaire qu’il l’avait été. Le cricket et les compétitions internationales n’attiraient guère l’attention de la presse sportive, qui suivait des jeux plus prisés des masses, par exemple le baseball et le hockey, où dominaient souvent des équipes professionnelles.
En dehors du droit et du cricket, Saunders s’intéressait notamment à l’anglicanisme et à ses œuvres éducatives. (Conservateur, il ne fit jamais d’action politique.) Après avoir épousé en 1889 Amy Julia Percival Bréhaut, il s’était installé avenue Lowther à Yorkville. Durant toute leur vie commune, les Saunders habiteraient dans des quartiers chics du nord de Toronto. Dès le début de 1891, ils faisaient partie d’une assemblée de fidèles anglicans se définissant comme anglo-catholiques, celle de l’église St Thomas, rue Huron. Saunders y devint choriste, représentant auprès du synode et marguillier. À ce dernier titre, il contribua en 1908 à la construction d’une salle paroissiale et à l’achat d’une maison adjacente qui servirait de presbytère. En plus, la congrégation fit l’acquisition de l’ancienne demeure d’Edward Blake*, Humewood, qui après des travaux de transformation devint en 1912 une maternité dont Saunders fut l’un des administrateurs. À la mémoire de leur fils aîné, Thomas Brehaut, lieutenant dans le Royal Highlanders of Canada et mort au combat dans le bois du Sanctuaire en Belgique le 16 octobre 1916, les Saunders firent don d’un vitrail à l’église St Thomas. En outre, Saunders participa à la Société des missions de l’Église d’Angleterre en Canada et fut membre du comité national du Laymen’s Missionary Movement. De mai 1927 à sa mort, il fut chancelier du diocèse de Toronto. Il exerça les fonctions suivantes dans le domaine de l’éducation : secrétaire du Bishop Bethune College à Oshawa, membre du conseil d’administration de la Trinity College School (où il dirigea une campagne de financement pour un nouveau bâtiment) et, à Toronto, membre du conseil de la Bishop Strachan School et du conseil de la corporation de la Trinity University.
Dyce Willcocks Saunders mourut subitement en juin 1930 à Londres, où il s’était rendu pour plaider une affaire devant le comité judiciaire du Conseil privé et assister à un match de cricket. Sa dépouille fut incinérée après une cérémonie tenue dans cette ville à la chapelle Grosvenor, rue Audley Sud. Sa succession, modeste, fut évaluée à 26 000 $. Un rédacteur sportif renommé, William Abraham Hewitt*, parla de l’ancien gardien de guichet comme du « doyen du cricket canadien ». Le Toronto Daily Star rappela que, « du temps où il y avait des compétitions de cricket entre le Canada et les États-Unis, on disait qu’une équipe internationale ne pouvait être complète sans lui ». Pour le reste, les nécrologies parues dans les journaux de Toronto et de Guelph mirent davantage l’accent sur sa carrière d’avocat et ses contributions à la vie diocésaine que sur ce qui avait été la passion de toute une vie, le cricket.
Dyce Willcocks Saunders est coauteur, avec G. G. S. Lindsey, de Cricket across the sea, or, The wanderings and matches of the gentlemen of Canada, 1887, by two of the vagrants (Toronto, 1887), reproduit sur microfiches par l’ICMH.
ANQ-M, CE601-S77, 12 sept. 1889.— AO, RG 22-305, nº 65064 ; RG 80-27-2, 79 : 21.— Arch. du Barreau du Haut-Canada (Toronto), 1-1 (Convocation, minutes), 18 : 205s. ; Ontario bar biog. research project database.— Gazette (Montréal), 14 sept. 1889.— Globe, 14 juin 1930.— Guelph Weekly Mercury and Advertiser, 12, 19 sept. 1889.— Times (Londres), 14, 17 juin 1930.— Toronto Daily Star, 13 juin 1930.— Annuaire, Toronto, 1884–1930.— K. E. Boller, « Canada has colourful cricket history » (texte dactylographié, Toronto, 1984 ; rév. en 2001 ; exemplaire à l’Assoc. canadienne de cricket, Mississauga, Ontario) ; « Canadian Cricket Association celebrates centenary, 1892–1992 », Canadian Cricketer (Toronto), 20 (1992), nº 1 : 4 ; « Canadian wicket-keeper Dyce Saunders could bat with the best » (texte dactylographié, Toronto, 1983 ; exemplaire à l’Assoc. canadienne de cricket).— Canada Law Journal (Toronto), 21 (1885) : 27.— Canadian annual rev., 1922 : 674 ; 1928–1929 : 210.— David Cooper, « Canadians declare « It Isn’t Cricket » : a century of rejection of the imperial game, 1860–1960 », Journal of Sport Hist. ([Lamont, Pa.]), 26 (1999) : 51–81.— J. E. Hall et R. O. McCulloch, Sixty years of Canadian cricket (Toronto, 1895).— Household of God : a parish history of St. Thomas’s Church, Toronto, D. A. Kent, édit. (Toronto, 1993).— Alan Metcalfe, Canada learns to play : the emergence of organized sport, 1807–1914 (Toronto, 1987).
Russell Field, « SAUNDERS, DYCE WILLCOCKS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/saunders_dyce_willcocks_15F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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