SANDERS (Saunders), JOHN, ministre de l’Église d’Angleterre et traducteur, né le 17 mars 1845 au fort Mattagami (Gogama, Ontario), fils de Valentine Sanders et de E. Leblanc ; vers 1870, il épousa Frances Swanson, et ils eurent plusieurs enfants ; décédé le 23 février 1902 à Biscotasing, Ontario.

Le père de John Sanders fabriquait des canots pour la Hudson’s Bay Company. Sa mère était autochtone, et dans son enfance, il parlait le sauteux, mais il apprit l’anglais et le cri par la suite. Quand il eut neuf ans, ses parents l’envoyèrent faire ses études à Moose Factory (Ontario), à plusieurs centaines de milles au nord du fort Mattagami. « Il me sembla que mon jeune cœur allait se briser », écrirait-il par la suite en se remémorant son départ. Il fréquentait l’école anglicane du révérend John Horden* et habitait dans la « douillette petite maison » de sa grand-mère. Cette vieille femme énergique et son petit-fils vivaient du produit de leur chasse et abattaient ensemble leur bois de chauffage. John consacrait tant de temps à ces activités que, au bout de deux années d’études, il savait à peine lire et encore moins écrire.

Vers 1857, John retourna dans sa famille, qui vivait alors à Flying Post (Kukatush), au nord-ouest du fort Mattagami. Quand il eut 14 ans, c’est-à-dire un an de moins que l’âge requis pour travailler à la Hudson’s Bay Company, son père demanda à John McKenzie, qui dirigeait alors Moose Factory, de faire une exception pour lui. John obtint la permission de commencer son apprentissage de tonnelier et resta à la compagnie jusqu’en 1870. Chaque fois qu’il le pouvait, il allait aux cours du soir de Horden pour améliorer sa lecture et son orthographe.

Horden, qui entendait bien promouvoir l’établissement d’un clergé autochtone dans la région de la baie James, prit Sanders sous son aile. Une fois que celui-ci eut quitté la compagnie, il l’envoya évangéliser les Sauteux de Flying Post et du fort Mattagami. Lorsque, en 1872, il s’embarqua pour Londres, où il allait être sacré premier évêque de Moosonee, il lui confia la mission de Moose Factory. Ensuite, comme son protégé s’était bien acquitté de sa tâche, il l’envoya étudier huit mois au St John’s College de Winnipeg. À son retour, Sanders continua de se préparer au sacerdoce. Il fut ordonné diacre en mai 1876 et prêtre en mai 1879 à Moose Factory.

Peu après son accession au diaconat, Sanders fut de nouveau envoyé au fort Mattagami, où il s’employa durant une dizaine d’années à établir une présence anglicane et un bastion anticatholique à la frontière sud du diocèse. Vers 1885, Sanders s’installa à Biscotasing, petite localité de bûcherons située au sud du fort Mattagami, à proximité du chemin de fer canadien du Pacifique. De là, jusqu’à sa mort 17 ans plus tard, il desservit une demi-douzaine de communautés, tant autochtones que blanches.

Sanders contribua beaucoup au travail missionnaire par ses traductions en sauteux. Pendant l’hiver de 1878–1879, lui-même et Horden traduisirent le recueil d’hymnes de Moosonee, l’office du matin et l’évangile selon saint Mathieu. Durant l’hiver de 1881–1882, il aida Horden à traduire les Actes des Apôtres. Par la suite, ils publièrent l’intégrale du Book of Common Prayer. Pour toutes ces publications, ils avaient adapté l’écriture syllabique mise au point par James Evans*.

Bien que certaines sources le décrivent comme un pasteur strict, John Sanders avait, à Biscotasing, la réputation d’être juste et amical. C’était un homme de petite taille dont la physionomie révélait les origines autochtones. Catholiques et protestants, blancs et autochtones assistèrent à ses obsèques en grand nombre, ce qui témoigne du respect qu’il inspirait.

Donald B. Smith

Divers détails sur la vie et le ministère de John Sanders ont été tirés de plusieurs entrevues que nous avons eues en 1972–1973, y compris des souvenirs personnels de Mary Charlotte (Lottie) Phillips (Sawyer), membre de la congrégation de Sanders vers 1900 (rencontrée à Biscotasing, Ontario, le 25 mars 1972), et de Tom Potts, Ojibwa âgé qui a connu Sanders quand il n’avait qu’une dizaine d’années, à Biscotasing, aussi vers 1900 (rencontré à North Bay, Ontario, le 10 févr. 1973). Des renseignements généalogiques ont été fournis par Charles Swanson, de Chapleau, Ontario, neveu de Sanders, et par David Soulière, de Missanabie, Ontario, petit-neveu, rencontrés tous deux le 3 juin 1973.  [d. b. s.]

Une liste complète des traductions de Horden et de Sanders figure dans Masinahikan : native language imprints in the archives and libraries of the Anglican Church of Canada, Karen Evans, compil. (Toronto, 1985).

AN, MG 17, B2, C, C.1/O, John Sanders, « My autobiography », reçue le 18 juill. 1876 (mfm).— Arch. privées, D. B. Smith (Calgary), lettre de J. [S.] Long, Moosonee, Ontario, 24 juill. 1984.— EEC, Diocese of Moosonee Arch. (Schumacher, Ontario), J. G. Anderson, diary ; Diocesan file, information on John Sanders.— T. C. B. Boon, The Anglican Church from the Bay to the Rockies : a history of the ecclesiastical province of Rupert’s Land and its dioceses from 1820 to 1950 (Toronto, 1962).— J. S. Long, « Shaganash : early Protestant missionaries and the adoption of Christianity by western James Bay Cree, 1840–1893 » (thèse de d.ed., Univ. of Toronto, 1986).— Monsonee and Keewatin Mailbag (Moosonee, Ontario), 2 (1901–1902) : 26–27 (lettre de John Sanders, écrite à Biscotasing, Ontario, le 24 juill. 1900), 131, 133 (copies aux ACC, Général Synod Arch., Toronto).

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Donald B. Smith, « SANDERS (Saunders), JOHN (1845-1902) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sanders_john_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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