RUTHERFORD, WILLIAM JOHN, éducateur et fonctionnaire, né le 7 janvier 1868 à Potsdam, New York, fils de John A. Rutherford et d’Esther Gray ; le 6 décembre 1904, il épousa dans le canton de Winchester, Ontario, Anna Christena Bow, et ils eurent deux filles et un fils ; décédé le 1er juin 1930 à Saskatoon, Saskatchewan.

En 1878, deux ans après la mort de sa mère, Canadienne d’origine, William John Rutherford quitta le nord de l’État de New York en compagnie de son père, Écossais de naissance, et du reste de sa famille, et s’installa dans une ferme du comté de Dundas, en Ontario. C’est là qu’il fit ses études primaires. Une fois diplômé de l’école supérieure de Morrisburg, il enseigna quelque temps puis s’inscrivit en 1901 à l’Ontario Agricultural College de Guelph [V. James Mills*]. Il y fut responsable de la résidence des pensionnaires et obtint en 1903 une licence d’agronomie. La même année, il accepta un poste de professeur de techniques d’élevage à l’Iowa State College of Agriculture and Mechanic Arts à Ames. En 1906, il devint professeur d’agriculture au Manitoba Agricultural College près de Winnipeg.

En novembre 1908, Rutherford fut nommé sous-commissaire de l’agriculture en Saskatchewan (il serait par la suite sous-ministre). À ce titre, il contribua beaucoup, l’année suivante, à l’organisation de la nouvelle University of Saskatchewan à Saskatoon. Son évaluation de la qualité des sols détermina le choix de l’emplacement du campus, qui comprenait plus de 1 000 acres de terre pour des fermes vouées à l’exploitation et à l’expérimentation. En août 1910, son ministre, William Richard Motherwell*, le libéra afin qu’il assume les fonctions de premier doyen du collège d’agriculture et de professeur de techniques d’élevage. Ses premières tâches dans l’organisation du collège consistèrent à définir le programme, à donner des avis sur les installations et l’équipement, à concevoir et à monter la ferme d’exploitation et à sélectionner des instructeurs supplémentaires. Il les choisit avec grand soin en veillant surtout à ce qu’ils aient de l’expérience pratique et une solide formation de premier cycle et à ce qu’ils aient fait des recherches au deuxième cycle. La moralité des candidats et leurs qualités de chef influèrent aussi sur son choix.

En outre, le doyen Rutherford prit en charge les services de formation agricole assurés jusque-là par le département provincial de l’Agriculture. Ces services visaient à faire connaître aux fermiers les dernières nouveautés en matière d’équipement et de techniques. Tout en approuvant l’utilisation de machinerie, Rutherford s’opposait à la tendance selon laquelle on délaissait de plus en plus les chevaux en faveur d’une mécanisation complète de l’agriculture. Outre les concours et démonstrations de labour, il supervisait le « Better Farming Train », université sur rails qui fit la tournée des régions rurales de la Saskatchewan tous les étés à la fin des années 1910 et au début des années 1920. Rutherford était particulièrement fier du cours pratique (sans diplôme) institué en 1914 à l’intention des jeunes désireux de faire carrière en agriculture. Lorsque John Walter Grant MacEwan*, futur membre du département de Rutherford, se rendit à l’Assemblée législative de la province à l’occasion d’une visite au Farm Boys’ Camp de la foire de Regina, il fut vivement impressionné par un discours prononcé par le doyen sur le thème suivant : « Le garçon croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes. » À l’université, rappelait aussi MacEwan, Rutherford « connaissait ses élèves et les accompagnait au rugby, au hockey, etc. ». Bien qu’il ait été d’allure fragile et soit resté handicapé par un accident subi dans l’enfance, il s’adonnait avec enthousiasme, à Saskatoon, au curling et au jeu de boules sur pelouse.

Rutherford entreprit aussi d’améliorer l’ensemble du cheptel de la Saskatchewan en important diverses races de moutons, de bovins et de chevaux, non seulement pour répondre aux besoins de l’université mais aussi pour mettre des femelles et des mâles reproducteurs de pure race à la disposition des éleveurs. Ce programme connut un franc succès. La province doit particulièrement à Rutherford d’avoir importé d’Écosse, à compter de 1920, des étalons et des juments clydesdales. Ces chevaux et bon nombre de leurs descendants remportèrent des prix à des expositions canadiennes et américaines (Rutherford lui-même fit partie du jury de grands concours hippiques internationaux, et l’on disait qu’il était un juge « sans peur »). Sa prédilection pour les clydesdales était telle que la Canadian Percheron Horse Breeders’ Association l’accusa en 1919 d’avoir des préjugés en leur faveur.

Rutherford est reconnu comme l’instigateur de la formation agricole en Saskatchewan. Selon le Western Producer, il « influa beaucoup sur les politiques de tout le dominion en matière d’enseignement de l’agriculture ». Des associations professionnelles sollicitaient ses avis d’expert. Il participa à un certain nombre de commissions d’enquête, dont trois en Saskatchewan – la commission sur la formation agricole et technique en 1912, la commission sur les conditions de l’exploitation agricole en 1920 et la commission sur les céréales en 1928 –, ainsi qu’à l’enquête fédérale de 1923 sur le commerce céréalier, qui porta notamment sur la Winnipeg Grain and Produce Exchange et qui, malgré son ampleur, donna peu de résultats.

En novembre 1929, William John Rutherford contracta une infection de la gorge. Après une série de rémissions et de rechutes, il obtint son congé de l’hôpital, mais une semaine plus tard, le 1er juin 1930, une hémorragie pulmonaire l’emporta. Ses obsèques eurent lieu le 5 en l’église presbytérienne Knox et il fut inhumé au Woodlawn Cemetery de Saskatoon. Sa veuve, ses enfants et l’université reçurent de multiples messages de condoléances, dont un bon nombre de la part de gens qui exprimaient de la gratitude envers le défunt. Le conseil d’administration de l’université, à la première assemblée qu’il tint après le décès de Rutherford, évoqua « sa grande sympathie pour les enfants de fermiers désireux de s’instruire ; sa connaissance et sa compréhension profondes des difficultés que les fermiers [avaient] eues à s’établir ; sa faculté de prévision et son aptitude à bien saisir les grandes questions relatives au transport, à la commercialisation et au financement du blé canadien à l’époque où [cette denrée] faisait son entrée sur les marchés mondiaux ; son amour des bêtes et sa passion pour l’élevage et l’amélioration du bétail ; et, par-dessus tout, son intégrité, son jugement, sa loyauté et son vif intérêt pour tout ce qui touchait au bien-être de ses concitoyens ». Son fils, John Bow, ferait une belle carrière au Bureau fédéral de la statistique et aux Nations Unies. En 1972, William John Rutherford serait admis à titre posthume au Saskatchewan Hall of Fame.

Stanley D. Hanson

AO, RG 80-5-0-329, nº 17904.— Saskatchewan Arch. Board (Saskatoon), Clippings files, Biogs.— Univ. of Sask. Arch. (Saskatoon), 2001.1 (president’s office fonds), file B.99 ; RG M-1 (board of governors minutes), 14 juin 1930.— Leader-Post (Regina), 2 juin 1930.— Saskatoon Star-Phoenix, 2, 5 juin 1930.— Western Producer (Saskatoon), 13 févr. 1930.— Canadian annual rev.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Canadian who’s who, 1948.— John Hawkes, The story of Saskatchewan and its people (3 vol., Chicago, 1924).— Michael Hayden, Seeking a balance : the University of Saskatchewan, 1907–1982 (Vancouver, 1983).— A. [G.] Levine, The Exchange : 100 years of trading grain in Winnipeg (Winnipeg, 1987).— [J.] G. MacEwan, Heavy horses : highlights of their history (Saskatoon, 1986) ; The sodbusters (Toronto, [1948]).— A. S. Morton, Saskatchewan : the making of a university (Toronto, 1959).

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Stanley D. Hanson, « RUTHERFORD, WILLIAM JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/rutherford_william_john_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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