RUSSELL, ANDREW, arpenteur et fonctionnaire, né le 29 juin 1804 à Glasgow, Écosse, fils d’Alexander Russell et de Janet (Jeanette) Jamieson ; le 16 mai 1834, il épousa Lucy Chandler Lord, et ils eurent trois fils, dont deux devinrent arpenteurs, et quatre filles ; décédé le 24 février 1888 à Toronto et inhumé à Ottawa.

Andrew Russell fit ses études à Glasgow avant de venir au Canada avec ses parents, sa sœur et son frère, Alexander Jamieson Russell, en mai 1822. La famille s’établit dans le canton de Leeds, comté de Mégantic, au Bas-Canada. En juin 1829, Russell fut nommé surintendant des routes et de la colonisation dans les terres de la couronne du comté. Il reçut une commission d’arpenteur pour le Bas-Canada en août 1830, et, le 14 mai de l’année suivante, il devint commissaire du recensement pour le comté de Mégantic ; il y dirigea le recensement de cette année-là.

En novembre 1839, on engagea Russell comme dessinateur au bureau de l’arpenteur général du Bas Canada. Après l’entrée en vigueur de l’Acte d’Union, en février 1841, il devint arpenteur et dessinateur au département de l’arpenteur général puis, en 1842, arpenteur en chef et dessinateur au Service d’arpentage, division du Haut-Canada, du département des Terres de la couronne. À cette époque, de vastes régions du Haut-Canada s’ouvraient à la colonisation, et l’arpenteur en chef occupait un poste important ; il était chargé de la préparation des cartes géographiques de la province, dirigeait l’arpentage des terres publiques, donnait des instructions aux arpenteurs, inspectait leur travail et en rendait compte, de même qu’il conservait leurs plans et rapports. À titre de directeur du Service d’arpentage, il examinait aussi les aspirants arpenteurs.

Sous la conduite de Russell, le système d’arpentage dans le Haut-Canada connut des améliorations. Avant l’Union, on utilisait le compas ; il établit un système basé sur des observations astronomiques et, pendant son mandat, le théodolite à boussole remplaça le compas pour déterminer les angles. On fit des expériences sur la façon de morceler les cantons ; on arpenta les territoires situés le long de la rive nord du lac Huron selon une méthode employée aux États-Unis : on créa des cantons de 36 milles carrés, divisés en 36 sections d’un mille carré, et ces dernières furent subdivisées en quatre sections.

Russell devint commissaire adjoint des Terres de la couronne en juillet 1857. Le département comprenait plusieurs services assumant un grand nombre de responsabilités : l’arpentage, les revendications de terrains, les biens des jésuites, les terres de la couronne et la seigneurie de Lauson au Bas-Canada, la comptabilité, le bois et les forêts, les pêcheries, les terres de l’intendance militaire, les routes de colonisation au Haut-Canada et les terres des Indiens. Bien que Russell semble avoir exercé directement son autorité seulement dans les affaires du département dont le commissaire ne voulait pas se mêler, il fut entraîné dans un mouvement visant au raffermissement de l’autorité à l’intérieur du bureau central, mouvement qui se butait à l’opposition des agents locaux qui pressentaient des licenciements dans leurs rangs. En 1862, Russell témoigna devant une commission royale d’enquête sur les fonctionnaires du département et il parla d’un manque de « partage méthodique du travail et de la responsabilité ». Néanmoins, une étude récente démontre « qu’il y eut toujours quelques points faibles jusqu’en 1867 dans ce département compliqué ». Après la Confédération, au moment de la réorganisation du département des Terres de la couronne et de sa division selon les provinces, Russell assuma la fonction de commissaire adjoint pour l’Ontario. Soudainement, le 20 août 1869, le commissaire Stephen Richards lui demanda de démissionner. Richards remplaça immédiatement Russell par un de ses amis, Thomas Hall Johnson ; il ne donna aucune explication de ce congédiement et ne porta aucune accusation d’incompétence ou d’écarts de conduite contre Russell. Ce dernier fut nommé représentant sur place pour la vente des terres publiques dans le comté de Wellington, poste qui se trouvait vacant à ce moment-là.

Russell déménagea immédiatement de Toronto à Elora, mais sans l’intention d’y demeurer. En septembre 1869, il demanda un emploi au département des terres dans le Nord-Ouest. En 1870, il partit pour Ottawa où il « participa au travail topographique » en rapport avec le recensement canadien de 1871. En mars 1874, il joignit le nouveau département de l’Intérieur à titre de commis principal dans le Bureau des terres de la Puissance. Au mois de mai de l’année suivante, un bureau d’examinateurs, composé de l’arpenteur général du Canada et de huit autres arpenteurs, fut chargé d’étudier les demandes des personnes qui sollicitaient des commissions d’arpenteur adjoint pour les terres du dominion ; Russell se vit nommer membre de ce bureau la même année et y demeura jusqu’en janvier 1885. Il quitta le département de l’Intérieur le 31 décembre 1883. À cette occasion, le sous-ministre du département déclara : « à lui peut-être plus qu’à tout autre homme, vivant ou décédé, nous devons la perfection qui a été atteinte dans notre système d’arpentage public ».

Russell fit longtemps partie du Canadian Institute, notamment à titre de membre du conseil en 1858–1859 et en 1867–1868, et de premier vice-président en 1869–1870. On le nomma membre honoraire de l’Association of Dominion Land Surveyors à la première réunion de février 1884. Au mois de mars suivant, il reçut la visite de quelques-uns de ses membres influents et on lui présenta une adresse de félicitations ornée d’enluminures et exprimant l’estime qu’on lui portait pour son « haut degré de moralité, [son] intégrité et [sa] réputation sans tache », et pour la contribution importante qu’il avait apportée au développement de la profession d’arpenteur. « Nous pouvons, à bon droit, vous décerner le titre de père de l’arpentage astronomique au Canada, mentionnaient-ils, et nous sommes fiers d’un ancêtre aussi éminent. »

Margaret Coleman

APC, RG 68, 107 : f.315 ; 108 : f.424.— Canada, Parl., Sessional papers, 1875–1886 (rapports annuels du dép. de l’Intérieur, 1874–1885) ; prov. du, Assemblée législative, App. to the journals, 1846, III, app.E.E. ; 1854–1855, X, app.M.M. ; 1857–1859 (rapports du commissaire des Terres de la couronne, 1856–1858) ; Parl., Sessional papers, 1860–1866 (rapports du commissaire des Terres de la couronne, 1859–1865) ; févr.–mai 1863, IV, no 11.— Globe, 21, 25, 31 août 1869, 25 févr. 1888.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), I.— Hodgetts, Pioneer public service.— R. S. Lambert et Paul Pross, Renewing nature’s wealth ; a centennial history of the public management of lands, forests & wildlife in Ontario, 1763–1967 ([Toronto], 1967).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Margaret Coleman, « RUSSELL, ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/russell_andrew_11F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:

Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/russell_andrew_11F.html
Auteur de l'article:    Margaret Coleman
Titre de l'article:    RUSSELL, ANDREW
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    1 décembre 2024