ROTTOT, JEAN-PHILIPPE, médecin, professeur, rédacteur en chef et homme politique, né le 3 juillet 1825 à L’Assomption, Bas-Canada, fils de Pierre Rottot, négociant, et de Marie-Marguerite (Mary) Short ; le 28 mai 1849, il épousa à Saint-Hyacinthe, Bas-Canada, Sara O’Leary, fille du docteur James O’Leary, et ils eurent trois enfants, puis en 1879, Aglaé Benoît, veuve du notaire Napoléon Migneault, et de ce mariage ne naquit aucun enfant ; décédé le 28 septembre 1910 à Montréal.

Le grand-père de Jean-Philippe Rottot, Pierre Rottot, avait été capitaine des Voltigeurs canadiens et il avait connu la mort à la bataille de Saint-Régis en 1812. La même année, son père avait été nommé lieutenant des Chasseurs canadiens et, à ce titre, avait aussi pris part à divers combats entre les troupes britanniques et américaines.

De 1836 à 1843, Jean-Philippe Rottot fit ses études classiques au petit séminaire de Montréal. Il étudia ensuite la médecine à l’école de médecine et de chirurgie de Montréal et fut autorisé à exercer le 16 novembre 1847. Médecin en demande, il s’engagea aussi à fond dans le développement de la profession en milieu francophone dans la province de Québec. Son beau-frère et confrère, Emmanuel-Persillier Benoît, disait de lui qu’il fut, « parmi les canadiens-français, le premier médecin de son temps ». Il exerça pendant 63 ans, d’abord à Saint-Césaire, puis à Saint-Hyacinthe et finalement à Montréal, où il fut médecin du séminaire de Saint-Sulpice et de la maison mère des Sœurs de la charité de l’Hôpital Général de Montréal. En 1860, on le nomma médecin de l’Hôtel-Dieu de Montréal. En 1881, il fit partie des fondateurs de l’hôpital Notre-Dame dont il devint l’un des administrateurs et le médecin en chef.

À l’école de médecine et de chirurgie où il fut nommé professeur en 1859, Rottot enseigna la botanique, la toxicologie, la jurisprudence médicale et la pathologie interne. Il collabora alors avec ses collègues de l’école à la préparation du Traité élémentaire de matière médicale et Guide pratique des Sœurs de la charité de l’asile de la Providence qui parut en 1869. Dans le conflit qui opposa l’école de médecine et de chirurgie de Montréal et l’université Laval, comme Rome ne jugeait pas à propos de fonder une deuxième université catholique dans la province, Rottot fut l’un de ceux qui, en 1878, choisirent de quitter l’école pour aller enseigner à la succursale de l’université Laval, à Montréal. Nommé doyen de la faculté de médecine de l’établissement la même année, il y fut aussi professeur de pathologie interne et de clinique médicale. Au moment de la fusion des deux établissements, en 1891, c’est lui que ses collègues désignèrent comme doyen de la nouvelle faculté.

En 1871, Rottot compta au nombre des membres fondateurs de la Société médicale de Montréal. Cette année-là, afin de combler une lacune dans la médecine canadienne-française, il prit l’initiative, avec les docteurs Adolphe Dagenais et Louis-J.-P. Desrosiers, de fonder une revue, l’Union médicale du Canada, qui commença à paraître en janvier 1872. Afin d’en assurer le succès, il incita 24 de ses confrères à souscrire « une somme suffisante pour assurer la publication du journal durant trois ans ». Il fut, entre 1872 et 1874, le premier rédacteur en chef de cette revue qui est encore publiée aujourd’hui.

Rottot était présent à Québec, les 9 et 10 octobre 1867, au congrès de fondation de la Canadian Medical Association. L’année suivante, on le nomma président du comité des vérificateurs de cette association. Cette année-là, il s’opposa avec force au projet du docteur George Edgeworth Fenwick*, professeur au McGill College et corédacteur en chef du Canada Medical Journal and Monthly Record of Medical and Surgical Science de Montréal, de mettre sur pied un organisme pancanadien de contrôle de la formation médicale. Rottot affirmait que les francophones seraient minoritaires au sein de cet organisme et que, selon la constitution canadienne, l’éducation était de compétence provinciale. En fait, il s’éleva toujours contre les tentatives visant à mettre l’enseignement médical sous l’autorité du gouvernement fédéral. L’histoire de Rottot est également liée à celle du Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec, dont il assuma la présidence de 1877 à 1880. Il fut un ardent défenseur de l’autorité du collège face aux universités, notamment à propos de l’admission aux études et de l’attribution du droit d’exercice.

Rottot se méfiait des nouvelles théories médicales de son temps, se plaignant qu’elles changeaient trop souvent. C’est ainsi qu’il ne crut pas aux microbes. Sa règle en médecine était de ne pas contrecarrer les efforts de la nature.

Rottot était également apprécié en dehors des milieux médicaux. En 1856, on l’élut, sans opposition, conseiller municipal de Montréal et il le demeura en 1857 et en 1858. En 1874, il fut l’un des fondateurs du Club Saint-Denis, qui devint le rendez-vous des notables francophones de Montréal. Il en fut le président de 1874 à 1875. Les premières réunions eurent lieu dans sa maison, à l’angle des rues Sainte-Catherine et Berry. En 1877, l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal le choisit à titre de président. Les journaux rapportent qu’une foule considérable assista à ses obsèques qui eurent lieu à la cathédrale Saint-Jacques, à Montréal.

Jean-Philippe Rottot fut donc mêlé à plusieurs volets importants de l’histoire médicale de son époque. Ses biographes le présentent comme un homme grand, énergique et fervent croyant, dont le dévouement à son travail et à ses malades faisait l’admiration de ses confrères.

Jacques Bernier

Jean-Philippe Rottot est l’auteur de : « Discours prononcé par M. le Dr J.-P. Rottot, le 1er octobre, 1879, à l’ouverture des cours de l’université Laval à Montréal », l’Union médicale, 8 (1879) : 433–442 ; « la Science médicale à Montréal depuis 50 ans jusqu’à nos jours », la Rev. médicale de Montréal, 6 (1902) : 342–347.

AC, Montréal, État civil, Catholiques, Cimetière Notre-Dame-des-Neiges (Montréal), 1er oct. 1910.— ANQ-M, CE2-5, 28 mai 1849.— AP, L’Assomption-de-la-Sainte-Vierge (L’Assomption, Québec), RBMS, 4 juill. 1825.— La Patrie, 28 sept., 1er oct. 1910.— E.-P. Benoît, « Jean-Philippe Rottot, 1825–1910 », l’Union médicale, 39 (1910) : 621–626.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth).— Albert LeSage, « les Débuts de l’Union médicale durant l’année 1872 : le Dr Rottot », l’Union médicale, 61 (1932) : 80–94 ; « le Décanat à la faculté de médecine de l’université de Montréal », l’Union médicale, 68 (1939) : 166–178 ; « 75e anniversaire de la fondation de « l’Union médicale du Canada », 1872–1947 », l’Union médicale, 75 (1946) : 1265–1268.— L.-D. Mignault, « Histoire de l’école de médecine et de chirurgie de Montréal », l’Union médicale, 55 (1926) : 444–450, 511–514, 536–542, 597–674.— Univ. Laval, Annuaire, 1879–1891.

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Jacques Bernier, « ROTTOT, JEAN-PHILIPPE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/rottot_jean_philippe_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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