Titre original :  Photograph Philip S. Ross and Master James Ross, Montreal, QC, 1865 William Notman (1826-1891) 1865, 19th century Silver salts on paper - Albumen process 8.5 x 5.6 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. I-15630.1 © McCord Museum Keywords:  family (800) , Photograph (77678) , portrait (53878)

Provenance : Lien

ROSS, PHILIP SIMPSON, comptable, homme d’affaires et fonctionnaire, né en août 1827 à Belfast ; en 1856, il épousa à Portland, Maine, Christina Chalmers Dansken, et ils eurent cinq fils et trois filles ; décédé le 1er février 1907 à Montréal.

Philip Simpson Ross se plaisait à rappeler ses origines écossaises. Au moment de sa naissance, ses parents vivaient à Belfast, où son père, Écossais en service dans l’armée britannique, était en poste. « Je déclare, insisterait-il plus tard, que nonobstant l’accident que fut ma naissance en Irlande je suis un Écossais. » Ayant fait ses études à Glasgow, il trouva un emploi de teneur de livres à la Monkland Iron and Steel Company avant d’émigrer en 1851. Il finit par s’établir à Montréal, où il fut engagé comme comptable à la Montréal Marine Works, le chantier naval d’Augustin Cantin*.

Homme direct et terre-à-terre, Ross avait devant la vie une attitude pragmatique qui se manifesterait même dans sa demande en mariage. Selon ce que raconterait sa famille, il avait fait parvenir les noms de trois jeunes femmes à son ancien ministre en Écosse et l’avait prié de transmettre sa demande en mariage, soulignant qu’il n’avait de préférence pour aucune d’elles. Christina Chalmers Dansken accepta de devenir sa femme, et il l’épousa moins d’une heure après qu’elle soit débarquée à Portland. En 1858, Ross quitta la Montreal Marine Works pour ouvrir son propre bureau de comptable sur la rue des Sœurs-Grises, près du fleuve. Mais au milieu du xixe siècle, peu d’entreprises avaient recours à des comptables indépendants ; la plupart étaient des propriétés exclusives ou des sociétés de personnes, qui avaient rarement à rendre compte à des actionnaires, et aucune n’était obligée de remplir de déclaration d’impôt. Elles confiaient la tenue des livres à un des membres de leur personnel, gardaient leurs comptes secrets, et n’avaient vraiment ni le besoin ni le goût de s’adresser à des gens de l’extérieur. Ross s’annonça donc non seulement comme comptable, mais aussi comme marchand commissionnaire et agent de douanes.

Peu après avoir ouvert son bureau, Ross se rendit compte qu’il aurait besoin de revenus supplémentaires. Vers 1860, il s’associa à son frère James pour fonder la P. S. Ross and Brother, fournisseur de navires, qui s’installa à la même adresse. Mais là encore, il connut des difficultés. En 1863, la malhonnêteté d’un associé anonyme lui valut 30 000 $ de dettes. Ross réussit cependant à s’entendre avec ses créanciers et put reprendre ses activités de fournisseur. En 1872, un autre de ses frères, William, s’associa à l’entreprise.

En 1875, la mise en application par le gouvernement canadien de l’Acte concernant la faillite fournit à Ross la chance de donner de l’expansion à son bureau de comptable. Cette loi prévoyait la nomination de « syndics officiels » chargés d’administrer les biens des entreprises insolvables. Ross était impatient d’être nommé – si impatient, en fait, qu’il fut parmi les premiers syndics officiels. Cette nomination lui permit de cesser ses activités de fournisseur de navires vers 1879 ou 1880 et de se consacrer entièrement à la comptabilité et aux fonctions de son poste. Elle l’aida aussi, peut-être, à regagner l’argent qu’il avait perdu pendant la crise économique du milieu des années 1870 : les mauvais placements immobiliers qu’il avait faits dans Saint-Henri (Montréal) pendant cette période l’avaient mené une fois encore au bord de la faillite.

C’est pendant la carrière de Ross que se formèrent les premières grandes compagnies par actions. Ross eut donc la possibilité de devenir comptable pour plusieurs d’entre elles, et ce, dès leurs débuts. Certaines de ces compagnies, dont la Compagnie d’assurance mutuelle sur la vie, de Montréal, dite du Soleil, et la Compagnie canadienne de téléphone Bell, se classèrent bientôt parmi les plus grandes sociétés du pays, et le bureau de Ross prit son essor avec elles jusqu’à devenir l’un des plus importants du Canada. Au début, Ross put s’occuper lui-même de la vérification de leurs comptes. Par la suite, trois de ses fils s’associèrent à lui pour former la P. S. Ross and Sons ; il leur confia la direction de cette firme en 1890, mais continua néanmoins à s’y intéresser jusqu’à sa mort. La P. S. Ross and Sons conserva ce nom jusqu’à sa fusion en 1958 avec la George A. Touche and Company, puis devint bientôt la Touche Ross and Company, l’une des plus grosses entreprises comptables du Canada.

Ross devait également jouer un rôle important dans le développement de la profession de comptable. Quand il avait ouvert son premier bureau en 1858, n’importe qui pouvait prétendre à ce titre ; il n’y avait ni organisation de comptables, ni critère d’admissibilité, ni règle d’éthique. Ross travailla donc avec son ami James Court pour mettre un peu d’ordre dans la profession. Le 11 juin 1879, les deux hommes rassemblèrent 11 autres comptables pour former une association. Le groupe obtint le 24 juillet 1880 une charte provinciale constituant l’Association des comptables de Montréal, première organisation de comptables agréés en Amérique du Nord. Seuls les membres de cette association avaient le droit d’utiliser les mots « comptable agréé » après leur nom.

Court, qui était l’aîné de Ross, fut élu président de l’association et Ross en devint vice-président. À la mort de Court trois ans plus tard, Ross lui succéda à la présidence, et y demeura durant 13 ans (ce fut la plus longue présidence que l’association ait connue). C’est donc lui qui guida, durant ses années de formation, cette organisation qui recruterait au fil des ans ses membres dans toute la province et deviendrait en 1978, après plusieurs changements de nom, l’Ordre des comptables agréés du Québec.

Ross fut aussi actif dans plusieurs entreprises commerciales et sociales. Secrétaire de la Canada Iron Mining Company, de la Canada Insurance Union et de la Windsor Hotel Company, il fut membre du Bureau de commerce de Montréal et trésorier de la Société d’histoire naturelle de Montréal.

L’importance que Ross accordait à la définition de normes rigoureuses d’éthique pour l’exercice de sa profession révèle ses propres convictions religieuses. Actif dans l’Église presbytérienne, il travailla bénévolement comme vérificateur du bureau d’administration des biens temporels de l’Église presbytérienne au Canada. Durant 30 ans, il fut également vérificateur bénévole du fonds constitué par l’Église pour les veuves et les orphelins de ses ministres. Membre fondateur de l’Institut maritime de Montréal en 1862 [V. Andrew Allan], il en fut secrétaire pendant bien des années. Quand l’institut, créé pour éloigner les marins des tentations du port, se trouva près de fermer ses portes à cause du déficit accumulé, Ross, qui était loin d’être riche à l’époque, remboursa les dettes lui-même.

Jaloux de sa vie privée, Ross détestait la publicité, et on l’entendait souvent dire : « Je remercie Dieu de ne m’avoir jamais donné le goût de me mêler de politique et de cette sale affaire. » Quand il mourut à l’âge de 79 ans, le Montreal Daily Herald écrivit que cet homme, qui préférait vivre dans la quiétude de son foyer, avait néanmoins toujours donné « promptement et largement de son temps, de son énergie et de son argent à toute bonne œuvre qui se présentait dans l’intérêt de l’Église, de la charité ou de l’éducation ».

La place de Philip Simpson Ross dans l’histoire tient non seulement au fait qu’il a fondé l’une des principales entreprises comptables du pays, mais aussi au rôle prépondérant qu’il a joué pour que la profession de comptable prenne sa place parmi les professions reconnues au Canada.

Edgar Andrew Collard

Arch. de Samson Bélair / Deloitte & Touche (Montréal), Dossiers P. S. Ross and Sons ; Procès-verbaux ; G. M. Smith, « The annals of Touche Ross » (texte dactylographié, s.d.).— Compagnie du cimetière du Mont-Royal (Outremont, Québec), Burial reg.— Montreal Daily Herald, 4 févr. 1907.— Annuaire, Montréal, 1852–1907.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— E. A. Collard, First in North America : one hundred years in the life of the Ordre des comptables agréés du Québec (Montréal, 1980) ; Stories about 125 years at Touche Ross ([Toronto], 1983).

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Edgar Andrew Collard, « ROSS, PHILIP SIMPSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ross_philip_simpson_13F.html.

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Auteur de l'article:    Edgar Andrew Collard
Titre de l'article:    ROSS, PHILIP SIMPSON
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    28 novembre 2024