ROBINSON, HEZEKIAH, homme d’affaires, juge de paix et fonctionnaire, né le 12 juin 1791 à Newfane, Vermont, fils de Jonathan Robinson et de Sarah Taylor ; décédé le 7 février 1851 à Waterloo, Bas-Canada.

Issu d’une famille américaine de religion congrégationaliste, Hezekiah Robinson fit des études au collège de Newfane. À l’âge de 18 ans, il travaillait comme cardeur et manufacturier de « hardes faites » l’été et comme instituteur l’hiver. Le 30 juin 1817, il épousa Selucia Knowlton, fille aînée de Luke Knowlton, juge suppléant du comté de Windham, et de ce mariage naquirent neuf enfants. En mai 1821, il immigra dans le canton de Stukely, dans le Bas-Canada ; il venait dans le sillage de son beau-père qui s’y était établi avec sa famille au moment de l’ouverture des Cantons-de-l’Est aux loyalistes.

Dès son arrivée dans le canton de Stukely, Robinson, qui exerçait maintenant le métier de marchand, acheta des terres et ouvrit un moulin à carder. Mais s’étant rendu compte que le canton voisin de Shefford, alimenté par la Yamaska et le lac Waterloo, offrirait de plus grands avantages à son commerce, il acheta, en octobre de la même année, de Lazard Létourneau le lot 21 du rang 4 où s’élevaient une maison de bois, un moulin à farine et une scierie. Il construisit sur ce lot un moulin à carder et répara les autres moulins qui recommencèrent à fonctionner le 1er juin 1823.

Au cours des années suivantes, Robinson élargit son activité commerciale et devint prospère. En 1829, il ouvrit un magasin général, connu sous le nom d’Old Stone Store. Un an plus tard, il bâtit, à côté de son magasin, une maison et une nouvelle scierie. Cependant, Robinson manquait d’argent pour exécuter les travaux de réparation qu’il voulait encore apporter à ses moulins. En 1832, il s’associa avec les dénommés Peasley et Copp, hommes d’affaires de Georgeville, qui lui fournirent des capitaux lui permettant de faire les améliorations désirées. Le vieux moulin à farine fut réparé et répondit aux besoins des habitants de l’endroit jusqu’en 1835, année où on érigea un nouveau moulin. Robinson construisit aussi à cette époque une fabrique de perlasse.

L’honnêteté à toute épreuve de Robinson commandait le respect et la confiance des habitants du comté de Shefford et lui valut d’être nommé à plusieurs reprises à des fonctions importantes. Ainsi, en 1830, l’administrateur du Bas-Canada, sir James Kempt, le nomma juge de paix du district de Montréal, poste qui lui fut renouvelé en 1837 et 1838. Six ans plus tard, un de ses successeurs, lord Gosford [Acheson*], le choisit comme premier titulaire de la charge de maître de poste du comté de Shefford. Lors de la rébellion de 1837–1838, Robinson fit preuve d’une loyauté incontestable envers les autorités.

En 1841, la société Peasley, Copp and Robinson fut dissoute. L’année suivante, Robinson s’associa avec son fils, Jonathan, et son gendre, Roswell Albert Ellis, pour former la société Robinson, Ellis and Company, cédant à ses associés la moitié de ses biens productifs évalués alors à £902 15 shillings. En 1847, il céda un nouveau tiers de ses biens afin de donner à ses associés une part égale à la sienne. Trois ans plus tard, à la veille de sa mort, un autre de ses fils, Hezekiah Luke, acheta la part d’Ellis, de sorte que les Robinson purent former la nouvelle société Robinson and Sons.

Durant les années 1840, Robinson pratiqua également la spéculation foncière. Il acheta des terres dans le canton de Shefford, dont un morceau sur lequel s’élèvera plus tard la principale partie de Waterloo. Il vendit plusieurs terres à prix élevé à des rentiers, à des artisans ou à d’anciens fermiers qui désiraient s’installer dans le nouveau village. Il vendit par ailleurs celles qu’il possédait dans le canton de Stukely. Il semble que Robinson se soit enrichi de ses transactions, comme en témoignent les quelque 35 contrats qu’il passa entre 1843 et 1850. Toutefois, Robinson ne fit pas que se livrer à la spéculation. Il donna pour fin de charité ou de bien public 17 acres de terre à l’Église d’Angleterre à laquelle il avait adhéré peu après son arrivée au Bas-Canada. C’est sur ce terrain que fut érigée en 1843 l’église anglicane de Waterloo, et Robinson y souscrivit plus que quiconque.

Hezekiah Robinson mourut à Waterloo le 7 février 1851. Il occupait alors la charge de juge de paix et était le premier magistrat de la région. Il laissait dans le deuil sa femme et ses neuf enfants, dont Jonathan et Hezekiah Luke qui prirent en main son commerce et continuèrent à faire des affaires dans le comté de Shefford et les environs. Tout en s’étant enrichi de la spéculation des terres, Robinson avait largement contribué au développement du sud-ouest des Cantons-de-l’Est.

Andrée Désilets

ANQ-E, CE2-42, 12 févr. 1851.— APC, RG 68, General index, 1651–1841 : 369.— BE, Shefford (Waterloo), Reg. B, 1, -8, -10.— Brome County Hist. Soc. Arch. (Knowlton, Québec), 1, Samuel Willard papers, corr. ; 8, Miscellaneous family papers.— Vt., Public Records Division (Montpelier), Newfane Congregational Church, Reg. of marriages, 30 juin 1817.— Vt. Hist. Soc. (Montpelier), Newfane Congregational Church, Reg. of baptisms, 12 juin 1791.— British Colonist and St. Francis Gazette (Stanstead, Québec), 1821–1831.— Le Canadien, nov., déc. 1834.— La Gazette de Québec, 1764–1823, nov., déc. 1834.— La Minerve, nov., déc. 1834.— Missiskoui Standard (Frelighsburh, Québec), 1835–1839.— Montreal Gazette, 1823, déc. 1831–mars 1833, nov., déc. 1834, 1851.— Quebec Mercury, nov., déc. 1834.— St. Francis Telegraph (Sherbrooke, Québec), 12 nov. 1851.— Sherbrooke Gazette and Eastern Townships Advertiser, 18321851.Stanstead Journal (Rock Island, Québec), 18511852.— J. P. Noyes, Sketches of some early Shefford pioneers ([Montréal], 1905), 113–115, 125.— Centennial proceedings and other historical facts and incidents relating to Newfane, the county seat of Windham County, Vermont (Brattleboro, Vt., 1877), 74, 77–79.— Roberpierre Monnier, Naissance et Évolution architecturale et urbaine de Waterloo de 1650 à 1900 dans son contexte : l’Estrie (Québec, 1979).— Cyrus Thomas, Histoire de Shefford, Ovila Fournier, trad. (Île-Perrot, Québec, 1973), 31–35 ; The history of Shefford, civil, ecclesiastical, biographical and statistical (Montréal, 1877), 43–50.— Fernand Bélanger, « Old Stone Store » : la bâtisse incendiée de Waterloo aurait eu 150 ans », la Voix de l’Est (Granby, Québec), 5 mai 1978 : 1, 5 ; « Un autre incendie majeur frappe la ville de Waterloo », 29 avril 1978 : 1.— Richard Danis, « Waterloo voudra-t-elle préserver l’historique Old Stone Store ? », la Voix de l’Est, 7 août 1978 : 2.

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Andrée Désilets, « ROBINSON, HEZEKIAH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robinson_hezekiah_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    28 novembre 2024