ROBERTSON, JOHN, homme d’affaires et homme politique, né dans le Perthshire, en Écosse, en 1799, décédé à Lawford Place, Mannington, Essex, en Angleterre, le 3 août 1876.

Avant d’émigrer à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, en 1817, John Robertson avait épousé Sophia Dobie, originaire du Lancashire, dont il eut six enfants. John débuta comme commis à Saint-Jean dans la firme de son oncle, Robert Robertson, et devint plus tard subrécargue pour le compte de Thomas Millidge*, sur les navires marchands allant de Saint-Jean à Terre-Neuve et jusqu’aux Antilles. Lorsque Millidge se retira, Robertson s’associa avec Angus M’Kenzie, pour former la compagnie M’Kenzie and Robertson qui poursuivit les mêmes opérations. Robertson forma d’autres associations avec une ou deux autres personnes et, vers le milieu du siècle, il était devenu un entrepreneur indépendant, à la tête de plusieurs entreprises, non seulement à Saint-Jean mais dans toute la province et à l’étranger.

Dès le début de sa carrière, Robertson se soucia de voir prospérer Saint-Jean et la province du Nouveau-Brunswick. En 1832, il se présenta sans succès aux élections législatives du Nouveau-Brunswick. Il fut nommé maire de Saint-Jean, en 1836. De 1837 à 1867, il fut l’un des principaux porte-parole de cette ville au Conseil législatif du Nouveau-Brunswick ; en même temps, il était magistrat de la ville de Saint-Jean. Il participa activement aux travaux de la Chambre de commerce, souvent en qualité de président et de membre du conseil. Il donna son appui à une foule de projets comme la construction d’un pont dans le port en 1835 et d’un chemin de fer reliant Saint-Jean à Shédiac. En 1859, il était membre d’une commission qui recommanda le transfert de la capitale provinciale de Fredericton à Saint-Jean. La même année, il critiqua sévèrement le gouvernement qui avait supprimé le dragage du port en hiver.

Pendant ce temps, ses affaires étaient florissantes. L’une de ses entreprises les plus typiques était une scierie située à Saint-Jean et considérée comme « l’une des plus complètes du continent ». Elle fut détruite le 5 mai 1852 au cours d’un incendie spectaculaire. Robertson participait également à des transactions commerciales de grande envergure et il avait des intérêts dans le commerce du bois, dans la construction navale, dans les approvisionnements maritimes, dans les opérations bancaires, dans les compagnies d’assurance et d’investissements et dans les chemins de fer. Il fut président de la Victoria Coal Mining Company, administrateur de la Maritime Bank of the Dominion of Canada, gérant local de la Bank of British North America et administrateur de l’European and North American Railway Company. Il fut aussi, pour le Nouveau-Brunswick, administrateur honoraire de la compagnie du télégraphe de l’Atlantique, formée en 1858. Il soutint cette entreprise parce qu’il ne voulait pas que la ligne passât en dehors du Nouveau-Brunswick, ce qui « serait, écrivit-il, extrêmement dommage ». À cause des relations qu’il avait à l’étranger, il fut nommé consul de l’Uruguay et de l’Argentine à Saint-Jean.

Robertson fut aussi membre actif de la milice du Nouveau-Brunswick. Il servit dans plusieurs régiments et parvint au grade de lieutenant-colonel dans le Saint John City Light Infantry. Lorsque, à la suite de l’affaire du Trent, l’Angleterre fit des préparatifs pour envoyer des troupes au Canada, il se trouvait à Londres, où il fit valoir aux autorités les avantages qu’il y aurait à utiliser Saint-Jean comme port de débarquement sur la côte est. La présence de la milice du Nouveau-Brunswick n’était pas le moindre de ces avantages et la facilité avec laquelle les troupes britanniques traversèrent le Nouveau-Brunswick pour se rendre à Québec fut en grande partie le résultat d’une préparation et d’une coordination minutieuses effectuées par l’administration locale. On peut avoir une idée de l’estime dont jouissait Robertson par l’appui qu’il reçut des officiers et des soldats en 1863, ce qui lui valut une promotion de préférence à un officier possédant de plus longs états de service.

Au Nouveau-Brunswick, on se faisait de Robertson l’image d’un Écossais compétent et infatigable, qui pratiquait la plus grande hospitalité tout en sachant garder son indépendance, comme il convient à ce type d’homme. Le caractère de Robertson paraît dans une lettre qu’il écrivit à Samuel Leonard Tilley* : « La saisie de la propriété d’un individu saris son consentement ou contre sa volonté, est une violation de ses droits. » C’était là une prise de position ferme sur la façon d’agir du gouvernement qui avait recours à l’expropriation lors de la construction des chemins de fer. Il voyait pourtant la nécessité pour le gouvernement d’établir des règlements, spécialement concernant « les banques et les autres sociétés, afin de connaître la véritable nature de ces institutions ». À certains égards, il manifestait le paternalisme d’un chef de clan écossais, tant par l’hospitalité qu’il offrait à ses invités que par l’intérêt réel qu’il portait à l’opprimé. En 1862, il prit la tête d’une campagne de souscription en faveur des ouvriers du Lancashire mis à pied parce que les fabriques étaient à court de coton américain. Sa sympathie n’allait pas toutefois aux propriétaires des filatures à qui il reprochait « la surproduction et le trop grand nombre de leurs usines ». À son avis, le véritable ennemi était « l’égoïsme sans frein des tenants de l’école de Manchester » qui « s’attendent à ce que le monde entier achète leur production de coton aux conditions qu’ils entendent dicter, mais qui, par ailleurs, escomptent que le pays leur procure les matières premières pour fair tourner leurs usines à des conditions qui leur laisseront des bénéfices, sans se soucier de ceux qui en pâtissent ». Il se rendait particulièrement compte des dangers que présentait ce système pour les colonies qui « ont souffert [...] plus d’une fois d’une législation inspirée de l’école de Manchester ». Les efforts de Robertson visaient à augmenter le commerce des colonies, même si cela demandait le recours au protectionnisme ou une intégration plus étroite à l’économie américaine.

En 1867, Robertson fut nommé au Sénat canadien. En 1874, il se retira en Grande-Bretagne où il devint l’un des administrateurs de l’Imperial Bank à Lothbury. Il conserva d’étroites relations avec le Canada, particulièrement avec l’église St Andrew de Saint-Jean dont il avait été un des membres laïques les plus actifs et à laquelle il continuait d’apporter son secours financier. À sa mort, sa succession en Amérique du Nord seulement s’élevait à $390 000 et une partie de cette somme fut léguée à l’église St Andrew.

Robertson avait eu une vie active, longue et prospère. « Pour de nombreuses gens, le fait qu’il avait bien réussi en affaires donnait à son opinion force de loi dans d’autres domaines. »

C. M. Wallace

APC, FM 27, I, D15 (Papiers Tilley), 1854–1867.— N.B. Museum, John Robertson estate papers, 1877–1893 ; Tilley family papers, 1854–1867.— Saint John Daily News, 5 août 1876.— Can. directory of parliament (Johnson).— Can. parl. comp., 1873.— D. R. Jack, History of Saint Andrew’s Church, Saint John, N.B. (Saint-Jean, N.-B., 1913).

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C. M. Wallace, « ROBERTSON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robertson_john_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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