ROBERTSON, JAMES, marchand et manufacturier, né en 1831 à Campsie, Écosse ; vers 1864, il épousa à Montréal une dénommée Morris, originaire de Sainte-Thérèse, Bas-Canada, et ils eurent quatre garçons et deux filles ; décédé le 18 décembre 1900 à Montréal.
Issu d’une famille de la classe moyenne, James Robertson fit ses études à l’école paroissiale de Fintry, en Écosse, puis dans un établissement scolaire privé. En 1843, à l’âge de 12 ans, il s’initia au monde du commerce en travaillant dans un magasin de quincaillerie de Glasgow. Quatre ans plus tard, la Newton, Keats and Company l’engagea à titre de commis pour son bureau local de Glasgow. Ce n’est qu’en 1857, après un long périple professionnel, que Robertson parvint à se hisser au rang d’associé dans la firme Alexander, Ferguson and Lonnie de Glasgow, spécialisée dans la fabrication de tuyaux de plomb. Aussitôt entré dans cette société, il se vit confier la charge d’implanter une succursale de distribution à Montréal.
Ainsi, le 27 juin 1857, Robertson ouvrit dans cette ville un entrepôt rue Queen, au cœur du faubourg industriel Sainte-Anne, sous la raison sociale de Canada Lead Pipe Works. Afin de mener à bien la gérance d’une telle entreprise, il s’associa dès l’année suivante à William Brown, marchand de métaux nouvellement installé à Montréal. Il semble que leur agence connut un succès immédiat, sans doute en raison de l’exclusivité de ses produits sur le marché colonial, mais aussi à cause des marges de crédit dont elle bénéficiait auprès de la société mère en Écosse. Robertson comprit très vite l’immense potentiel qu’offrait l’urbanisation croissante en Amérique du Nord pour l’écoulement de produits reliés aux équipements d’aqueduc et d’alimentation en gaz dans les villes. C’est pourquoi, en 1862, il racheta au prix de £4 000 la part de ses associés et se lança à son compte. Sa première initiative fut d’annexer à son commerce d’articles de plomberie une petite fonderie de tuyaux de plomb qui n’employait pas plus de 12 ouvriers et utilisait une machinerie actionnée à la vapeur. En 1871, neuf ans après sa fondation, l’entreprise disposait d’un capital de 200 867 $, enregistrait une production annuelle évaluée à 117 317 $ et comptait une équipe de 28 ouvriers. Les entrées régulières de dividendes permirent à Robertson d’investir dès 1869 dans une seconde entreprise qui se spécialisait dans la fabrication de scies de toutes sortes. L’atelier, qui avait recours à la vapeur, employait 18 ouvriers et fournissait une production annuelle évaluée à 36 273 $ en 1871.
Homme d’affaires prudent, Robertson avait canalisé une partie de ses avoirs dans le secteur foncier. Ainsi, en 1872, il possédait une ferme à Danville, dans les Cantons-de-l’Est, de même qu’un certain nombre de propriétés à Montréal dont les terrasses Peel, le pâté de bâtiments de la rue William, qui comprenait la fabrique de scies et les entrepôts, puis les immeubles de la rue Wellington où se trouvait la fonderie de tuyaux. Cette même année, il mit sur pied au coût de 98 827 $ une manufacture de tuyaux à Toronto. Nanti d’une fortune estimée à 407 663 $ et muni d’une bonne ouverture de crédit auprès de la Banque de Montréal, il put affronter la récession économique mondiale des années 1873–1879 sans que la survie de ses entreprises soit menacée. Tout au plus subit-il quelques pertes en mars 1876, à la suite de la faillite de quelques marchands locaux de quincaillerie. Cet événement ne l’empêcha pas néanmoins d’engager des capitaux quelques mois plus tard dans l’installation d’une nouvelle manufacture de tuyaux à Baltimore, dans le Maryland.
Depuis la fin des années 1870, la firme James Robertson devait se mesurer à des concurrents, tant locaux qu’étrangers, dans le domaine de la fabrication de tuyaux de plomb ; parmi ceux-ci, on retrouvait la Morland, Watson and Company de Montréal et la firme A. K. Lissberger de Boston. Il va sans dire que ce nouveau phénomène incita Robertson à diversifier la gamme de ses produits. C’est ainsi que sa firme en vint peu à peu à fabriquer des siphons obtenus par pression hydraulique, puis des revêtements de câbles électriques.
L’année 1892 fut marquante pour Robertson : il modifia le statut juridique de l’entreprise qu’il avait fondée et la convertit en société par actions. Cette nouvelle société, qui agissait désormais sous la raison sociale de James Robertson Company, était dotée d’un capital de 750 000 $ réparti en 7 500 actions, dont la majorité demeurait sous mainmise familiale. Tout en encourageant la mobilisation de nouveaux capitaux, ce remaniement permettait à Robertson de léguer à trois de ses fils ; James, John et Alexander, une partie de son actif. À cette époque, la James Robertson Company possédait des ateliers à Montréal, à Toronto et à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, de même qu’un entrepôt à Winnipeg. Il semble par ailleurs que le commerce des métaux bruts (fer, plomb, acier, nickel) était devenu un volet important des activités de la compagnie.
James Robertson assuma la présidence de la société jusqu’en 1899 ; cette année-là, il dut se retirer des affaires pour des raisons de santé. Il laissait derrière lui une entreprise de métallurgie hautement spécialisée qui devait son ascension à la mise en place de nouveaux équipements d’infrastructure (eau, gaz, électricité) dans les villes nord-américaines à la fin du xixe siècle. Gravement affecté par une longue maladie, il mourut le 18 décembre 1900 dans sa maison de l’avenue Park. Deux jours plus tard, on célébra son service funèbre à l’église presbytérienne St Gabriel Street, dont il avait été président du conseil de 1885 à 1890.
AN, RG 31, C1, 1871, Montréal, quartier Sainte-Anne.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Québec, 5 : 442 ; 7 : 84.— Canada Gazette, 26 (1892–1893) : 1313.— Canadian Engineer (Montréal), 8 (1900–1901) : 187.— Gazette (Montréal), 19–21, 24 déc. 1900.— Montreal Daily Star, 19 déc. 1900.— La Presse, 18–19 déc. 1900.— Canada directory, 1857–1858.— C. E. Goad, Atlas of the city of Montreal from special survey and official plans showing all buildings & names of owners (2e éd., 2 vol., Montréal, 1890).— Montreal directory, 1857–1900.— F. W. Terrill, A chronology of Montreal and of Canada from A.D. 1752 to A.D. 1893 [...] (Montréal, 1893).— Ève Martel, « l’Industrie à Montréal en 1871 » (thèse de m.a., univ. du Québec, Montréal, 1976), 89, 96.
Peter Bischoff et Robert Tremblay, « ROBERTSON, JAMES (1831-1900) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robertson_james_1831_1900_12F.html.
Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:
Permalien: | http://www.biographi.ca/fr/bio/robertson_james_1831_1900_12F.html |
Auteur de l'article: | Peter Bischoff et Robert Tremblay |
Titre de l'article: | ROBERTSON, JAMES (1831-1900) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 29 novembre 2024 |