RICHARDS, JACKSON JOHN (connu aussi sous les noms de Jean Richard et de Richard Jackson), ministre méthodiste et sulpicien, né le 21 février 1787 à Alexandria, Virginie, fils de Thomas Richards et d’une prénommée Anna ; décédé le 23 juillet 1847 à Montréal.

Jackson John Richards appartient à une famille protestante qui compte au moins trois enfants. Son père le destine très tôt à l’état de ministre protestant et, dans ce but, le confie à un ministre presbytérien qui l’initie au latin et au grec. On sait peu de chose de la vie de Richards jusqu’en 1807. Cette année-là, il est ministre méthodiste itinérant et se dirige vers le Canada. Après un arrêt à Buffalo, dans l’état de New York, et une visite des chutes du Niagara, il gagne York (Toronto). Il prêche à des communautés de foi méthodiste et à des Indiens.

Richards arrive en bateau à Montréal le 19 août 1807 en provenance de Kingston, dans le Haut-Canada. Peu après, il prend contact avec Jean-Henry-Auguste Roux*, Candide-Michel Le Saulnier*, Jean-Jacques Lartigue et Simon Boussin, tous sulpiciens. Il semble qu’il ait voulu convertir au protestantisme les prêtres du séminaire de Saint-Sulpice, mais il en a été tout autrement. En effet, le 31 octobre 1807, devant le notaire Thomas Barron et en présence de Denis-Benjamin Viger*, Richards abjure solennellement le protestantisme. De 1807 à 1809, il continue ses études au petit séminaire de Montréal et, comme il veut devenir prêtre, il entreprend des études théologiques tout en servant de régent au même collège.

Ayant reçu de Mgr John Carroll, évêque de Baltimore, la permission d’ordonner Richards, Mgr Joseph-Octave Plessis* lui confère le sacerdoce dans l’église Notre-Dame, à Montréal, le 25 juillet 1813. En 1815, Richards quitte le petit séminaire de Montréal pour entreprendre un long et fructueux ministère paroissial. Il exercera son apostolat surtout à la chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours, à Montréal, où il regroupera les catholiques de langue anglaise, la majorité d’origine irlandaise.

Agrégé au séminaire de Saint-Sulpice le 17 février 1817, Richards devient assistant du procureur en 1821. Il acquiert rapidement la confiance du supérieur, Roux. Le personnel du séminaire est à cette époque profondément divisé sur les questions des biens du séminaire et de l’autorité qu’exercent sur celui-ci les archevêques, Mgr Plessis et Bernard-Claude Panet*, à Québec, et Mgr Lartigue, auxiliaire à Montréal. Richards partage l’opinion de la majorité d’origine française, et les lettres des évêques indiquent bien leur opposition à son influence et à ses idées. En juin 1826, il accompagne Roux en Europe et y séjourne jusqu’en août 1828. Il se fait l’interprète de Roux dans les milieux politiques et ecclésiastiques de Londres. Le supérieur y négocie notamment un règlement de la question des biens de Saint-Sulpice, mais les évêques et les prêtres canadiens n’acceptent pas sa solution. Les sulpiciens sont prêts, en effet, à céder une partie de leurs droits seigneuriaux contre une rente fixe et perpétuelle.

De retour à Montréal, Richards reprend son ministère et ses fonctions administratives. L’exaspération de l’archevêque de Québec est portée à son comble quand, en septembre 1829, Roux nomme Richards curé suppléant de Notre-Dame pendant la maladie de Le Saulnier. Mgr Panet conteste la coutume observée par les supérieurs de Saint-Sulpice de désigner d’office les curés sans solliciter une confirmation canonique auprès de l’évêque. De plus, Panet, tout comme Lartigue, considère Richards comme un étranger qui ne connaît pas suffisamment la langue française. En décembre suivant, devant les protestations répétées des deux évêques, Roux remplace Richards par Claude Fay à la cure de Notre-Dame, mais sans toutefois demander de confirmation épiscopale.

En 1831, Richards, naturalisé l’année précédente, devient officiellement le desservant des catholiques de langue anglaise qui possèdent alors leur propre église dans la chapelle du couvent des récollets. Il continuera jusqu’à la fin de sa vie ce ministère auprès des Irlandais. En 1833, il ajoutera à ses autres fonctions celle d’économe du séminaire de Saint-Sulpice sur qui repose la responsabilité de la bonne administration du séminaire et du bien-être matériel des confrères qui y demeurent.

Par la correspondance conservée, on sait que Jackson John Richards exerçait une influence des plus heureuses auprès des prêtres et des fidèles au Canada et aux États-Unis. On lui demandait conseil et parfois aussi des secours matériels. En 1847, lorsqu’une épidémie de typhus se déclara parmi les émigrés irlandais, on regroupa les malades dans des lazarets situés à Pointe-Saint-Charles (Montréal), et Richards n’épargna pas son aide. Il contracta la maladie et mourut le 23 juillet 1847. Mgr Jean-Charles Prince*, coadjuteur de l’évêque de Montréal, l’inhuma le lendemain dans la crypte de l’église Notre-Dame.

Bruno Harel

ACAM, 465.101, 818-1, 829-1, -2, -3.— ANQ-M, CE1-51, 24 juill. 1847.— Arch. du séminaire de Saint-Sulpice (Paris), Fonds canadien, mss 1230.— ASSM, 11, B, no 25 ; 21 ; 24, B ; E.— Arch. of the U.S. Province of the Sulpician Order, St Mary’s Seminary and Univ. (Baltimore, Md.), Obituary notes, vol. 1.— Mélanges religieux, 30 juill. 1849.— Desrosiers, « Inv. de la corr. de Mgr Lartigue », ANQ Rapport, 1941–1942 ; 1942–1943 ; 1943–1944.— Louis Bertrand, Bibliothèque sulpicienne ou Histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice (3 vol., Paris, 1900), 2 : 582.— Chaussé, Jean-Jacques Lartigue.Golden jubilee of the reverend fathers Dowd and Toupin [...], J. J. Curran, édit. (Montréal, 1887).— J.-M. Leleu, Histoire de Notre-Dame de Bon-Secours à Montréal (Montréal, 1900).— Lemieux, l’Établissement de la première prov. eccl.— J. R. Danaher, « The Reverend Richard Jackson, missionary to the Sulpicians », SCHEC Report, 11 (1943–1944) : 49–54.

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Bruno Harel, « RICHARDS, JACKSON JOHN (Jean Richard, Richard Jackson) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/richards_jackson_john_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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