RÉZÉ, JOSEPH-PIERRE, prêtre et père de Sainte-Croix, né le 23 février 1814 à Sablé-sur-Sarthe, France, troisième des sept enfants de Michel Rézé, commerçant, et de Louise Chevalier ; décédé le 28 septembre 1899 à Côte-des-Neiges (Montréal).

En 1826, Joseph-Pierre Rézé entre au collège de Château-Gontier, en France. Il opte ensuite pour le sacerdoce ; il fait sa philosophie et sa théologie au grand séminaire du Mans, puis il est ordonné prêtre le 9 juin 1838. Après deux ans de ministère paroissial, il demande à être admis dans la Congrégation de Sainte-Croix. Il prononce ses vœux le 15 août 1842 et décide de se consacrer à l’éducation des jeunes. Au printemps de 1849, il devient supérieur des religieux de Sainte-Croix au Bas-Canada. Ces derniers étaient arrivés à Saint-Laurent, dans l’île de Montréal, en 1847, à la demande de l’évêque, Mgr Ignace Bourget*, et du curé de l’endroit, Jean-Baptiste Saint-Germain*.

Le père Rézé assume ses fonctions dès le jour de son arrivée au pays, le 17 juillet 1849. Son mandat consiste à consolider la situation financière de la congrégation et, si cela s’avérait impossible, à rapatrier la communauté. Sans tarder, il entre en pourparlers avec Bourget et Saint-Germain, qui avaient promis de payer tous les frais de voyage et d’installation de la congrégation. Or là se trouve la source principale de son embarras financier. De l’évêque, il obtient un appui moral et sa caution ; du curé, des ressources limitées mais réelles. En même temps, il presse les commissaires des écoles, où travaillent les frères de Sainte-Croix, de respecter les conventions signées avec son prédécesseur en acquittant au plus tôt les arrérages sur les salaires des professeurs. Incapable d’en arriver à un règlement à Terrebonne, il en retire les frères le 31 décembre 1849 et, sur-le-champ, ouvre une école à Côte-des-Neiges. Grâce à son activité incessante et à son sens des affaires, il réussit à sauver la Congrégation de Sainte-Croix au Bas-Canada, mais il lui reste à la consolider.

Le père Rézé reçoit en 1851 le titre honorifique de « provincial du Canada » qui témoigne de l’estime de son supérieur général et contribue à accroître son prestige, précisément au moment où il s’apprête à bâtir. La petite école des frères à Saint-Laurent, constituée juridiquement en 1849 sous le nom d’Académie industrielle de Saint-Laurent, logeait encore dans une maison qui appartenait à la fabrique. Rézé érige donc un beau corps de bâtiment sur un terrain cédé par le curé Saint-Germain. En 1854, il offre les cours d’arts et de métiers, souhaités par l’évêque et le curé, qui n’obtiennent toutefois pas la faveur des élèves et des parents. Rézé se sent alors libre de réaliser son plan pour que la communauté réussisse à survivre : Saint-Laurent doit joindre les études classiques à ses cours primaire et commercial. En 1861, on amende la charte en ce sens et l’académie devient le collège de Saint-Laurent.

Au chapitre général de 1866, la Congrégation de Sainte-Croix crée la province du Canada et le père Rézé en est élu supérieur. Il a sous son autorité quelque 70 religieux répartis dans quatre cures, trois écoles paroissiales et trois collèges. Ces derniers sont situés à Saint-Laurent, à Saint-Aimé (Massueville) et à Memramcook, au Nouveau-Brunswick, où le fondateur fut Camille Lefebvre, premier père canadien de Sainte-Croix.

Le 7 février 1869, on appelle Rézé à Paris pour remplir la fonction d’assistant du supérieur général. Pendant la guerre franco-prussienne, il visite les maisons d’Amérique au nom de ce dernier. Il réside alors à Saint-Laurent, où il enseigne la théologie aux maîtres auxiliaires. À l’automne de 1871, on lui demande d’assumer la charge de supérieur provincial du Canada. Toutefois, les membres du chapitre général de 1872 s’inquiètent de la situation précaire de la province de France et décident de la confier au père Rézé.

Rézé redevient l’assistant du supérieur général en 1880. On l’envoie au Canada sept ans plus tard pour y remplacer le provincial qui vient de démissionner. Usé par les ans et les travaux, Rézé laisse sa charge à l’automne de 1890 et demande pour toute faveur de pouvoir finir ses jours dans son pays d’adoption. Deux ans auparavant, la province canadienne avait célébré son jubilé d’or de prêtrise par des fêtes grandioses.

Le père Joseph-Pierre Rézé, d’un abord plutôt froid et réservé, cachait, sous cette apparence, une nature riche en qualités de cœur et d’esprit. Ses intimes attestent qu’il était doué d’une rare sensibilité et qu’il possédait une vaste érudition. Son point de vue sur tout sujet faisait toujours poids. Cependant, il gardait une simplicité avenante. Homme de foi profonde, il a su mettre sa vie religieuse à la première place, même dans les occupations les plus accaparantes.

Roger Bessette

AD, Sarthe (Le Mans), État civil, Sablé, 23 févr. 1814.— ANQ-M, CE1-44, 2 oct. 1899.— Arch. des Pères de Sainte-Croix (Montréal), Sér. B2 (Corr. de J.-P. Rézé).— Noces d’or du rév. père Joseph Rézé, c.s.c. (Montréal, 1888).— Sainte-Croix au Canada (s.l., 1947).— « Le Rév. père Joseph Rézé, c.s.c. », la Semaine religieuse de Montréal (Montréal), 34 (juill.–déc. 1899) : 224–226.

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Roger Bessette, « RÉZÉ, JOSEPH-PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/reze_joseph_pierre_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    1 décembre 2024