RENDELL, STEPHEN, marchand et homme politique, né le 24 mai 1819 à Coffinswell, Angleterre, fils de John Rendell ; le 30 septembre 1852, il épousa à Blackhead, baie Conception, Terre-Neuve, Catharine Norris, et ils eurent six fils, dont l’un mourut en bas âge, et deux filles ; décédé le 4 avril 1893 dans son village natal.

Stephen Rendell était le cadet des deux fils d’un commerçant du Devon, John Rendell, qui avait des intérêts à Terre-Neuve depuis 1793. En novembre 1834, ce dernier fut témoin à la signature du contrat qui faisait de son fils de 15 ans un apprenti à la Bulley, Job and Company de St John’s, dont les associés principaux étaient Thomas Bulley, John Job, Robert Job et Thomas Bulley Job*. Cette importante société, fondée par Samuel Bulley* et John Job vers la fin du siècle précédent, était en train de devenir l’une des plus grosses de ces maisons de commerce de Terre-Neuve qui, selon une tradition déjà implantée à l’époque, avaient leur bureau principal dans le sud-ouest de l’Angleterre. (Elle allait réinstaller son siège social à Liverpool par la suite.) En 1895, l’historien Daniel Woodley Prowse* nota les souvenirs que Rendell avait gardés de ce temps. « Feu l’honorable Stephen Rendell m’a souvent dit que, même à son arrivée dans la colonie en 1834, des centaines de jeunes gaillards du Devonshire venaient chaque printemps chez Rowell, Boden, Bulley, Job et bien d’autres [employeurs] du côté sud [du port de St John’s] et à Hoyle’s Town (Maggotty Cove), ou alors à Torbay, Bay Bulls, Petty Harbour, etc. Tous ces jeunes étaient envoyés pour deux étés et un hiver [...] L’arrivée et le départ des hommes de Terre-Neuve étaient un événement dans le Devonshire. Les campagnards estimaient le moment à l’aide du vieux lectionnaire de l’Église d’Angleterre : « Jan ! le pasteur est rendu aux Proverbes, les gars de Terre-Neuve vont revenir dans pas grand temps. »

Stephen Rendell, cependant, ne rentra pas avec eux. Il avait signé pour cinq ans, en échange « de nourriture et de logement convenables », et d’un salaire de £20 en espèces pour chacune des deux premières années, £25 la troisième, £35 la quatrième et £50 la dernière. La Bulley, Job and Company s’engageait à lui enseigner « l’art et les secrets d’un marchand à commission ». Il ne tarda pas à montrer sa compétence et, son apprentissage terminé, il représenta la compagnie à divers titres dans plusieurs petits ports éloignés de Terre-Neuve, surtout à la baie Trinity. Il administra d’importantes affaires pour elle à Hant’s Harbour et, à un certain moment, probablement dans les années 1850, il semble qu’il exploita, seul ou en société avec d’autres marchands, des entreprises à Carbonear et Old Perlican. À Blackhead, dans la baie Conception, il fit la connaissance de Catharine Norris, fille d’un ministre wesleyen, et l’épousa. En citant peut-être une source contemporaine, le Newfoundland Bulletin notait : « comme marchand, il était respectable, entreprenant mais aussi prudent et très perspicace [...] à la baie Trinity, tout le monde – hommes, femmes et enfants – le connaissait et l’aimait ».

Au milieu des années 1850, comme la vieille garde de la compagnie (alors connue sous le nom de Job Brothers and Company) était à la retraite, ses associés et son administration changèrent. En décembre 1859, Rendell se joignit à Samuel Job, Thomas Bulley Job et Thomas Raffles Job en qualité d’associé et de directeur général de toutes les activités terre-neuviennes. Domicilié à St John’s, il veillait à l’approvisionnement des pêcheries de morue et de phoque et dirigeait, toujours pour le compte de la compagnie, un important commerce d’exportation vers l’Europe et le Brésil. L’année 1859 marqua aussi le début de sa carrière politique : sous la bannière conservatrice, on l’élut député de la circonscription de Trinity Bay à la chambre d’Assemblée, siège qu’il conserverait jusqu’en 1873. En 1869, il fut l’un des rares partisans de la Confédération à être élu [V. sir Frederic Bowker Terrington Carter]. En 1874, il entra au Conseil législatif, et dans les années 1870, sous les gouvernements de Carter et de William Vallance Whiteway*, il siégea au Conseil exécutif.

Rendell participait à la vie de la colonie de plusieurs autres manières. Il eut des intérêts dans l’industrie minière et celle du sciage. En 1841–1842, il fut membre fondateur et président de l’Agricultural Society de St John’s. Grand amateur de chasse depuis son enfance dans le Devon, c’est lui qui, au cours de sa présidence, apporta à Terre-Neuve le lièvre à raquettes pour suppléer le lièvre polaire, indigène, dont le nombre allait décroissant. Il fit venir ces animaux de Nouvelle-Écosse et les relâcha à divers endroits dans toute l’île, où ils devinrent bientôt une importante source d’alimentation locale. Tout au long de sa carrière, Rendell se dévoua à des établissements publics : la St John’s Wesleyan Academy, dont il fut secrétaire de 1866 à 1869 ; l’église wesleyenne George Street, ouverte en 1873, et pour la construction de laquelle il fournit de la pierre extraite dans la colonie ; enfin l’institut littéraire de l’académie, qu’il contribua à fonder en 1866 et où des générations de personnages publics de Terre-Neuve ont pu, jusqu’à récemment, s’initier à la pratique du débat.

L’asthme dont Stephen Rendell souffrait depuis longtemps l’obligea à abandonner les affaires en 1881 et à quitter la colonie où il vivait depuis près d’un demi-siècle. Il retourna dans son village natal, Coffinswell, où il mourut 12 ans plus tard, à l’âge de 73 ans. Ses enfants adultes, restés à Terre-Neuve, allaient à leur tour se tailler une place importante dans les cercles professionnels, le milieu des affaires et la vie sociale de l’île.

G. M. Story

Une copie dactylographiée d’une notice sur la famille Rendell rédigée en 1916 a été fournie à l’auteur par Norma Mainwaring de St John’s, descendante du sujet.  [g. m. s.]

      Courier (St John’s), 27 févr. 1867.— When was that ? A chronological dictionary of important events in Newfoundland down to and including the year 1922 [...], H. M. Mosdell, compil. (St John’s, 1923 ; réimpr., 1974), 108.— Gunn, Political hist. of Nfld., 201–202.— R. B. Job, John Job’s family ; a story of his ancestors and successors and their business connections with Newfoundland and Liverpool, 1730 to 1953 (2e éd., St John’s, 1954), 31–32, 41–42, 94, 127–129.— D. W. Prowse, A history of Newfoundland from the English, colonial, and foreign records (Londres et New York, 1895 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972), 297–298.— G. M. Story, George Street Church, 1873–1973 (St John’s, 1973), 18.— Collegian ([St John’s]), 1960 : 69, 76.— Daily News (St John’s), 4 sept. 1954 : 21.— Newfoundland Bull. (St John’s), sept. 1968.

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G. M. Story, « RENDELL, STEPHEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/rendell_stephen_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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