RAYMOND, CHARLES, inventeur, manufacturier, homme politique et philanthrope, né le 6 janvier 1826 à Ashburnham, Massachusetts, fils de Daniel Raymond, menuisier et ébéniste, et de Sarah Greene ; le 9 août 1847, il épousa Mary C. Marston (décédée en 1869), de Sharon, Vermont, et ils eurent un fils et deux filles, puis le 17 août 1870, Helen Janet Gill, de Brattleboro, et le couple adopta un garçon et une fille ; décédé le 4 janvier 1904 à Guelph, Ontario.
Charles Raymond fréquenta l’école publique à Ashburnham et à Fitchburg, dans le centre-nord du Massachusetts. Ensuite, il passa quelque temps à la Dracut Academy avant de suivre des cours du soir non loin de là, à Lowell, où il fit son apprentissage de mécanicien à la Massachusetts Cotton Mills. En 1847, il partit pour Bristol, au Vermont, où il tenta une première fois de mettre au point et de commercialiser une machine à coudre domestique. Il réussit à fabriquer une machine à un fil, mais la compagnie Singer obtint un brevet avant lui, et les frais de contestation en justice l’obligèrent à abandonner la partie en 1852. Six ans plus tard, il fit une deuxième tentative : à Brattleboro, avec William Nettleton, il fabriqua une machine à point de chaînette. Encore une fois cependant, lutter contre Singer se révéla au-dessus de ses moyens.
Pour contourner les difficultés de ce genre, Raymond s’installa à Montréal en 1860, mais il y perdit le tiers de son capital dans une entreprise de machines à coudre. En 1862, avec 15 ouvriers, il s’établit à Guelph, où il fonda la Raymond Sewing Machine Company. Celle-ci ne tarda pas à devenir la principale rivale du plus grand fabricant haut-canadien de machines à coudre, Richard Mott Wanzer*, de Hamilton. Au début, en partie parce que la guerre de Sécession affaiblissait la concurrence américaine, Raymond put consolider sa position. Peu à peu, il acquit, au Canada et en Grande-Bretagne, la propriété industrielle de certaines machines à coudre. En misant avec soin sur les marchés de Grande-Bretagne et d’Europe, il fit progresser son entreprise, alors que plusieurs de ses concurrents canadiens déclaraient faillite parce qu’ils se concentraient sur le marché intérieur. Dès 1870, sa compagnie employait près de 80 personnes et affichait une production annuelle de 100 000 $. La dépression commerciale de la fin des années 1870 et la hausse du tarif américain affectèrent durement ses exportations aux États-Unis, mais il conservait un avantage sur ses concurrents parce que ses pièces étaient fabriquées localement.
En 1877, Raymond réduisit temporairement ses activités pour des raisons de santé, mais la gestion efficace qu’assurèrent ses superviseurs et contremaîtres compensa vraisemblablement son absence. Il restait à l’avant-garde du monde des affaires. En 1879, par exemple, lui-même et deux autres industriels furent les premiers à se doter, à Guelph, de centraux téléphoniques. L’année suivante, il possédait deux usines et employait plus de 200 ouvriers. Sur la question des droits de douane canadiens, sa position changea plusieurs fois, pour des raisons qui ne sont pas tout à fait claires. En 1877, il s’opposait à ce que le gouvernement les hausse pour augmenter ses revenus (ce qui, disait-il, ruinerait les fabricants de machines à coudre) ; en 1882, il était protectionniste ; en 1890–1891, il prônait la réciprocité.
En 1897, encore pour des raisons de santé, Raymond vendit son entreprise, constituée juridiquement deux ans plus tôt sous le nom de Raymond Manufacturing Company Limited, à J. G. Sully, son contremaître, et à Christian Kloepfer. Cependant, il ne cessa jamais d’exercer ses talents de mécanicien : il s’employait à perfectionner un moteur à essence lorsqu’il mourut des suites d’une opération à la vessie en 1904.
Comme il convenait à un membre de l’élite industrielle et commerciale de la ville, Raymond appartint au Bureau de commerce de Guelph dès 1869 et à l’Association des manufacturiers canadiens à compter de 1882. Il fut membre du conseil d’administration du Guelph Junction Railway en 1886. Vice-président du conseil municipal en 1874–1875, il fut échevin en 1886 et membre du conseil scolaire. Il promut la construction de la House of Industry du comté de Wellington ainsi que de la Central School et du General Hospital de Guelph. Partisan de l’abstinence totale, il défendit un programme de tempérance à titre de candidat conservateur dans Wellington South aux élections provinciales de 1886, mais il fut défait.
Charles Raymond était l’un des principaux philanthropes et moralistes de Guelph. On disait qu’il gagnait de l’argent pour le bénéfice d’autrui ; une bonne partie de sa fortune fut dispersée avant sa mort, car sa succession ne valait que 14 550 $. L’église baptiste et l’église congrégationaliste purent compter sur sa générosité. Ayant apparemment conclu de bonne heure que le pasteur baptiste était trop calviniste, il fréquenta le temple congrégationaliste jusqu’à la construction de l’église First Baptist en 1873–1875. Prédicateur laïque dans cette congrégation, il exerça aussi les fonctions de diacre, de surintendant de l’école du dimanche et assuma des postes clés au sein des conseils et des missions intérieures et étrangères baptistes. Considéré par une publication de l’époque comme l’« un des militants chrétiens les plus énergiques de la ville », il fut aussi, signala-t-on après sa mort, un « ami » de la congrégation noire de l’Église méthodiste épiscopale à Guelph.
Le portrait de Charles Raymond qui se trouvait à la Central School (Guelph, Ontario) est perdu, mais on en conserve des photographies en noir et blanc à la Guelph Public Library, qui possède aussi une eau-forte représentant le sujet. Des photographies de Raymond et de sa fabrique de machine à coudre figurent dans L. A. Johnson, History of Guelph, 1827–1927 (Guelph, 1977), 255, et son entrée dans Canadian biog. dict. comprend aussi un portrait.
AN, RG 31, C1, 1861, 1871, 1881, Guelph (mfm à la Univ. of Guelph Library).— AO, RG 22, Ser. 318, no 5170.— City of Guelph, City Clerk’s Office, Council, minutes, 1879–1900. Guelph Public Library, Local hist. coll., Guelph churches ; McIlwraith coll., Findlay Weaver scrapbook ; Shutt coll., comprenant les albums de la famille Crowe, les papiers Charles Raymond, et le manuscrit dactylographié d’un discours par l’arrière-petite-fille de Raymond, Greta Mary Shutt.— Wellington County Arch. (Fergus, Ontario), Wellington County House of Industry, report of inspector and physician, 1878.— Woodlawn Cemetery (Guelph), Geneal. files ; Reg.— Guelph Evening Mercury, le numéro intitulé « centennial edition », 20 juill. 1927.— Guelph Mercury, 1862–1904, comprenant un numéro intitulé « trade edition », 23 juin 1894 ; 7 janv. 1904.— Herald (Guelph), 1862–1904, comprenant un numéro intitulé « illustrated edition », 1895 ; 5 janv. 1904.— Annuaire, Guelph, 1873, 1882–1883.— Elizabeth Bloomfield, « Industrial enterprises of the middle Grand valley, 1871 », Historical atlas of Canada, R. C. Harris et al., édit. (3 vol., Toronto, [1987–1993].— C. A. Burrows, The annals of the town of Guelph, 1822–1877 (Guelph, 1877).— M. [J.] Eckmann Brent, « A stitch in time : the sewing machine industry of Ontario, 1860–1897 », Bull. d’hist. de la culture matérielle (Ottawa), 10 (1980) : 1–30.— Guelph, Board of Education, Annual report, 1877 (copie aux AO).— G. H. Knighton, « A brief history of the Guelph Congregational Church », G. M. Shutt, édit., OH, 54 (1962) : 199–206.— D. L. Nash-Chambers, « Two steps forward or one step back ? The impact of industrialization on community & family in a small industrial city : Guelph, Ontario, 1861–1881 » (thèse de ph.d., Univ. of Guelph, 1988).
Debra L. Nash-Chambers, « RAYMOND, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/raymond_charles_13F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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