RAMSAY, ADA (Macleod), institutrice, auteure et historienne, née le 31 mars 1867 à Princetown (Malpeque, Île-du-Prince-Édouard), enfant unique de William B. Ramsay et d’Eliza Fraser ; le 28 décembre 1886, elle épousa à Summerside, Île-du-Prince-Édouard, Neil Macleod (décédé en 1934), et ils eurent huit fils ; décédée le 2 mars 1932 au même endroit.
Il est difficile de décrire les premières années d’Ada Ramsay, comme celles de tant d’autres femmes nées en région rurale à l’Île-du-Prince-Édouard au xixe siècle. Peu de documents de cette époque ont en effet subsisté. Ada semble avoir passé son enfance dans la région de Princetown, où son père construisait des voitures à cheval. Les ancêtres de William B. Ramsay faisaient partie du premier groupe de colons écossais venus de l’Argyllshire, en 1770, pour s’établir dans l’île. Le récit de la détermination de ces pionniers fut peut-être ce qui excita l’intérêt d’Ada pour l’histoire de sa province natale.
Quelque part entre 1871 et 1876, la famille Ramsay s’installa à Summerside. Ada fréquenta l’Eastern District School de la petite ville, puis la Davies School, où elle rencontra son futur mari, qui était à l’époque professeur et directeur de l’école (ainsi qu’administrateur en chef des écoles de Summerside). Elle termina sa scolarité en étudiant pendant un an au Prince of Wales College de Charlottetown, où elle obtint son diplôme avec une mention très honorable en juin 1883. Comme beaucoup de femmes de sa génération, elle enseigna, d’abord à Belmont Lot 16 en 1884–1885, puis à North St Eleanors en 1886. Sa carrière se termina à la fin de 1886 quand elle épousa Neil Macleod et qu’ils élurent domicile dans une spacieuse maison de deux étages de Central Street, à Summerside. Pendant que son mari se consacrait à l’enseignement, puis, à partir de 1893, à sa carrière dans le droit, Mme Macleod passa une grande partie de son temps à élever leurs huit fils.
À une époque où nombre de femmes se dévouaient à des activités domestiques, Mme Macleod reconnut ceci : « Je n’ai jamais pensé être très douée pour la cuisine ou la tenue de maison. J’ai toujours préféré la lecture à l’une ou à l’autre. » Même si elle appartenait à la classe moyenne supérieure, elle remplissait ses obligations familiales et sociales comme elle le devait. Parmi ses intérêts communautaires figuraient l’Église presbytérienne au Canada et, après 1925, l’Église unie du Canada, leurs sociétés missionnaires féminines respectives, l’Union chrétienne de tempérance des femmes, l’Imperial Order Daughters of the Empire (elle fut présidente du chapitre local de 1915 à 1920) et la Summerside Library. Elle s’adonnait également à divers travaux d’artisanat, entre autres la confection de tapis, pour laquelle elle était apparemment reconnue. Elle fut sans aucun doute membre de la section du comté de Prince de la Canadian Handicrafts Guild, dont le siège se trouvait à Summerside.
L’avis de décès de Mme Macleod, qui paraîtrait dans le P.E. Island Agriculturalist, à Summerside, noterait que, « passionnée de lecture, en particulier sur des sujets de nature historique, elle lut plusieurs centaines de livres de la meilleure qualité, et [qu’]on [pouvait] affirmer sans se tromper […qu’elle] devint probablement la femme la plus cultivée de l’Île-du-Prince-Édouard ». Son amour de la lecture l’amena à un amour de l’écriture. En 1911, quand son plus jeune fils, Kenneth, avait six ans, elle publia le premier de nombreux articles. Intitulé « Skye : the isle of mist », il semble avoir été composé à partir d’une expérience de première main (son mari était originaire de cette île d’Écosse) ; il parut en novembre dans le Canadian Magazine. Au cours des deux décennies suivantes, Mme Macleod rédigerait plus de 20 articles, non seulement pour le Canadian Magazine, mais aussi pour des publications telles que la Dalhousie Review, le Maclean’s et le New England Magazine, à Boston, ainsi que pour des journaux de l’île. Ses écrits seraient reconnus à l’échelle nationale quelques années avant sa mort, quand elle remporta le premier prix d’un concours lancé dans le New Outlook de Toronto, où les participants devaient présenter des essais sur le thème « la meilleure histoire que j’aie jamais connue ». Le sien était une recension de Maria Chapdelaine, de Louis Hémon*, roman sur le Canada français par excellence.
Contrairement à sa compatriote de l’île, Lucy Maud Montgomery*, qui s’est illustrée par ses œuvres de fiction, Mme Macleod concentra ses écrits sur l’histoire locale et l’histoire de l’Écosse, notamment sur la colonisation de la région de Princetown, l’arrivée des loyalistes et d’autres groupes d’immigrants à l’Île-du-Prince-Édouard, la célébration du sabbat à l’île de Skye et l’histoire de Margaret Gordon, originaire de Charlottetown, qui aurait été le premier amour de Thomas Carlyle (et qui épouserait sir Alexander Bannerman*, nommé lieutenant-gouverneur de l’île en 1850). L’un de ses textes, Prince Edward Island, courte description de 15 pages du passé et du présent de la province, fut imprimé en 1926 par la section de Summerside de l’Imperial Order Daughters of the Empire au cours d’une collecte de fonds. Comme Benjamin Armitage Bremner, Mme Macleod compta parmi les premières personnes à faire l’histoire de l’île. On l’invita souvent à donner des conférences en personne ou à la radio. Elle était particulièrement intéressée par l’histoire de Summerside et rédigea des articles sur ce sujet pour des journaux locaux. En 1915, dans l’un d’entre eux, elle soulignait le contraste entre « l’époque où la femme pionnière, [vêtue d’]une robe simple filée à domicile et [coiffée d’]une capeline, emprunt[ait] avec précaution le sentier de rondins pour aller acheter de l’indigo et des fils de chaîne à la boutique O’Halloran à “Green’s Shore” [ancien nom de Summerside] » et « l’époque actuelle où sa petite-fille, vêtue de soie, [faisait] luxueusement ses courses dans les grands magasins de Water Street ». En 1980, 13 textes inédits seraient publiés sous la forme d’un recueil intitulé Roads to Summerside : the story of early Summerside and the surrounding area.
Adoptant ce qui fut décrit comme « un style délicieusement facile et agréable », Mme Macleod composa des récits quelque peu romancés sur des sujets historiques qu’elle tenta de rendre pertinents pour ses lecteurs en établissant des analogies avec des gens, des événements ou des lieux contemporains. En particulier, elle fournissait fréquemment de l’information sur les liens généalogiques entre d’éminents personnages historiques et leurs descendants encore vivants. Mme Macleod utilisait souvent comme sources des anecdotes fournies par d’autres insulaires ; à l’occasion, elle citait des publications locales et régionales bien connues telles que le Prince Edward Island Magazine de Charlottetown et le Sketch Book : comprising historical incidents, traditional tales and translations, de John MacKinnon, paru en 1915 à Saint-Jean, au Nouveau Brunswick. Son approche non critique était typique de nombre d’écrits canadiens de l’époque. Contrairement à d’autres auteurs, elle s’efforça toutefois de mentionner les femmes qui avaient fait partie de la vie d’hommes importants dans l’histoire.
Même si elle demeura active, Ada Macleod fut malade plusieurs fois ; elle avait peut-être un cancer. Elle fut hospitalisée quelque temps à Montréal pendant la Première Guerre mondiale, quand elle et son mari connurent la tristesse de perdre deux de leurs fils, puis une autre fois en 1930. Vers la fin de l’année suivante, elle fit une rechute et retourna à Montréal pour y subir une grave opération. Elle put rentrer à Summerside au début de 1932, mais fut aussitôt admise au Prince County Hospital, où elle mourut le 2 mars. Les journaux de l’île lui rendirent hommage en la qualifiant de « femme au talent littéraire exceptionnel et ardente travailleuse sociale » et en la désignant comme « l’une des femmes les plus brillantes de l’île ». Elle fut inhumée au People’s Protestant Cemetery de Summerside.
Ada Ramsay Macleod a écrit de nombreux articles de revues : « Skye : the isle of mist », Canadian Magazine, 38 (novembre 1911–avril 1912) : 12–21 ; « A sabbath in Skye », 39 (mai–octobre 1912) : 62–66 ; « Beside the peat fire », 40 (novembre 1912–avril 1913) : 427–436 ; « Travels in Prince Edward Island in 1820 », Dalhousie Rev., 3 (1923–1924) : 31–41 ; « “Blumine” of Prince Edward Island », 5 (1925–1926) : 98–104 ; « Malpeque », 6 (1926–1927) : 87–94 ; « Songs of our Highland forefathers », 6 : 478–487 ; « Brudenell », 8 (1928–1929) : 60–66 ; « The oldest diary on Prince Edward Island », 9 (1929–1930) : 461–474 ; « Some loyalists of Prince Edward Island », 10 (1930–1931) : 319–331 ; « The Glenaladale pioneers », 11 (1931–1932) : 311–324 ; « Farming in P.E.I. in 1820 », Busy East of Canada (Sackville, N.-B.), 19 (1928–1929), no 7 : 28–29 ; « Old memories », Maple Leaf (Oakland, Calif.), 25 (août 1931) : 216. Un article sans date, « Early days in Prince Edward Island », est déposé aux MacNaught Hist. Centre and Arch. (Summerside, Î.-P.-É.), Macleod family fonds. Elle a aussi apporté sa contribution à plusieurs journaux : « Historical sketch of Summerside », Charlottetown Guardian, juillet 1915, suppl. : 33–36, et « Prince Edward Island in 1820 », 16 mars 1929 : 11 ; « A short sketch of Summerside from the time it was known as Green’s Shore until the present », Summerside Journal, mars 1916, numéro-souvenir, et « Summerside – its history and gradual development : the history of Summerside », 20 juin 1923 : 33–34. Son ouvrage Roads to Summerside […] (s.l., 1980) a été publié par Marjorie McCallum Gay.
PARO, Acc. 3466, ser. 80.169.— Past and present of Prince Edward Island […], D. A. MacKinnon et A. B. Warburton, édit. (Charlottetown, [1906]).— Zonta Club, A century of women (Charlottetown, 1967).
Jill MacMicken-Wilson, « RAMSAY, ADA (Macleod) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ramsay_ada_16F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
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