QUIGLEY, HARRY STEPHEN, soldat, aviateur et homme d’affaires, né le 3 mai 1888 à Toronto, fils de Robert John Quigley, homme d’affaires originaire du New Jersey, et d’Annie Jane Primrose, née à Québec ; décédé célibataire le 3 janvier 1929 à Port of Spain (république de Trinité-et-Tobago).
Fils du fondateur de l’American Watch Case Company of Canada, Harry Stephen Quigley est élevé à Toronto. Ses parents meurent prématurément (sa mère en 1899 et son père trois ans plus tard) en laissant dix enfants, dont plusieurs en bas âge. Harry Stephen et ses jeunes frères et sœurs sont élevés par l’aînée de la famille, Lillian Primrose. Très tôt, Harry Stephen exerce divers métiers – comptable, courtier immobilier, arpenteur – et, en 1914, on le trouve à Winnipeg. Là, il s’engage comme soldat dès le début de la Première Guerre mondiale et embarque le 3 octobre avec le 11th Infantry Battalion à destination de l’Angleterre. Son courage est bientôt mis à l’épreuve dans le Génie royal canadien (transmissions). Blessé au visage en mai 1915, vraisemblablement à la bataille d’Ypres, il reçoit la médaille de Conduite distinguée, devient lieutenant en janvier suivant et est décoré de la Croix militaire en août 1916. Après avoir su que le Royal Flying Corps cherche des officiers connaissant le morse pour ses unités d’observation, il obtient sa mutation le 30 octobre et sert comme observateur, notamment à la 9 Squadron. Il apprend par la suite à piloter. Promu capitaine en mai 1917, il termine la guerre dans la Royal Air Force. D’après les lettres à sa sœur Lillian Primrose, il semble que Harry Stephen ait convaincu son frère cadet, Francis Grainger, d’obtenir lui aussi une mutation dans la Royal Air Force. Francis Grainger a été l’un des grands as canadiens de la Première Guerre mondiale, puisqu’il a abattu 34 appareils ennemis. Malheureusement, à la veille d’être rapatrié, il contracte la grippe espagnole et meurt en 1918, Harry Stephen à son chevet.
Harry Stephen quitte l’uniforme en juillet 1919, mais les combats ont laissé des séquelles. De l’expérience des tranchées, il hérite un tempérament dépressif et un tremblement nerveux continuel, sauf quand l’adrénaline du stress le stimule. Comme beaucoup d’aviateurs, il souffre aussi de surdité partielle. Malgré son état de santé, son goût de voler l’amène à entreprendre une nouvelle carrière dans l’aviation civile naissante.
Quigley fréquente quelque temps les milieux de la Commission de l’air, organisme fédéral créé en juin 1919 et dont les ambitions sont multiples, notamment celle d’établir un service de patrouille forestière et de cartographie aérienne pour les provinces. L’organisme s’enferre toutefois rapidement dans des difficultés politiques byzantines, qui rebutent Quigley. Comme la Price Brothers and Company Limited, installée au Saguenay–Lac-Saint-Jean [V. sir William Price], se dote en 1920 d’un service aérien dans le même but, il y postule et est choisi chef pilote. C’est avec deux hydravions Martinsyde que Quigley et son équipe effectuent leur travail, à partir de Chicoutimi. À la fin de 1922, Price décide plutôt de faire appel à des sous-contractants et Quigley, afin d’être sur les rangs, fonde la Dominion Aerial Exploration Company. Price, puis le gouvernement de la province de Québec, lui confient des missions de protection des forêts, de transport et de photographie au Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord. Quigley emploie une demi-douzaine de pilotes et de mécaniciens, jusqu’à une vingtaine de personnes en tout. Propriétaire de deux hydravions HS-2L au départ, il acquiert régulièrement de nouveaux appareils : en 1928, il aura cinq hydravions HS-2L et deux monoplans Fairchild. En 1926, il transporte la base principale de Chicoutimi à Trois-Rivières, qui est plus central et où les perspectives de contrats sont meilleures. Il adopte alors une nouvelle raison sociale, la Canadian Airways Limited (à ne pas confondre avec la compagnie homonyme de James Armstrong Richardson*, qui achètera en 1930 une partie de l’actif autrefois détenu par Quigley).
Quigley est aussi un pionnier de l’aéropostale. En 1926, un de ses hydravions attrape du courrier ficelé dans un paquet étanche, attaché à une bouée de sauvetage, et que l’on a lancé de l’Empress of Scotland au large de l’île d’Anticosti. Le paquet est livré à Montréal après escale à Rimouski. Plein d’aléas, cet arrangement est rapidement abandonné. En septembre 1927, Quigley mène de nouvelles expériences pour le compte du ministère des Postes, mais cette fois le courrier est débarqué du transatlantique à la station de pilotage de Pointe-au-Père et, de là, acheminé vers l’ouest par voie aérienne. L’année suivante, Quigley obtient le contrat de poste aérienne sur la ligne Montréal-Toronto, un concurrent ayant obtenu la liaison vers l’est. Le transport du courrier devient dès lors l’une de ses principales activités et il transfère ses installations à Pointe-aux-Trembles (Montréal).
Comme sa santé décline, Quigley vend ses intérêts dans la Canadian Airways Limited en octobre 1928. Il part alors pour les îles de la Trinité et de Tobago dans l’espoir de se rétablir, mais il meurt à Port of Spain le 3 janvier suivant. Son service funèbre a lieu à Toronto.
Venu au monde de l’aviation à cause des hasards de la guerre, Harry Stephen Quigley y a connu une seconde vie pleine d’aventures, a fait preuve d’un zèle remarquable dans la défense de son pays et a mis la même ardeur à créer des services aériens pour la population canadienne. En dépit de sa courte carrière, il a réussi à laisser sa marque à titre de pionnier de l’aéronautique civile canadienne.
Arch. privées, Mme Joan Page (Waterdown, Ontario), Généal. de la famille Quigley ; corr. de H. S. Quigley avec sa sœur Lillian Primrose.— BAC, RG 150, Acc. 1992–93/166.— Canada, ministère de la Défense nationale, Quartier général de la défense nationale, Dir. Hist. et Patrimoine (Ottawa), Canadians in the British flying service, 1914–1918, 77/661 ; Victor Tremblay, « M. Harry Quigley » (copie dactylographiée, 1961).— Canada, ministère de la Défense nationale, Report on civil aviation (Ottawa), 1923–1930.— F. H. Ellis, Canada’s flying heritage (Toronto, 1954), 161s., 239, 313s., 364.— Histoire officielle de l’Aviation royale du Canada (3 vol. parus, [Ottawa], 1982– ), 1 ; 2.— G. A. Mackie, « Aviation suffers severe loss in death of Capt. H. S. Quigley », Illustrated Canadian Forest and Outdoors (Montréal), 25 (1929) : 51.— Larry Milberry, Air transport in Canada (2 vol., Toronto, 1997), 1.— K. M. Molson, Pioneering in Canadian air transport ([Winnipeg], 1974).— [G. J.] Whitehouse, Heroes of the sunlit sky (Garden City, N.Y., 1967), 230s.
Yves Tremblay, « QUIGLEY, HARRY STEPHEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/quigley_harry_stephen_15F.html.
Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:
Permalien: | http://www.biographi.ca/fr/bio/quigley_harry_stephen_15F.html |
Auteur de l'article: | Yves Tremblay |
Titre de l'article: | QUIGLEY, HARRY STEPHEN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |