QUÉRÉ DE TRÉGURON, MAURICE, prêtre, sulpicien, missionnaire, né probablement à Châteauneuf-du-Faou (dép. du Finistère, France), le 23 septembre 1663, décédé à Montréal le 7 août 1754.
Maurice Quéré de Tréguron fut ordonné prêtre le 9 septembre 1689 et il n’entra dans la Compagnie de Saint-Sulpice, à Paris, que le 20 février 1692, après avoir obtenu sa licence en théologie. Selon le témoignage de Louis Tronson, supérieur général de la Compagnie de Saint-Sulpice, Quéré de Tréguron serait arrivé à Montréal à l’automne de 1692. François Dollier* de Casson, supérieur du séminaire de Montréal, lui accorda quelques mois de repos, sur la recommandation du supérieur général, puis lui confia, à l’automne de 1693, la charge d’économe et de secrétaire des seigneurs de l’île de Montréal. Il exerça cette fonction jusqu’en février 1695, alors qu’il devint missionnaire auprès des Indiens domiciliés dans les environs de Montréal.
Quéré de Tréguron commença à exercer son ministère à la mission de la Montagne, au moment où elle entrait dans une période d’instabilité qui devait durer plus de 30 ans, et dont il connut toutes les phases. Cette instabilité se traduisit par des déménagements successifs dont le premier eut pour cause immédiate l’incendie du fort de la Montagne et de toutes les installations de la mission par un Indien en état d’ivresse, à l’automne de 1694. Il fut décidé alors d’éloigner les Indiens de la ville où ils pouvaient trop facilement se procurer des boissons enivrantes et d’établir la nouvelle mission sur le bord de la rivière des Prairies, au pied du sault au Récollet, dans un lieu sauvage séparé de tous côtés des habitations françaises par un bois de quatre à cinq milles de largeur. Il fallut commencer par défricher une terre puis construire une chapelle, un fort, un manoir seigneurial, des résidences pour les religieuses et pour les Indiens. Commencé en 1696, ce déplacement prit fin seulement en 1704. Durant ces années, Quéré de Tréguron dut prendre part à tous les travaux d’installation et de déménagement sous la direction de son confrère Robert-Michel Gay*, supérieur de la mission.
En 1720, afin de protéger les Indiens de l’ivrognerie, on crut nécessaire de les éloigner encore davantage des Blancs qui, dans l’intervalle, avaient acquis des terres dans le voisinage de la mission, tant sur l’île Jésus que sur l’île de Montréal. Cette fois cependant, à cause de son âge et de ses infirmités, le supérieur de la mission confia à M. Quéré les travaux d’installation et le transport qui eut lieu en février 1721.
Les sulpiciens avaient choisi pour site un lieu isolé situé à 35 milles de Montréal, sur le bord du lac des Deux-Montagnes, dans la seigneurie du même nom que le séminaire de Saint-Sulpice de Paris s’était fait concéder en 1717. Dès 1720, on entreprit le défrichement d’un immense terrain destiné aux Indiens ; par la suite, une chapelle et une résidence provisoires pour les missionnaires furent bâties. Des fouilles pratiquées en 1876 révèlent que ces constructions, situées à environ 300 pieds du lac, étaient en bois et que la chapelle mesurait 100 pieds sur 40 et la résidence, 60 sur 40.
En 1725, à la mort de Robert-Michel Gay, Quéré de Tréguron devint supérieur de la mission et, de ce fait, avait charge de veiller aux besoins spirituels et temporels de ses néophytes. On peut présumer qu’il choisit lui-même le site définitif de la mission et s’occupa de tous les détails du nouvel établissement, fixé à trois quarts de mille plus à l’ouest de l’ancien site, sur une pointe qui s’avance dans le lac, et où se trouve aujourd’hui le presbytère de la paroisse de l’Annonciation d’Oka. Les travaux commencèrent en 1728 par la construction d’une église et d’un manoir en pierre, comme l’exigeait le contrat de concession de la seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes ; quant au fort, qui devait être aussi en pierre, il ne fut construit qu’en 1741. Déjà en 1734, les Indiens étaient tous installés près de la nouvelle église, les Iroquois à l’ouest et les Algonquins à l’est, chaque groupe ayant sa propre organisation.
En 1754, après 59 ans de travaux missionnaires marqués par une grande charité et une rare patience, Maurice Quéré de Tréguron donna sa démission et fut remplacé par Hamon Guen. Il se retira au séminaire de Montréal où il mourut le 7 août de la même année, âgé de près de 91 ans.
ASSM, Section de la correspondance générale ; Section de la seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes ; Section des biographies ; Section des cartes et plans ; Section des concessions de terre et d’emplacement de l’île de Montréal.— Allaire, Dictionnaire.— Gauthier, Sulpitiana.— C.-P. Beaubien, Le Sault-au-Récollet ; ses rapports avec les premiers temps de la colonie ; mission-paroisse (Montréal, 1898), 155s., 274–280.— [É.-M. Faillon], Vie de la sœur Bougeoys, fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame de Villemarie en Canada, suivie de l’histoire de cet institut jusqu’à ce jour (2 vol., Villemarie [Montréal], 1853), II : 168, 264–267.— Olivier Maurault, Marges d’histoire (3 vol., Montréal, 1929–1930), III.— Pierre Rousseau, Saint-Sulpice et les missions catholiques (Montréal, 1930).— J.-A. Cuoq, Anotc kekon, MSRC, 1re sér., XI (1893), sect. i : 137–179.— Olivier Maurault, Les vicissitudes d’une mission sauvage, Revue trimestrielle canadienne, XVI (1930) : 121–149.
Antonio Dansereau, « QUÉRÉ DE TRÉGURON, MAURICE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/quere_de_treguron_maurice_3F.html.
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Auteur de l'article: | Antonio Dansereau |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |