PURCELL, JAMES, architecte à St John’s, né vers 1804 ; circa 1841–1858.
Au cours de 1841, ou peut-être avant, l’évêque catholique de St John’s, Michael Anthony Fleming*, qui était un homme volontaire, eut un grave désaccord avec l’architecte qu’il avait engagé pour surveiller la construction de la cathédrale St John the Baptist et le remplaça par James Purcell, tailleur de pierres et entrepreneur de maçonnerie venu de Cork (république d’Irlande). On ignore ce que fit Purcell avant d’accepter ce travail en 1841 et après son départ en 1858, mais il est clair qu’il devait être plus souple que son prédécesseur et qu’il était plus disposé à accepter ou à contourner les décisions de Mgr Fleming.
Il est probable que cette souplesse et l’association de Purcell avec Patrick Kough*, surintendant des édifices publics de Terre-Neuve, furent les principaux facteurs qui firent de Purcell l’architecte le plus en demande à St John’s durant les années 1840 et la décennie qui suivit. On peut juger de son importance par les contrats qu’il reçut et par le fait que, dans la ville de St John’s, en proie aux rivalités religieuses, les deux principales confessions lui accordèrent leur clientèle. En 1842, tout en travaillant à la cathédrale, il dessina et construisit une annexe à une des Orphan Asylum Schools dirigées par la Benevolent Irish Society. Deux ans plus tard, il ajouta à cette annexe un portique servant aussi d’observatoire. Toujours en 1842, les anglicans lui demandèrent de tracer les plans d’une petite chapelle qui devait être construite à Quidi Vidi, ainsi que ceux de la cathédrale qu’ils se proposaient d’ériger à St John’s. Dans les deux cas, les plans furent dessinés dans le style néo-gothique, en vogue depuis peu à Terre-Neuve. La Christ Church, à Quidi Vidi, qui ouvrit ses portes en 1843, était une petite construction cruciforme, à charpente de bois, qui comprenait des éléments simplifiés de l’architecture gothique sous forme de fenêtres et de portes en arcs brisés. La version finale de l’ouvrage s’éloignait considérablement des plans originaux de Purcell, lesquels prévoyaient des contreforts à clochetons à chaque coin et un malencontreux abri baroque en porte-à-faux pour les cloches au-dessus du vestibule. Les plans de la cathédrale furent acceptés par l’évêque Aubrey George Spencer*, mais rejetés carrément par son successeur, Edward Feild*, qui les décrivit en 1844 comme une « lamentable imitation » d’une église par « un honnête homme [qui] s’y connai[ssait] autant en architecture religieuse que le montr[aient] ses dessins ». Contrairement à Spencer, Feild adhérait à la high church et, en matière d’architecture, adhérait au mouvement ecclesiologist qui n’admettait que les formes gothiques les plus orthodoxes. Feild gagna son point, et les plans de la cathédrale furent dessinés par George Gilbert Scott dans le style gothique primitif ; la construction de la cathédrale commença en 1847. Il semble que Purcell ait été chargé de dresser les plans de la Theological Lecture Room située sur la route Military, laquelle fut construite vers 1842. Sa structure à charpente de bois était ornée de clochetons et comportait des détails rappelant ceux qui décoraient la Christ Church.
En 1846, Purcell avait dessiné les plans de son œuvre la plus importante, le Colonial Building, qui allait abriter le Parlement, composé de deux chambres, et les services gouvernementaux. Cet édifice, de style néo-classique et doté d’un portique de style ionique, fut officiellement inauguré le 28 janvier 1850. Il devait originellement être situé dans la basse ville et comprendre un bâtiment abritant un marché, mais comme Purcell et Kough le soulignèrent, ce premier emplacement, au sommet d’une colline très escarpée, n’était pas de nature à mettre l’édifice en valeur. L’Assemblée accepta cette opinion, et le Colonial Building fut érigé sur la route Military juste à côté de la résidence du gouverneur, tandis que le marché fut combiné à un palais de justice et construit sur l’emplacement initial de la rue Water. Le Colonial Building, qui fut le siège de la chambre d’Assemblée jusqu’en 1959, loge maintenant les archives de la province.
Au cours des années 1850, c’est l’Église catholique qui semble avoir été la protectrice de Purcell. De 1850 à 1853, il travailla, de nouveau avec Kough, à la construction du Présentation Convent. L’ouvrage suivant, commandé aussi par les autorités religieuses catholiques, fut le St Bonaventure’s College (1857–1858), fait d’un granit très grossièrement taillé, matériau qu’on s’était procuré à bon marché lorsque le gouvernement avait réduit les dimensions du pénitencier qu’il se proposait de construire. Certains détails architecturaux du collège, notamment le traitement des encadrements des fenêtres et le couronnement des combles sur pignon, se retrouvent dans le palais épiscopal et le Mercy Convent, construits respectivement en 1854 et 1858. Ces similitudes portent à croire que Purcell a pu être aussi l’architecte de ces deux édifices.
Purcell n’a pas, que l’on sache, dessiné des plans de constructions résidentielles ou commerciales à Terre-Neuve, peut-être parce qu’il était trop occupé à exécuter des ouvrages commandés par les autorités civiles et religieuses. De 1846 à 1849, il acheta un certain nombre de terres à St John’s, probablement à des fins de spéculation. Toutefois, la situation économique de Terre-Neuve se détériora en 1849 et, dès 1852, toutes les terres de Purcell étaient hypothéquées. Les difficultés financières de ce dernier continuèrent sans doute à s’aggraver, puisqu’en 1857 il se trouva dans une situation précaire, à tel point qu’en août 1858 il était devenu insolvable et quittait Terre-Neuve.
Les constructions exécutées par James Purcell laissent l’impression que cet architecte était compétent, mais dépourvu d’imagination et d’audace. Son association avec Kough, qui avait la réputation de faire un travail honnête et de qualité, lui permit de poursuivre une carrière assez fructueuse à une époque où l’économie était florissante. En fait, cette carrière fut grandement favorisée par le boom dans le domaine de la construction qui suivit l’incendie de juin 1846, à St John’s, mais elle ne put survivre aux conjectures de Purcell sur cette prospérité soudaine ni au ralentissement général de l’économie qui marqua les dix années suivantes.
T.-N., Registry of Deeds, Companies & Securities (St John’s), Deeds, Central District, 11 : fos 219, 507 ; 12 : fos 167, 197–198, 200 ; 13 : fos 32, 436, 527 ; 16 : fo 46.— USPG, C/CAN/Nfl., folders 276–294 (infra aux PANL).— Newfoundlander, 24 févr. 1842.— Patriot (St John’s), 28 juill. 1841.— Public Ledger, 1841–1858.— Times and General Commercial Gazette (St John’s), 9 nov. 1842, 28 juin 1843.— Centenary volume, Benevolent Irish Society of St. John’s, Newfoundland, 1806–1906 (Cork, République d’Irlande, [1906]), 68.— Wallace Furlong, « The history of St. Bonaventure’s College », The Adelphian : 125th anniversary, 1857–1982, St. Bonaventure’s School, St. John’s, Newfoundland ([St John’s, 1982]), 14.— Howley, Ecclesiastical hist. of Nfld.— [M. P. Murphy], The story of the Colonial Building, seat of parliament from 1850 to 1860, now the home of the Newfoundland and Labrador provincial archives (St John’s, 1972).— O’Neill, Story of St. John’s, 2.
Shane O’Dea, « PURCELL, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/purcell_james_8F.html.
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Année de la publication: | 1985 |
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