PROWSE, BENJAMIN CHARLES, marchand et homme politique, né le 10 décembre 1862 près de Charlottetown, fils de William Prowse et d’Eleanor Eliza Horne ; le 30 juin 1886, il épousa à Charlottetown Amanda Maud Millner (décédée en 1928), et ils eurent trois fils, dont l’un mourut bébé, et une fille, puis le 9 janvier 1929, à Ottawa, Clara (Clare) Eliza Isabelle MacMillan ; décédé le 22 février 1930 à Charlottetown.

Benjamin Charles Prowse fréquenta l’école aussi bien à la campagne qu’à Charlottetown et acquit une vaste expérience pratique, mais il ne poursuivit pas ses études au delà du secondaire. Encore adolescent, il fut employé par une entreprise de nouveautés à Charlottetown, la W. A. Weeks and Company ; c’est ainsi que sa carrière commença. Au début des années 1880, il était premier commis dans un magasin de vêtements pour hommes appartenant à son frère Lemuel Ezra et, dès 1886, il y était associé en second.

Connu à compter de 1889 sous la raison sociale de Prowse Brothers, le commerce prospéra, en partie grâce à une vigoureuse stratégie de mise en marché. Les frères Prowse, qui s’affichaient par exemple comme « les champions de l’aubaine » et « les copains du fermier », visaient les gens à revenu moyen et les campagnards, ces derniers formant un segment particulièrement important de l’économie insulaire. Pour attirer la clientèle, ils affirmaient consentir « les plus extraordinaires rabais de l’Île[-du-]P[rince-]É[douard] » et « faire des soldes monstres ». En outre, ils organisaient diverses attractions dans leur magasin : concours de comptage de fèves, exhibition d’ours noirs, de mouflons et d’élans. En 1896, peu après que leur établissement se fut classé deuxième parmi les commerces de nouveautés de Charlottetown à la suite d’un sondage de popularité fait à la foire annuelle de la ville, la Prowse Brothers absorba l’entreprise qui était arrivée troisième. Déjà, son inventaire de marchandises sèches s’était diversifié et elle occupait l’un des meilleurs emplacements commerciaux de la ville. De 1903 à 1907, elle exploita une filiale à Sydney, en Nouvelle-Écosse, la Prowse Brothers and Crowell. Vers 1906, à l’issue d’une restructuration, elle devint une société par actions à responsabilité limitée, sous la vice-présidence et la direction générale de Benjamin Charles. Après le décès de son frère en décembre 1925, ce dernier assumerait la présidence. En 1930, la Prowse Brothers serait réputée l’une des plus grosses entreprises de sa catégorie dans les Maritimes. Benjamin Charles détenait aussi des intérêts dans une entreprise de papeterie et de cadeaux, la Carter and Company Limited. Il figura parmi ceux qui la firent constituer juridiquement en 1903 et en fut président pendant un temps aux alentours de la Première Guerre mondiale.

À l’exemple de son frère aîné, Benjamin Charles Prowse fit de la politique, quoique de manière plus effacée. Lemuel Ezra remporta un siège à l’Assemblée législative de l’île en 1893. Benjamin Charles, lui, entama sa carrière publique en 1904 en se faisant élire conseiller municipal du quartier no 4. On discutait alors beaucoup de l’à-propos, pour la municipalité, de se porter acquéreur de la centrale électrique. Prowse avait manifesté de l’intérêt pour la production d’électricité dès 1902 en sollicitant, avec d’autres, la constitution juridique de la Commercial Lighting Company Limited. Apparemment, il appuya l’acquisition d’une centrale d’énergie par Charlottetown aux élections de 1904, sans en être l’un des principaux partisans. En fin de compte, il soutint une entente en vertu de laquelle le fournisseur privé réduirait ses tarifs. En 1906, comme en 1904, il récolta une forte majorité. Charlottetown connaissait une période assez prospère, si bien que le conseil municipal était en mesure d’exécuter des travaux de voirie et de bonifier divers services, dont celui des eaux. Dans l’ensemble, la population accueillait favorablement ce regain d’activité, que la presse attribuait à l’amélioration de la qualité des candidats municipaux. Prowse fut élu maire en 1908 à l’issue d’une campagne où il lança quelques accusations diffamatoires. Même si, au terme de son mandat, le Patriot nota que « les affaires de [la] ville [avaient] été administrées avec tant de succès et à si peu de frais […] qu’il n’y [avait] rien à redire », il refusa de se porter candidat en 1910.

Un an plus tard, le 5 mai 1911, Prowse accéda au Sénat. Le poste était vacant depuis quelque temps et les commentateurs parlèrent surtout de son jeune âge. Certains émirent l’avis que, à l’origine, sir Wilfrid Laurier* avait eu l’intention de nommer Lemuel Ezra, député aux Communes depuis 1908, mais que, prévoyant peut-être que les prochaines élections fédérales seraient difficiles, il avait plutôt choisi celui des frères Prowse qui avait le moins de valeur sur le plan politique. Bien que des indices étayent cette hypothèse, la presse reconnut que Benjamin Charles était populaire et sympathique, que c’était un homme qui avait réussi et qu’il faisait montre de loyauté en politique. Porté plutôt à travailler en coulisse, il ne se distingua pas particulièrement comme sénateur. On lui attribuerait le mérite d’avoir défendu les représentations du gouvernement de John Alexander Mathieson* en faveur d’une hausse de la subvention fédérale en 1912 et d’avoir obtenu des avantages fiscaux pour les marchands de voitures de l’île dans les années 1920.

Benjamin Charles Prowse avait servi dans la milice de 1878 à 1896 et y avait atteint le grade d’officier. En outre, il était membre actif de quelques fraternités et s’adonnait à des sports de plein air, notamment la bicyclette (il avait fait des compétitions dans sa jeunesse), la pêche et le tir. Admiré pour ses qualités de « bon camarade et [sa] loyauté envers ses amis », il était considéré comme franc et direct, réfractaire à l’affectation et à l’hypocrisie et charitable sans ostentation. Élevé dans la foi méthodiste, il ne semble pas avoir cherché à jouer un rôle de leader religieux. Sa vie, foncièrement modeste, fut constructive et réussie. Il sut maintenir un équilibre entre les exigences de la famille, des affaires et de la chose publique. À la fin du xixe siècle et au début du xxe, la société de l’Île-du-Prince-Édouard et de l’ensemble du Canada reposait sur des personnes de ce genre.

Peter E. Rider

La consultation des archives généalogiques aux PARO (P.E.I. Geneal. Soc. coll., reference files, Prowse family) a permis d’obtenir beaucoup de dates importantes concernant Benjamin Charles Prowse, ainsi que des détails sur sa deuxième femme (MacMillan family file). On trouve également à cet endroit un dossier sur la famille Prowse dans la coll. de la P.E.I. Museum and Heritage Foundation (Acc. 3466, ser. 73.100, nº 15) et une notice biographique dans les papiers Matheson (Acc. 3043/439-440).

Les journaux sont une source importante de renseignements sur les événements qui ont marqué la vie de Prowse. Le premier mariage de Prowse est mentionné dans le Summerside Journal (Summerside, Î.-P.-É.) du 8 juill. 1886, le décès de sa femme, dans le Charlottetown Guardian du 14 févr. 1928, et son deuxième mariage, dans le Guardian du 10 janv. 1929, et, avec plus de détails, dans le Patriot de Charlottetown et l’Ottawa Citizen du même jour. Une notice nécrologique sur Prowse a paru dans le Guardian et le Patriot le 24 févr. 1930 et sous la rubrique « Notes by the way », dans le Guardian le jour suivant. On trouve des articles sur sa nomination au Sénat dans le Guardian et le Patriot du 5 mai 1911, et dans l’Examiner (Charlottetown) du 4 et du 5 mai 1911. Une lettre dans les papiers Laurier (AN, MG 26, G : 159729–159731) révèle l’intérêt de Lemuel Ezra Prowse pour ce poste de sénateur.

Le Relevé des journaux des provinces canadiennes de l’Atlantique (que peuvent consulter les abonnés du Réseau canadien d’information sur le patrimoine, administré par l’entremise de Communications Canada, Ottawa) contient de nombreuses références aux frères Prowse. Le journal de l’entreprise de l’année 1885–1886 est conservé aux PARO (Acc. 4327).

On trouve des détails sur les activités de Benjamin Charles Prowse qui ont trait à la controverse sur l’éclairage de la ville dans le Guardian du 12 juill. 1904. Il est fait référence à cette question et à d’autres sujets liés à sa carrière politique municipale dans les Records of the City of Charlottetown (PARO, RG 20), particulièrement dans les procès-verbaux du conseil, 12–13. La participation de Prowse à la constitution juridique de la Commercial Lighting Company est consignée dans P.E.I., Acts, 1902, c. 23. La question de l’éclairage des rues est décrite dans H. [T.] Holman, « “A lamp to light their paths” : lighting the streets of Charlottetown », dans Gaslights, epidemics and vagabond cows : Charlottetown in the Victorian era, D. [O.] Baldwin et Thomas Spira, édit. (Charlottetown, 1988), 138–152. [ p. e. r.]§

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Peter E. Rider, « PROWSE, BENJAMIN CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/prowse_benjamin_charles_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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