PRICE, EVAN JOHN, homme d’affaires et homme politique, né le 8 mai 1840 à Québec, quatrième fils de William Price* et de Jane Stewart ; décédé célibataire le 31 août 1899 au même endroit.

À l’époque où Evan John Price naquit, sa famille était confortablement établie dans son domaine de Wolfesfield, situé à l’endroit même où James Wolfe* et ses soldats s’étaient présentés pour la bataille des plaines d’Abraham le matin du 13 septembre 1759. William Price, toujours rattaché à son pays d’origine par des liens familiaux très étroits, envoya ses fils parfaire leur éducation en Angleterre. En 1853, après un court séjour chez Kenneth Dowie, ancien associé de William Price et de Peter McGill*, on inscrivit le jeune Evan John dans une école privée de Brighton, en Angleterre. En novembre 1855, le directeur de cette école, C. J. Langtry, faisait état du « manque d’application et [des] habitudes déplorables de Johnny », qui semble avoir quitté cet établissement dès Noël de cette année-là. Encore en Angleterre trois ans plus tard, il écrivit à sa sœur Mary qu’il ne désirait pas aller à Oxford poursuivre ses études. Ne connaissant ni les classiques ni le grec, il préférait orienter sa carrière vers l’agriculture ou le commerce.

Néanmoins Evan John ne semble pas s’être intéressé au commerce du bois aussi précocement que l’aîné de ses frères, David Edward. Celui-ci entra dès décembre 1844, à l’âge de 18 ans, chez James Dowie et Nathaniel Gould, associés de son père à Londres, pour ensuite revenir au Canada en 1847 et prendre place dans l’entreprise paternelle. Cependant, la compagnie, qui s’était beaucoup développée surtout depuis 1838 et notamment le long du Saguenay [V. Peter McLeod* ; William Price ; Alexis Tremblay*, dit Picoté], faisait face à de sérieux ennuis financiers. Acharné, William surmonta les difficultés et, en 1855, il fondait la William Price and Son. William Evan Price*, qui résidait à Chicoutimi, au cœur de l’empire de Price au Saguenay, assuma avec son père la direction de la société, tandis que David Edward se fit élire député. Deux autres frères, Henry Ferrier et Lewis Albert, firent affaire dans l’élevage au Chili avec leur oncle Richard Price. Le troisième en âge des frères, Richard, fit carrière dans l’armée britannique et mourut, jeune encore, à Gibraltar. Edward George Price resta en Angleterre après ses études et ouvrit en 1866 la maison commerciale Price and Pierce, engagée dans le commerce du bois à Londres.

Evan John, dès son retour d’Angleterre vers 1861, prit lui aussi place à la tête de l’entreprise familiale et s’installa à Québec. Toutefois, il ne semble pas s’être beaucoup occupé de la compagnie au début, mais il consacra plutôt son énergie à des explorations minières. Seul ou en association avec William Rhodes, Thomas Sheppard Barwis et Robert Lomas, il possédait des terres utilisées à cette fin dans les comtés de Wolfe et de Mégantic. En 1864, ils exploitèrent ensemble une mine, probablement de cuivre, dans le canton d’Inverness, près de l’endroit appelé Saint-Ferdinand-d’Halifax.

En janvier 1867, deux mois avant le décès de son fondateur, la William Price and Son fut dissoute. Tout l’actif de la compagnie fut vendu pour la somme de 5s à la Price Brothers and Company, composée des frères David Edward, William Evan et Evan John Price. William Evan continua de s’occuper des affaires de la compagnie jusqu’à ce qu’il meure en 1880, puis David Edward prit la relève. À la mort de ce dernier trois ans plus tard, Evan John hérita de la compagnie et en assuma la direction. Un proche de la famille, Walter John Ray, nota dans ses mémoires que « D. E. P. mourut en août 1883 laissant E. J. P. seul associé survivant des trois frères – tous célibataires – qui formaient la firme Price Brothers & Co. à poursuivre de droit divin une entreprise dont il ignorait presque tout ». En 1885, William Price* – qui allait devenir sir William –, le neveu d’Evan John, entra au service de la compagnie et, 14 ans plus tard, il héritait de la direction.

De sa résidence de Québec, Evan John participa à l’administration de la Compagnie des steamers de Québec et de la Compagnie du chemin de fer de Québec, Montmorency et Charlevoix. Il fut aussi vice-président de la Banque Union du Canada et président de la A. Gravel Lumber Company. Au début des années 1880, avec un autre capitaliste de Québec, Timothy Hibbard Dunn, il investit des sommes importantes dans des prêts hypothécaires consentis au lieutenant-gouverneur du Manitoba Joseph-Édouard Cauchon*. Par suite de la faillite de ce dernier, Price devint avec Dunn l’un des plus importants propriétaires immobiliers de Winnipeg. D’allégeance conservatrice comme ses frères David Edward et William Evan, il fut nommé au Sénat le 1er décembre 1888 pour la division des Laurentides, la même qu’avait représentée David Edward de 1867 à 1883. Sénateur plutôt inactif, il n’occupa son siège « qu’à de rares intervalles » d’après l’Événement de Québec.

Evan John Price mourut le 31 août 1899 dans le domaine familial. La Price Brothers and Company passa aux mains de son neveu, avant de devenir une société ouverte en 1904, avec un capital de 2 millions de dollars, et d’être réorientée vers le secteur des pâtes et papiers pendant les premières années du xxe siècle.

John Keyes

AC, Québec, État civil, Anglicans, Metropolitan Church, 9 juill. 1840 ; St Michael’s Chapel (Sillery), 2 sept. 1899.— ANQ-Q, P–666.— Arch. de l’univ. Laval, 220.— L’Événement, 31 août 1899.— Gazette (Montréal), 1er sept. 1899.— Montreal Daily Star, 31 août 1899.— Quebec Mercury, 31 août 1899.— Le Soleil, 31 août 1899.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898), 833–834.— 1. Desjardins, Guide parl., 71, 170, 251.— Political appointments and judicial bench (N.-O. Côté), 171.— Répertoire des ministères canadiens.— Louise Dechêne, « William Price, 1810–1850 » (thèse de licence, univ. Laval, 1964).— John Keyes, « The Dunn family business, 1850–1914 : the trade in square timber at Quebec » (thèse de ph.d., univ. Laval, 1987).— The storied province of Quebec ; past and present, William Wood et al., édit. (5 vol., Toronto, 1931–1932), 4.— Victor Tremblay, Histoire du Saguenay depuis les origines jusqu’à 1870 (Chicoutimi, Québec, 1968).— Louise Dechêne, « les Entreprises de William Price, 1810–1850 », Histoire sociale (Ottawa), n° 1 (avril 1968) : 16–52.

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John Keyes, « PRICE, EVAN JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/price_evan_john_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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