PRATT, CHARLES, catéchiste de l’Église d’Angleterre, instituteur et trafiquant de fourrures de la Hudson’s Bay Company, né vers 1816 dans une tribu de Cris-Assiniboines, connue sous le nom de Young Dogs, dans la région des lacs Little, situés dans la vallée de la rivière Qu’Appelle (Saskatchewan), probablement le fils d’une Indienne stony et d’un Cri ou d’un Métis, décédé en 1888 dans la réserve de Gordon (au sud de Wynyard, Saskatchewan).

Charles Pratt fut amené à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) par le révérend John West* et baptisé dans l’Église d’Angleterre, le 8 juin 1823. Après avoir fait ses études à la Red River Academy où West fut un de ses professeurs, il entra, en 1840, au service de la Hudson’s Bay Company. On l’envoya au fort Pelly (Fort Pelly, Saskatchewan) où il demeura jusqu’en 1844. De retour à la Rivière-Rouge en 1848, il étudia avec le révérend William Cockran*. Au début des années 1850, Pratt retourna dans la région du fort Pelly, des monts Touchwood et de la rivière Qu’Appelle à titre de catéchiste et de prédicateur laïc auprès des Cris-Assiniboines.

Bien qu’il dût compter principalement sur la chasse au bison pour gagner sa vie, Pratt continua de prêcher les bienfaits d’une vie chrétienne sédentaire et encouragea l’établissement d’une colonie au fort Pelly et dans la région des monts Touchwood. Il tenta aussi de donner l’exemple aux Indiens ; en 1858, le géologue et explorateur Henry Youle Hind* le trouva installé dans une cabane de troncs d’arbres, avec un jardin et six ou sept vaches. Malheureusement, ses efforts, même auprès des sang-mêlé, ne donnèrent pas grand résultat. Son manque d’expérience ou d’équipement, les déprédations des Indiens des Plaines et les caprices du climat entraînèrent la faillite de l’établissement agricole.

Pratt exerça une assez grande influence sur les Indiens et les sang-mêlé de la région de la rivière Qu’Appelle auprès de qui son rang de catéchiste pouvait se comparer à celui d’un chaman. En 1873, il empêcha les Indiens de la région des monts Touchwood de se soulever et, le 8 septembre 1874, il fut l’un des interprètes aux négociations du traité no 4 au fort Qu’Appelle (Fort Qu’Appelle) auxquelles participèrent notamment Paskwüw et Mīmīy.

Pendant toute sa carrière, Pratt travailla sous l’égide de la Church Missionary Society mais, malgré ses profondes convictions religieuses, cette association ne le satisfaisait pas. Il se plaignait fréquemment du faible soutien financier et il considérait que sa situation était à peine meilleure que celle d’un esclave. Il n’en fit pas mention directement, mais ce fut sans doute en partie à cause de la discrimination raciale exercée par les membres de la société qu’il reçut si peu d’aide financière et si peu d’avancement. Il éprouva sa plus grande déception en 1874, année où l’on nomma l’Anglais Joseph Reader à la direction des missions de la région de la rivière Qu’Appelle ; en effet, ce dernier ne parlait pas le cri et ne pouvait supporter les contraintes de la vie dans les Prairies.

Grâce à ses rapports avec l’Église, Pratt bénéficia de quelques avantages sociaux. En 1855, il avait épousé Catherine Stevenson, dont le père était fermier à la colonie de la Rivière-Rouge. Leurs 11 enfants firent carrière, d’une manière passable, dans l’Église ou au service de la Hudson’s Bay Company. Il semble que Pratt se soit remarié en 1874, mais ce second mariage fut beaucoup moins stable ; apparemment, son épouse l’abandonnait fréquemment pour des séjours prolongés chez ses parents. Pouvant difficilement subvenir aux besoins de sa famille par la pêche, la chasse et les produits de la ferme, il connut la faim et la misère au moment de la disparition du bison. En 1876, malade et se rendant compte que l’Ouest qu’il avait tant aimé était en train de disparaître, il s’installa dans la réserve de Gordon avec une bande composée pour une grande part de sang-mêlé. Il y remplit les fonctions d’enseignant et de catéchiste jusqu’à sa mort en 1888. Les dernières années de sa vie furent amères car il savait trop bien que les beaux jours des sang-mêlé étaient chose du passé.

Frits Pannekoek

APC, RG 10, B3, 4 073, file 438 876.— CMS Arch., C, C.1/O, Journals of Charles Pratt ; Journals of Joseph Reader.— PAM, HBCA, A.32/49 ; B. 159/a ; E.4 ; E.5 ; E.6 ; MG 2, B3 ; MG 12, B.— Saskatchewan Arch. Board (Regina), Arch. of the Anglican Diocese of Qu’Appelle.— H. Y. Hind, North-West Territory : reports of progress ; together with a preliminary and general report on the Assiniboine and Saskatchewan exploring expedition [...] (Toronto, 1859).— Boon, Anglican Church.

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Frits Pannekoek, « PRATT, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pratt_charles_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    1 décembre 2024