POWELL, ANN JANE (Gray), institutrice et réformatrice sociale, née le 1er octobre 1853 dans le canton de Markham, Haut-Canada ; le 12 août 1879, elle épousa à Princeton, Ontario, Henry Gray (décédé en 1938), et ils eurent trois filles et trois fils ; décédée le 12 mars 1924 à Toronto.
Ann Jane Powell était probablement la fille de George Powell, fermier, et de Mary Ann Thomas. Dans les années 1860, son père étant mort, semble-t-il, elle alla vivre avec sa mère dans le canton de Moore, sur la rivière St Clair. Élève à Mooretown, elle remporta le premier prix de lecture aux examens du canton le 2 juin 1866, soit le jour même de la bataille contre les féniens à Ridgeway [V. John O’Neill*], de sorte que sa famille s’en souvint longtemps. C’est également à ce concours qu’elle fit la connaissance de Henry Gray, encore aux études comme elle, qui deviendrait son mari. Après avoir quitté l’école de Mooretown, elle partit étudier pour devenir institutrice, à St Clair, au Michigan, de l’autre côté de la rivière. Elle obtint un certificat de première classe et enseigna dans des écoles de campagne, puis, à St Clair et à Marine City. Durant cette période, elle fut aussi organiste à l’église méthodiste.
Après son mariage en 1879, Ann Jane Gray s’établit à Vankleek Hill, en Ontario, où son mari avait été nommé directeur de l’école modèle du comté. Vers 1893, les Gray s’installèrent à Toronto. Henry y travailla comme directeur d’une école publique, mais Ann Jane avait abandonné l’enseignement, sans doute pour élever sa famille. Active dans les églises qu’elle fréquentait, notamment celles de North Parkdale (où elle donna des cours du dimanche) puis de High Park, elle contribua à l’organisation de conseils trimestriels officiels et de sections locales de la Methodist Ladies’ Aid et de la Woman’s Missionary Society. Elle fut la première présidente de la Woman’s Missionary Society de North Parkdale, fonda en 1913 la West District Ladies’ Aid (dont elle devint la première présidente) et participa à la création de groupes semblables dans les districts du centre et de l’est de la ville. En 1919, on la nommerait membre à vie de la Ladies’ Aid, en reconnaissance de ses services.
Dans toutes ses activités, Mme Gray se fit une implacable championne de la tempérance. « Elle portait toujours sur sa robe une épinglette blanche », emblème de l’Union chrétienne de tempérance des femmes, rappellerait-on d’ailleurs dans une notice nécrologique. Mme Gray œuvra à tous les échelons de la hiérarchie de l’Union chrétienne de tempérance des femmes dans la région de Toronto : secrétaire de la section de Gordon, vice-présidente (1898–1899) puis présidente (1900–1911) de la section de Parkdale, et première présidente (1911–1922) de la section de Howard Park. Elle encourageait particulièrement les membres à consacrer de temps à autre un dimanche, habituellement un par trimestre, à la cause. Elle travailla également au programme d’assistance aux voyageuses mis en place par l’union pour aider les jeunes femmes cherchant du travail à Toronto à trouver un logement et un emploi sécuritaires. Elle fut surintendante du groupe de travail du journal, tant pour le district de Toronto que pour la section de Parkdale, entre 1895 et 1897 ; ce groupe de travail, qui vendait des abonnements au Woman’s Journal (Ottawa) de l’union, soumettait parfois de l’information à ce journal de la part de l’union. Entre 1905 et 1920, Mme Gray fut surintendante du groupe de travail sur la tempérance dans les écoles du dimanche de l’union en Ontario. Enfin, de 1920 à 1922, elle fut, à l’échelle nationale, surintendante du groupe de travail sur les écoles du dimanche. Ces groupes fournissaient des documents sur la tempérance (brochures et plans de cours) aux surintendants des écoles du dimanche, dans l’espoir que ces documents soient autorisés à être utilisés par ceux et celles qui y donnaient des leçons.
Comme bien des femmes de l’Union chrétienne de tempérance de son époque, Mme Gray fit partie des Royal Templars of Temperance. Elle fut membre de plusieurs conseils des Templars de la région de Toronto et occupa divers postes à l’échelle locale, régionale et nationale ; elle fut notamment conseillère spéciale pour un mandat et trésorière durant 27 ans. Elle aimait tout particulièrement organiser les concours de médaille des Templars, concours dont s’occupait également l’union dans d’autres groupes de travail du pays. Destinées aux écoliers ainsi qu’aux jeunes faisant partie de groupes de tempérance, ces médailles (ou parfois des livres ou des sommes d’argent) étaient décernées pour des concours de diction, de rédaction, d’affiches, d’albums de coupures de journaux et de musique. Au moment de sa mort, Mme Gray était surintendante nationale des concours de médailles des Templars. Elle avait sans relâche fait la promotion de ces concours à Toronto, où ils avaient remporté beaucoup de succès, et son dynamisme en avait considérablement augmenté la visibilité et la popularité.
Ann Jane Powell Gray mourut d’une pneumonie en 1924, à l’âge de 70 ans, dans sa maison du 238 de la rue Keele. Elle avait profondément marqué tant sa famille que les organisations qu’elle avait aidé à soutenir. Ses trois filles devinrent institutrices dans des écoles publiques, deux de ses fils, avocats, et le troisième, ministre méthodiste. Dans le langage féministe évangélique de l’époque, ses éloges funèbres évoquèrent ses qualités d’épouse et de mère aimante, de ménagère économe et efficace, et de bonne voisine et amie. Le Canadian White Ribbon Tidings (London) rappela qu’on l’admirait pour sa « stricte fidélité à son devoir » et son « sens aigu des responsabilités ». Par-dessus tout, elle avait impressionné son entourage par son « optimisme de chrétienne » et le courage de « guerrière » dont elle avait fait preuve dans la lutte contre l’alcool. Mme Gray n’avait jamais été une solitaire ; elle avait toujours combattu avec l’armée de la tempérance ; on récita d’ailleurs son poème préféré, A band of earnest women, à ses funérailles à l’église High Park. Les membres de l’Union chrétienne de tempérance des femmes qui défilèrent devant son cercueil y laissèrent tomber de délicates boucles de ruban blanc et les représentantes de la Ladies’ Aid et d’autres sociétés de bienfaisance y déposèrent de petites fleurs. Un office fut célébré à sa mémoire à la salle de l’Union chrétienne de tempérance des femmes, le Willard Hall, à Toronto le 28 mars.
AO, F 885, MU 8394.1, 8395, 8396.11, 8397–8399, 8404.9–12, 8407–8409, 8432–8434 (mfm) ; RG 80-5-0-84, nº 8304 ; RG 80-8-0-948, nº 2217.— BAC, RG 31, C1, 1861, Markham Township, Upper Canada, distr.16 : 6 (mfm aux AO).— Toronto Daily Star, 13 mars 1924.— Annuaire, Toronto, 1894–1914.— Canadian White Ribbon Tidings (London, Ontario), mai 1924 : 111 (mfm aux AO, F 885).— S. A. Cook, « Through sunshine and shadow » : the Woman’s Christian Temperance Union, evangelicalism, and reform in Ontario, 1874–1930 (Montréal et Kingston, Ontario, 1995).
Sharon Anne Cook, « POWELL, ANN JANE (Gray) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/powell_ann_jane_15F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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