PIERRE, indien padouca, esclave, né vers 1707, baptisé le 11 septembre 1723 à Montréal où il fut inhumé le 5 août 1747.
Issu de la tribu des Padoucas, cet esclave serait né dans la partie centrale des Grandes Plaines américaines. Cette tribu était l’ennemi irréductible de ses voisins Panis, que l’on retrouve en grand nombre dans le vallée du Saint-Laurent comme esclaves et dont le nom vint à désigner tout esclave indien.
En 1732, le Padouca Pierre, nom qu’il reçut à son baptême, fut l’objet d’un litige judiciaire qui obligea les autorités de la Nouvelle-France à se prononcer de façon plus définitive que l’avait fait l’intendant Jacques Raudot* dans son ordonnance de 1709 au sujet de la légalisation de l’esclavage dans la colonie. En effet, Philippe You de La Découverte, propriétaire de cet esclave, se vit saisir de ce bien pour « sureté et conservation » d’une dette de 3 500#, somme qu’il devait à Daniel Migeon de La Gauchetière. En décembre 1732, Pierre Raimbault*, lieutenant général civil et criminel de la juridiction de Montréal, approuva cette saisie et ordonna la vente de l’esclave au profit de Migeon de La Gauchetière. C’est le marchand Charles Nolan Lamarque qui en fit l’acquisition au prix de 351ª.
You de La Découverte contesta auprès du Conseil supérieur de la Nouvelle-France la décision rendue par le juge de Montréal, alléguant que cette vente devait être déclarée « nulle et injurieuse a la religion » et que l’Indien, « estant un Chrétien », devait retrouver sa liberté. De plus, Migeon de La Gauchetière devait remettre à Nolan Lamarque les 351#, prix de l’achat, et Raimbault devait être mis en cause pour avoir ordonné « la vente d’un Chrétien au marché ».
Le Conseil supérieur renvoya les parties devant l’intendant Gilles Hocquart* qui, s’appuyant sur l’ordonnance de Raudot, laquelle légalisait l’esclavage des Nègres et des Panis, confirma le jugement rendu par Raimbault dans le cas du Padouca Pierre. Cette affaire aurait pu être l’occasion pour le roi d’émettre un règlement au sujet de l’esclavage, mais il préféra que les juges s’en tiennent à l’usage que l’on observait à ce sujet au Canada. Pierre Raimbault avait fait jurisprudence.
Le Padouca Pierre, lorsqu’il fut inhumé à Montréal le 5 août 1747, était toujours la propriété de Charles Nolan Lamarque.
Le professeur Marcel Trudel, dans son ouvrage L’esclavage au Canada français, a étudié de façon exhaustive le cas du Padouca Pierre et celui de nombreux autres esclaves au Canada. Nous nous sommes servis de son travail dans lequel chaque affirmation est basée sur des documents manuscrits. [m. p.]
Michel Paquin, « PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pierre_3F.html.
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Auteur de l'article: | Michel Paquin |
Titre de l'article: | PIERRE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |