PETTREQUIN (Petrequin), JEAN, menuisier, né vers 1724 à Montbéliard, France, inhumé à Lunenburg, Nouvelle-Écosse, le 19 décembre 1764.

Parti de Montbéliard à bord du Betty, un navire transportant des immigrants protestants européens, Jean Pettrequin débarqua en Nouvelle-Écosse en juillet 1752. Ces « protestants étrangers », comme on les appelait, arrivaient à Halifax depuis 1750, et ceci faisait partie d’un projet britannique destiné à peupler la Nouvelle-Écosse sans faire appel aux travailleurs agricoles anglais dont on avait grandement besoin. Les nouveaux arrivants étaient, pour la plupart, d’origine allemande ou suisse. On commençait par leur offrir une concession de 50 acres de terre, exempte de redevances et de taxes pour une période de dix ans ; d’autres concessions s’ajoutaient, au fur et à mesure que leur famille augmentait. Leur existence était assurée pour une année entière à compter de leur arrivée. On leur fournissait les armes nécessaires, les matériaux et instruments destinés au défrichage, à la culture de la terre ainsi qu’à la construction d’une habitation. Le voyage en Amérique n’était gratuit que pour les immigrants britanniques ; comme conséquence, la plupart de ces immigrants durent s’engager pour le gouvernement et travailler un certain temps à des projets publics à Halifax. Ainsi, à l’automne de 1752, environ 1 500 d’entre eux vivaient entassés à Halifax dans des conditions inadéquates. Le gouverneur Peregrine Thomas Hopson fut en mesure, à l’été de 1753, de les établir sur la côte sud, à Mirligueche (Lunenburg).

Jean Pettrequin fut parmi ceux qui s’établirent à Lunenburg et il acquit une certaine renommée, le premier hiver, du fait qu’il joua un rôle important dans la « rébellion » de décembre. Il déclara avoir reçu, par l’intermédiaire d’un marin, une lettre d’un cousin d’Angleterre qui avait affaire avec les magasins du gouvernement ; ce cousin lui demandait comment les habitants de Lunenburg étaient traités et si vraiment ils recevaient les approvisionnements qu’on avait commandés pour eux. Des rumeurs commencèrent à circuler à Lunenburg au sujet des approvisionnements mentionnés dans la lettre ; la liste en énumérait une plus grande quantité que ceux reçus en réalité. Pettrequin déclara que le marin en question lui avait défendu de faire voir la lettre à qui que ce soit, ce qui eut pour effet d’irriter un groupe d’Allemands, déçus par la manière dont on les avait traités en Nouvelle-Écosse. Ils s’emparèrent finalement de Pettrequin, le 15 décembre, et l’enfermèrent à la caserne de la milice. Il fut mis en liberté par le colonel Patrick Sutherland, mais sa liberté fut de courte durée puisqu’une bande d’émeutiers l’enfermèrent de nouveau à la caserne. Ce soir-là, les membres de la garde le torturèrent dans le but de lui faire avouer l’endroit où il cachait la fameuse lettre. Il finit par confirmer une rumeur qui courait, à savoir qu’il avait vendu la lettre au juge Sebastian Zouberbuhler*.

Le lendemain matin, les immigrants se rendirent chez le colonel Sutherland ; ils exigèrent que Zouberbuhler leur remît la lettre mais ce dernier affirma ne l’avoir jamais vue. Dans la soirée, 150 colons armés tentèrent de s’emparer de la caserne située près de la mer, et deux des agresseurs furent blessés dans l’échange de coups de feu. Sutherland s’empressa de dépêcher un officier à Halifax pour obtenir du renfort. Le lendemain, les immigrants réclamèrent un vaisseau pour transporter 20 de leurs représentants en Angleterre ; ainsi ils auraient la possibilité « d’exposer leurs griefs au Parlement ». Le 22 décembre, des renforts arrivèrent de Halifax, sous le commandement de Robert Monckton* ; quelques jours plus tard, on avait réussi à désarmer les colons.

Pettrequin avoua lors d’une audience qu’un autre immigrant, John William Hoffman lui avait fait lecture d’une lettre qu’il affirmait avoir reçue d’un marin de Halifax à l’intention de Pettrequin ; Hoffman avait pressé Pettrequin d’envoyer une réponse et d’en faire connaître le contenu aux autres habitants de l’établissement. Amené à Halifax, Hoffman fut reconnu coupable d’avoir été l’auteur d’une « affirmation scandaleuse et mensongère » et d’avoir poussé les immigrants à la révolte. La seule preuve positive que la couronne put présenter fut le témoignage de Pettrequin.

Quels que furent les meneurs de la révolte, il est évident qu’on se servit d’un nouveau venu illettré pour fomenter, avec succès, une opposition contre les administrateurs de la colonie. Dès leur arrivée, les immigrants sentirent que les belles promesses du gouvernement étaient fausses. Ils s’étaient sentis frustrés au cours du long arrêt à Halifax et avaient souffert du manque d’approvisionnements à Lunenberg.

On ne connaît rien de la vie de Pettrequin après 1754.

Ronald Rompkey

PANS, MG 1, 110, p. 149 ; RG 1, 134, 342, 382, 474.— PRO, CO 217/13, ff.190, 200 ; 217/15.— Bell, Foreign Protestants.

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Ronald Rompkey, « PETTREQUIN (Petrequin), JEAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pettrequin_jean_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    1 décembre 2024