PÉPIN, JOSEPH, menuisier, sculpteur et officier de milice, baptisé le 19 novembre 1770 à Sault-au-Récollet (Montréal-Nord, Québec), fils de Jean-Baptiste Pépin et de Madeleine Lebeau ; le 14 février 1803, il épousa à Boucherville, Bas-Canada, Charlotte Stubinger, et ils eurent au moins 17 enfants ; décédé le 18 août 1842 à Saint-Vincent-de-Paul (Laval, Québec).
À un moment où les paroisses de la région de Montréal procédaient à l’ornementation des églises construites depuis le début du xviiie siècle, Joseph Pépin, un artisan remarquable, bénéficia d’une conjoncture favorable à l’exercice de son art. Formé par Philippe Liébert*, il s’installa assez tôt cependant à Saint-Vincent-de-Paul, certainement avant 1792. Dans ce village travaillait déjà Louis Quévillon* ; après le décès de ce dernier en 1823, Pépin allait poursuivre l’œuvre en compagnie de René Beauvais, dit Saint-James, et de Paul Rollin*.
Contrairement à ce qui s’était fait sous le Régime français, lorsque la faiblesse des moyens pécuniaires empêchait les projets d’envergure, à la fin du xviiie siècle les syndics chargés de faire terminer les intérieurs d’églises étaient en mesure de passer des commandes pour des ensembles ornementaux. Ceux-ci pouvaient comprendre les voûtes et les boiseries du chœur et de la nef, des pièces de mobilier majeures, tels des tabernacles et des chaires, ou mineures comme des crucifix et des chandeliers. Pépin et son équipe pouvaient répondre à tout. Le maître engagea de nombreux apprentis dont quelques-uns, tel Louis-Thomas Berlinguet, continuèrent plus tard son travail, et il fournit de l’ouvrage à cinq de ses fils ainsi qu’à d’autres enfants de la famille Pépin établie à Longue-Pointe (Montréal).
L’atelier, qui comptait un personnel important, exécuta entre 1806 et 1812 des pièces sculptées pour les églises de Saint-Jacques-de-l’Achigan (Saint-Jacques), de Belœil, de Saint-Roch-de-l’Achigan, de Montréal, de Saint-Ours, de Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville, de Soulanges (Les Cèdres) et de Chambly. Pépin assumait seul les commandes que recevait son atelier. Le 3 février 1815, cependant, il s’associa à Quévillon, à Saint-James et à Rollin « pour faire tous les ouvrages de dite profession de sculpteur ». Les associés s’engageaient à travailler ensemble à la même entreprise, et les tâches étaient partagées entre les sociétaires le plus justement possible. De plus, les sculpteurs convenaient de terminer à leur profit personnel les ouvrages qu’ils avaient commencés avant la formation de la société. Il ne semble pas que cette association ait apporté les résultats escomptés, puisqu’elle fut dissoute en janvier 1817.
Pépin poursuivit donc ses travaux à l’église de Chambly en 1819, en y associant ses compagnons de toujours, Quévillon, Rollin et Saint-James, mais cette fois sans obligation légale, bien que les montants en cause aient été assez considérables. L’église de Saint-Charles-sur-Richelieu l’occupa en 1820, celle de Rigaud en 1823 et celle de Saint-Benoît (Mirabel) l’année suivante. Ses fils avaient toutefois déjà pris la relève et contractaient désormais à leur avantage.
Pépin conservait son atelier de Saint-Vincent-de-Paul tout en exerçant sa fonction de capitaine puis celle de major du bataillon de milice de l’Île-Jésus (qui deviendra en 1828 le 3e bataillon de milice du comté d’Effingham). Son ancienneté dans la milice lui conférait une certaine autorité dans la communauté. Mêlé à la rébellion de 1837 en compagnie de son fils Zéphyrin, notaire à Sainte-Scholastique (Mirabel) depuis 1826, Pépin fut accusé de haute trahison et on l’emprisonna le 30 novembre. Relâché le 11 décembre, il retourna à ses occupations de sculpteur. Il fit son testament le 22 novembre 1841 et mourut le 18 août de l’année suivante.
L’œuvre de Joseph Pépin, parente de celles des Quévillon, Saint-James et Rollin, intègre des éléments néo-classiques à des modèles manifestement issus du xviiie siècle français que les sculpteurs de l’époque savaient agencer suivant les besoins de l’édifice religieux et les goûts des curés et des fabriciens. La qualité de sa production et l’influence de celle-ci sur la première moitié du xixe siècle rangent Pépin au nombre des sculpteurs marquants de la région de Montréal.
ANQ-M, CE1-22, 14 févr. 1803 ; CE1-59, 19 nov. 1770, 20 août 1842 ; CN1-3, 4 oct. 1815 ; CN1-16, 11 juin 1803, 8 févr. 1821 ; CN1-43, 22 févr. 1812, 7 juill. 1815, 15 févr. 1819 ; CN1-68, 1er avril 1815, 23 mai 1826 ; CN1-80, 8 août 1825 ; CN1-96, 14 oct. 1805, 3 avril 1806, 26 févr. 1808, 16 juin 1810, 31 déc. 1811, 13, 19 févr., 13 juill. 1812, 23 janv. 1814, 28 janv., 4 oct. 1815, 25 janv., 28 mai 1817, 28 mars 1818, 16 mars 1819, 22 janv., 27 nov. 1820, 26 janv., 10 sept., 23 nov. 1821, 29 mars, 12 avril, 12 sept. 1822, 22 janv., 8 mai, 29 oct. 1824, 26 janv., 26 mars, 5 avril 1825, 12 juill. 1826, 28 févr. 1827, 17 mars, 1er août 1828, 23 avril 1832, 24 mars, 19 déc. 1834, 13 janv., 26 févr., 19 sept. 1836, 29 mai 1837, 1er août 1838, 15 févr., 22 nov. 1841, 3 déc. 1845 ; CN1-167, 7 janv. 1794, 13 févr. 1803 ; CN1-173, 25 mai, 26 juin 1830, 14 sept. 1831, 31 janv. 1833 ; CN1-179, 26 janv. 1824 ; CN1-334, 3 févr. 1815 ; CN5-8, 28 juill. 1816 ; CN5-13, 29 janv. 1825 ; CN6-3, 29 juill. 1792, 16 janv. 1793.— MAC-CD, Fonds Morisset, 2, dossier Joseph Pépin.— [F.-X. Chagnon], Annales religieuses et historiques de la paroisse de St-Jacques le Majeur [...] (Montréal, 1872), 22.— Maurault, la Paroisse : hist. de N.-D. de Montréal (1957), 21.— Émile Vaillancourt, Une maîtrise d’art en Canada (1800–1823) (Montréal, 1920), 66–67.
Raymonde Gauthier, « PÉPIN, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pepin_joseph_7F.html.
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Auteur de l'article: | Raymonde Gauthier |
Titre de l'article: | PÉPIN, JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
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