PÉCAUDY DE CONTRECŒUR, CLAUDE-PIERRE, officier dans les troupes de la Marine, seigneur, membre du Conseil législatif, né le 28 décembre 1705 à Contrecœur, fils de François-Antoine Pécaudy* de Contrecœur, seigneur et officier dans les troupes de la Marine, et de Jeanne de Saint-Ours, décédé à Montréal le 13 décembre 1775.
La carrière de Claude-Pierre Pécaudy de Contrecœur illustre bien les vicissitudes de la vie d’un officier militaire qui se dévoua presque entièrement au service du roi. Cadet à 16 ans, Pécaudy de Contrecœur reçoit une expectative d’enseigne dès l’âge de 20 ans. En 1729, il est enseigne en second puis, en 1734, enseigne en pied. Lieutenant en 1742, il dirige un parti au fort Saint-Frédéric (près de Crown Point, New York).
Le 2 mars 1746, le gouverneur Beauharnois* promet à Pécaudy de Contrecœur de faire valoir ses services ; il est promu capitaine en 1748. Entre temps, il s’occupe, comme il peut, de sa famille et de sa seigneurie de Saint-Denis. En 1749, il participe à l’expédition dirigée par Pierre-Joseph Céloron* de Blainville, à travers la vallée de l’Ohio, à titre de commandant en second, et son fils aîné Claude-François l’accompagne. Immédiatement après cette expédition, Pécaudy de Contrecœur est nommé commandant au fort Niagara (près de Youngstown, New York), emplacement stratégique dans la liaison entre les établissements du Saint-Laurent, d’une part, et les vastes régions encore peu occupées de l’Ouest et de l’Ohio, sur la route de la Louisiane, d’autre part. À l’automne de 1752, et pendant l’hiver suivant, le gouverneur Duquesne écrit plusieurs lettres à Pécaudy de Contrecœur pour l’informer, sous le sceau du secret, du départ, au printemps, d’une expédition de 2 000 hommes en vue de « s’emparer et s’établir dans la Belle-Rivière [rivière Ohio] que [les Français sont] à la veille de perdre ». L’expédition, sous le commandement de Paul Marin* de La Malgue, ouvre la route jusqu’à la ligne de partage des eaux de l’Ohio durant l’été et l’automne de 1753, et bâtit le fort de la rivière au Bœuf (Waterford, Pennsylvanie). Marin de La Malgue meurt à la fin d’octobre et est remplacé par Jacques Legardeur* de Saint-Pierre qui demande bientôt d’être relevé de ses fonctions. Le 25 décembre, Duquesne nomme Pécaudy de Contrecœur en charge des forces, et, le 27 janvier 1754, il lui ordonne d’occuper la vallée de l’Ohio. Par une lettre de son neveu Michel-Jean-Hugues Péan, on apprend que Pécaudy de Contrecœur, dont la femme se trouve au fort Niagara, n’est pas très emballé par cette décision qui va le forcer à vivre séparé de sa famille et, cela, en dépit des avantages consentis par Duquesne et « toutes les autres promesses ». Le 16 avril suivant, Pécaudy de Contrecœur, qui commande des forces importantes, s’empare d’un fort que les Anglais sont en train de construire à l’embouchure de la Monongahéla ; il somme l’enseigne Edward Ward et ses 41 hommes de se retirer. Après discussion, Ward accepte de quitter le 18 à midi, ce qui permet à Pécaudy de Contrecœur de dîner avec l’officier anglais le 17 au soir afin d’obtenir plus de renseignements sur les manœuvres des Anglais et, par la même occasion, de négocier l’achat de divers outils de charpentier. Il poursuivra la construction de ce fort qui prendra le nom du gouverneur Duquesne (aujourd’hui Pittsburgh, Pennsylvanie) et dont il assumera le commandement jusqu’en 1756. Le 3 juillet 1754, Louis Coulon* de Villiers livre une vive bataille au fort Necessity (près de Farmington, Pennsylvanie), forçant George Washington à capituler le soir même. Au témoignage de Duquesne, ces événements, qui assurent enfin la présence française dans l’Ohio, sont attribuables à la « sage et prudente conduite du sieur de Contrecœur ».
Malgré plusieurs requêtes, Pécaudy de Contrecœur n’obtient pas les renforts requis, ni les vivres et l’équipement nécessaires pour assurer la consolidation des gains récents. À l’été de 1755, le gouverneur Vaudreuil [Rigaud], qui a succédé à Duquesne, se plaint au ministre de la Marine, Machault, que le fort Duquesne est réellement menacé par les Anglais qui ont 3 000 hommes à six ou huit lieues alors que Contrecœur ne peut compter que sur 1 600 hommes, « y compris milices et Sauvages ». Le 9 juillet 1755 pourtant, les troupes françaises, commandées au tout début par Daniel-Hyacinthe-Marie Liénard* de Beaujeu, remportent l’importante bataille de la Monongahéla, qui se déroule à trois lieues du fort Duquesne. Dans une lettre du 20 juillet, Contrecœur signale au ministre de la Marine qu’un « accident fâcheux produit par les fatigues de la campagne dernière [le] mettra peut-être hors d’état de continuer [ses] services ». Le 28 novembre 1755, Pécaudy de Contrecœur sollicite auprès du ministre la croix de Saint-Louis, qu’il obtiendra en mars 1756, et l’avancement de ses deux fils, l’un enseigne, l’autre cadet. Sa carrière militaire est, à toutes fins utiles, terminée, mais il n’obtiendra officiellement sa retraite et sa pension avec demi-solde que le let janvier 1759.
Après la Conquête, Pécaudy de Contrecœur choisit de rester au Canada et peut enfin s’occuper de ses affaires et de sa seigneurie qui, en 1765, compte 371 habitants, 6 640 arpents en culture et 973 animaux. Dans une lettre à lord Hillsborough datée du 15 mars 1769, le gouverneur Guy Carleton* le mentionne au troisième rang parmi les hommes les plus influents du pays. Le 3 janvier 1775, Pécaudy de Contrecœur est nommé membre du Conseil législatif où il sera assermenté le 17 août. Sa carrière de conseiller est brève puisque, après avoir assisté à une seule réunion, il décède à Montréal le 13 décembre de la même année.
Claude-Pierre Pécaudy de Contrecœur avait épousé le 10 janvier 1729, à Boucherville, Marie-Madeleine, fille de René Boucher* de La Perrière, qui donna naissance à neuf enfants. Le 9 septembre 1768, il épousait en secondes noces, à Québec, Marguerite-Barbe Hingue de Puygibault, veuve d’Étienne Rocbert de La Morandière.
Les principales sources manuscrites concernant Claude-Pierre Pécaudy de Contrecœur sont les papiers Contrecœur conservés aux ASQ, dans le fonds Viger-Verreau, cartons I à IV. Ce fonds contient également divers autres papiers, notamment ceux de Jacques Legardeur de Saint-Pierre et de Paul Marin de La Malgue. Plusieurs de ces documents ont été publiés dans les Papiers Contrecœur (Grenier) ; la bibliographie de cet ouvrage renferme l’état des sources manuscrites et imprimées et dresse la liste des ouvrages et articles sur le sujet. On pourra également consulter avec profit F.-J. Audet, Contrecœur : famille, seigneurie, paroisse, village (Montréal, 1940), et Hunter, Forts on Pa. frontier. [f. g.]
Fernand Grenier, « PÉCAUDY DE CONTRECŒUR, CLAUDE-PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pecaudy_de_contrecoeur_claude_pierre_4F.html.
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Auteur de l'article: | Fernand Grenier |
Titre de l'article: | PÉCAUDY DE CONTRECŒUR, CLAUDE-PIERRE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |