PEARCE, JOHN SEABURY, grainier, rédacteur d’articles sur l’agriculture et l’horticulture, et fonctionnaire, né en 1842 à Tyrconnell, Haut-Canada, fils aîné de John Pearce et d’Elizabeth P. Moorehouse ; il épousa une prénommée Mary Ann, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 25 mars 1909 à London, Ontario.
John Seabury Pearce grandit dans une ferme défrichée en 1809 par son grand-père pennsylvanien sous la supervision de Thomas Talbot*. En 1873, il mit à profit son expérience de l’agriculture en quittant le comté d’Elgin pour London afin de se faire marchand commissionnaire de produits agricoles. Au fil de la décennie suivante, il eut un certain nombre d’associés. Puis, en 1883, il reprit le Canadian Agricultural Emporium de William Weld*, qui vendait à des fermiers de tout le Canada des variétés nouvelles et améliorées de semences, dont des semences de ferme et de jardin. Pearce exploita l’entreprise sous la raison sociale de Pearce, Weld and Company avec le fils de Weld, Henry, jusqu’à la mort de celui-ci. De 1885 à 1901, elle porta le nom de John S. Pearce and Company. Au cours de cette période, où les fermiers s’intéressaient de plus en plus à la qualité des semences, à l’hybridation et aux techniques scientifiques de culture, elle se hissa parmi les principaux grossistes de graines au Canada.
Bien vu tant à London que dans l’ensemble du milieu agricole et horticole, Pearce faisait partie du conseil de la Western Fair et était marguillier de la cathédrale anglicane St Paul. Il abordait divers sujets dans des périodiques d’agriculture et d’horticulture, donnait des conférences pour le Farmer’s Institute, et était membre actif de l’Ontario Vegetable Growers’ Association, de l’Ontario Association of Horticultural Societies et de la London Horticultural Society. Par ces truchements, il participait aux grands débats horticoles et agricoles de l’heure – celui, par exemple, qui portait sur les avantages d’acheter des semences certifiées de haute qualité. On discutait ardemment de cette question dans les périodiques agricoles, et Pearce faisait entendre bien clairement sa voix. Par ailleurs, afin de mieux servir sa clientèle, il testait, dans un vaste terrain, quelque 700 variétés de semences de grande culture, de jardin et de fleurs.
Pearce prit également part à un autre débat important, à savoir comment freiner le mouvement qui poussait un nombre grandissant de fermiers à s’installer en milieu urbain avec leur famille. Pour lui comme pour bien des fonctionnaires et éducateurs éminents, la solution au problème de la dépopulation rurale consistait en partie à inculquer l’amour de la terre aux familles d’agriculteur de la génération présente et des générations futures, à les convaincre qu’exploiter une ferme était une profession honorable et à leur enseigner à pratiquer de meilleures techniques. On eut recours, entre autres, au réseau scolaire de l’Ontario pour atteindre ces objectifs. En 1904, dans le cadre du mouvement de réforme de l’enseignement dirigé par James Wilson Robertson* et par sir William Christopher Macdonald*, philanthrope, le jardinage prit place dans le programme des écoles élémentaires. Aménager le terrain des écoles en y plantant des arbustes, des arbres et des fleurs faisait partie des activités. Non seulement, disait-on, une école placée dans un cadre agréable serait-elle fréquentée plus assidûment, mais les gens du lieu seraient portés à y tenir des rencontres. Pearce faisait partie de ceux qui soutenaient plusieurs jardins d’école et travaux d’aménagement de terrains scolaires dans la région de London.
En 1901, Pearce avait vendu son entreprise et était devenu représentant d’autres compagnies de produits agricoles. Nommé surintendant des parcs de London en 1903, il ne tarda pas à promouvoir bien haut les idéaux et les plans inspirés du mouvement City Beautiful, qui conjuguaient architecture et aménagement paysager. D’après lui, une localité ne pouvait que bénéficier de l’utilisation esthétique des arbres, des boulevards, des parcs et des constructions.
Pearce croyait en la fonction éducative des parcs et avait des idées bien arrêtées sur leur administration. Il soulignait que le fait de les orner de la plus grande diversité d’arbustes, d’arbres et de fleurs de première qualité aurait des répercussions positives sur l’apparence de la ville. En faisant leurs jardins, les particuliers s’inspireraient du choix et de la disposition des plantes qu’ils voyaient dans les parcs. Il en résulterait une attitude positive envers l’embellissement de toute la ville. Pearce était de ceux, de plus en plus nombreux, qui affirmaient que les parcs devaient appartenir aux citoyens et servir à des activités physiques, au lieu d’être des lieux où l’on allait flâner ou écouter des fanfares. Sous son administration, on faisait du sport, des jeux, des pique-niques dans les parcs, où aucun écriteau n’interdisait plus de marcher sur le gazon.
Pearce exerça également des pressions pour que la fonction de surintendant des parcs soit assortie de plus de pouvoirs. Ainsi, voyant que la plantation d’arbres le long des rues de la ville, méthode commune d’embellissement avant la Première Guerre mondiale, était souvent décidée au hasard, il obtint l’adoption d’un règlement municipal qui l’habilitait à décider quelle espèce d’arbres on planterait et à quel endroit. Son frère William* partageait ses vues. En tant que président de la commission de planification de Calgary, il promut les programmes du mouvement City Beautiful, dont ceux qui préconisaient de créer des réseaux de parcs et de planter des arbres, et des mesures qui commençaient à prendre forme en matière d’environnement, par exemple, l’affectation de terres à la création de parcs nationaux.
John Seabury Pearce fut surintendant des parcs de London jusqu’à son décès en 1909. Sa mort subite, dit le London Advertiser, coupa court à un ambitieux programme d’expansion du réseau municipal de parcs et terrains de jeux.
Quatorze articles de John Seabury Pearce parus dans le Farmer’s Advocate and Home Magazine sont énumérés dans Ontario rural society, 1867–1930 : a thematic index of selected Ontario agricultural periodicals, index dressé par Edwinna von Baeyer (brochure contenant une microfiche, Ottawa, 1985 ; exemplaire aux AO). Parmi les autres articles que Pearce a rédigés dans le domaine de l’agriculture et de l’horticulture, on retrouve les suivants : « Fall wheats in 1897 », Farming, 14 : 775 ; « French market gardens and gardeners », Canadian Horticulturist (Toronto), 32 (1909) : 81 ; et « Cities and towns beautiful », dans l’Annual report des sociétés d’horticulture de l’Ontario (Toronto), 1907 : 60–66 (on peut voir, à la p. 8, une photographie où Pearce figure parmi les délégués à l’assemblée annuelle des sociétés). Son entreprise, John S. Pearce and Company, a préparé et publié The farmer’s hand book and guide (London, Ontario, 1894).
AN, RG 31, C1, 1891, London, Ward 2.— AO, RG 22, Ser. 321, n° 9723.— Farmer’s Advocate and Home Magazine, 1er avril 1909.— London Advertiser, 26 mars 1909.— Annuaire, London, 1872–1877, 1881–1889, 1891, 1896–1897. 1898–1899, 1909–1910.— S. A. Donaldson, « William Pearce : his vision of trees », Journal of Garden Hist. (London), 3 (1983) : 233–244.— Edwinna von Baeyer, Rhetoric and roses : a history of Canadian gardening, 1900–1930 (Markham, Ontario, 1984).
Edwinna Von Baeyer, « PEARCE, JOHN SEABURY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pearce_john_seabury_13F.html.
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Titre de l'article: | PEARCE, JOHN SEABURY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |