PEABODY, FRANCIS, marin, homme d’affaires, juge de paix et juge, né le 9 novembre 1760 à Boxford, Massachusetts, fils du capitaine Francis Peabody et de Mary Brown ; il épousa une dénommée Perley puis, le 1er septembre 1808, à Portland (Saint-Jean, Nouveau-Brunswick), une veuve, Lydia Brooker, et aucun enfant ne naquit de ces mariages ; décédé le 4 juillet 1841 à Chatham, Nouveau-Brunswick.
Francis Peabody grandit dans la colonie de Maugerville (Nouveau-Brunswick), dont son père avait été l’un des fondateurs en 1762. Dans ses jeunes années, il fit du commerce sur la rivière Saint-Jean, peut-être au sein de la Simonds, Hazen and White, puisque l’une de ses sœurs avait épousé James Simonds*, et une autre, James White. En 1785, lui et Jonathan Leavitt possédaient un schooner de 16 tonneaux et commerçaient le long de la côte. Peabody vécut plusieurs années à Saint-Jean ; sur la liste des électeurs de 1795, il est inscrit à titre de marin.
La rivière Miramichi était l’un des lieux d’activité de Peabody. En 1799, il reçut un permis pour y vendre de l’alcool. Selon la tradition locale, il remontait la rivière avec une cargaison de marchandises venues de Halifax puis amarrait son schooner à une grande épinette qui allait donner à Chatham son premier nom, The Spruce. À l’époque, il n’y avait pas plus d’une dizaine de colons dans les environs. De son bateau, Peabody échangeait ses marchandises contre du saumon, de l’alose et du gaspareau qu’il revendait à Halifax. En 1801, il acheta un lot qui appartenait à l’un des premiers colons de The Spruce ; autour se développa un village, qu’il baptisa Chatham. En 1804, après plusieurs années de commerce côtier, il élut domicile à cet endroit et y ouvrit un magasin. À ce moment, il était associé à Jonathan, Daniel et Francis Leavitt, de Saint-Jean. En 1807, il devint juge de paix et juge à la Cour inférieure des plaids communs du comté de Northumberland.
Dissocié des Leavitt en 1810, Peabody forma une compagnie la même année avec ses neveux Richard et Edward Simonds. Outre des terrains, leur entreprise possédait un magasin à Chatham et une scierie sur la rivière Sabbies. Elle vendit la scierie à l’un des petits-neveux de Peabody, Stephen Peabody, en 1823, puis fut dissoute à peu près au même moment. Avant 1820, Peabody s’était également associé à Isaac Paley, marchand d’origine anglaise qui avait épousé l’une de ses nièces. Entre 1816 et 1829, il construisit cinq navires, dont au moins un avec Paley. Ces bâtiments jaugeaient 1 594 tonneaux et on les évalua à £15 940. L’incendie qui frappa la région de la Miramichi en 1825 détruisit l’un d’eux. L’association avec Paley ayant pris fin en octobre 1829, Peabody fit désormais affaire seul. C’est Joseph Russell* qui acheta son chantier naval en 1832 ; il passa par la suite à Joseph Cunard*.
Au fil des ans, Peabody se porta acquéreur de plusieurs magasins, dont un très grand en pierre, construit en 1838. Il possédait aussi des quais en madriers et des estacades en bois flottantes ainsi que de vastes terrains le long de la rivière ; il émettait constamment des hypothèques, et c’est ainsi qu’il acquit la plupart de ses lots. On reconnaissait qu’il pratiquait des prix équitables et traitait honnêtement ses clients. Un collaborateur du Gleaner de Chatham, dans un portrait publié après la mort de Peabody, disait qu’il était « de loin le plus important et le plus respectable des marchands de la Miramichi ». C’était, poursuivait l’article, un homme « joyeux, modeste, d’un naturel discret [...] simple et sans affectation dans ses manières ; simple dans son mode de vie et tout à fait dénué de prétention et d’orgueil ». Son sens de l’hospitalité était notoire. Henry Bliss*, qui en 1819 s’aventura sur les chemins extrêmement rudimentaires qui menaient de Fredericton à Chatham, affirmait qu’un seul dîner chez Peabody faisait oublier tous les désagréments du voyage. De confession presbytérienne, Peabody contribua à la construction de l’église St Andrew à Chatham, ainsi qu’à celle de l’église anglicane St Paul à Bushville. Il ne fit jamais de politique mais appuyait Cunard.
Reconnu pour son souci du bien-être et de la prospérité de son milieu, Francis Peabody faisait partie du comité de secours mis sur pied à l’intention des victimes de l’incendie de la Miramichi ; en 1833, on le nomma au premier bureau de santé du comté de Northumberland. Sa popularité dans Chatham était telle qu’en 1837, pour son soixante-dix-septième anniversaire, ses amis commandèrent un portrait de lui au peintre bostonien Albert Gallatin Hoit. Lorsqu’il mourut, le Gleaner parut avec un encadrement noir, en signe de respect, et donna à Peabody, dans sa notice nécrologique, le titre de « Père du village ».
APNB, RG 3, RS538, B5 : 38, 48 ; RG 18, RS153,171, 1er sept. 1808.— Musée du N.-B., Peabody family, cb doc.— Northumberland Land Registry Office (Newcastle, N.-B.), Registry books (mfm aux APNB).— UNBL, MG 3, H11, Henry Bliss à Simcoe Saunders, 22 nov. 1819.— Robert Cooney, A compendious history of the northern part of the province of New Brunswick and of the district of Gaspé, in Lower Canada (Halifax, 1832 ; réimpr., Chatham, N.-B., 1896), 96.— Gleaner (Miramichi [Chatham]), 6 oct. 1829, 4 oct. 1836, 3 août 1837, 28 août 1838, 6 juill. 1841, 17 nov. 1843.— Mercury, 20 juin 1826, 2 oct. 1827.— A genealogy of the Peabody family [...], C. M. Endicott, compil. ; W. S. Peabody, édit. (Boston, 1867).— Vital records of Boxford, Massachusetts, to the end of the year 1849 (Topsfield, Mass., 1905).— Esther Clark Wright, The Miramichi : a study of the New Brunswick river and of the people who settled along it (Sackville, N.-B., 1944), 44–45.— J. A. Fraser, By favourable winds : a history of Chatham, New Brunswick ([Chatham], 1975), 19–24.— W. R. Godfrey, History of Chatham (Chatham, [1962]), 12–16, 18.— Louise Manny, Ships of Miramichi : a history of shipbuilding on the Miramichi River, New Brunswick, Canada, 1773–1919 (Saint-Jean, N.-B., 1960), 13–16, 19.— J. McG. Baxter, «Francis Peabody, the founder of Chatham », Miramichi Natural Hist. Assoc., Proc. (Chatham), no 6 (1911) : 35–54.
William A. Spray, « PEABODY, FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/peabody_francis_7F.html.
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Auteur de l'article: | William A. Spray |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |