PAYZANT, JOHN, ministre congrégationaliste New Light et tanneur, né le 17 octobre 1749 à Jersey, troisième fils de Louis Payzant et de sa seconde femme, Marie-Anne Noguet (Nazette) ; en 1774, il épousa Mary Alline, et ils eurent huit fils et une fille ; décédé le 10 avril 1834 à Liverpool, Nouvelle-Écosse.
Les parents de John Payzant étaient des huguenots qui s’étaient enfuis à Jersey pour échapper aux persécutions religieuses qui sévissaient en France. Au milieu de l’année 1753, ils vinrent en Nouvelle-Écosse pour « faire fortune », raconte Payzant dans son journal, qui nous éclaire beaucoup sur son existence. Son père ouvrit un commerce dans l’île Coveys, près de Lunenburg. En mai 1756, Louis Payzant fut tué par des Indiens qui emmenèrent sa femme et ses quatre enfants à la mission du jésuite Charles Germain* à Aukpaque, près de l’emplacement actuel de Fredericton. Sa femme fut envoyée à Québec sans les enfants ; les Indiens en gardèrent deux pour les adopter et John était probablement un de ceux-là, car il apprit une langue indienne. Au printemps de 1757, la famille fut réunie à Québec grâce à l’intervention de l’évêque, Mgr Henri-Marie Dubreil* de Pontbriand, et John entra au collège des jésuites. Après la prise de Québec en 1759, la famille retourna en Nouvelle-Écosse et Marie-Anne Payzant reçut dans le canton de Falmouth une concession foncière attenante à celle de la famille Alline. L’éducation de John fut alors prise en charge par un huguenot, John James Juhan, qui avait épousé sa sœur et qui lui inculqua des rudiments de latin, de grec et peut-être d’hébreu. Cette formation, explique-t-il, lui servit plus tard d’« introduction à [la] prédication car, à l’époque, on considérait les hommes qui prêchaient sans être instruits comme des gens qui exerçaient une fonction qu’ils ne maîtrisaient pas ».
Revenir à la religion protestante après avoir vécu quelque temps à Québec et s’adapter à la vie du canton de Falmouth brouilla l’esprit de Payzant et « contribua à semer [en lui] de graves pensées ». Dans l’espoir de « trouver la paix » et de mener « une existence plus retirée », il décida donc de se marier et de s’installer. Il arrêta son choix sur Mary Alline, sœur de Henry Alline*. Cependant, dès l’hiver de 1774–1775, l’angoisse le regagna. S’étant ouvert à Alline, il se sentit touché par la grâce divine le 2 avril 1775, une semaine après que son beau-frère eut connu la même expérience. Le mysticisme et l’ascétisme d’Alline allaient avoir peu d’influence sur lui, mais les deux hommes partageaient la conviction que l’essence du christianisme était la renaissance spirituelle issue d’une expérience religieuse personnelle. Par ailleurs, n’étant pas indifférent comme Alline aux règles ecclésiastiques, Payzant mènerait une longue lutte pour faire sortir les églises New Light des querelles qui les divisaient.
Ni Alline ni Payzant n’avaient de véritable formation théologique, et Payzant hésitait à s’engager dans la prédication. Il commença néanmoins de le faire en 1778. Apparemment, il n’éprouvait pas le besoin d’être ordonné et ce n’est qu’en 1786 qu’il fut « choisi » et devint ministre de la congrégation New Light qui regroupait les fidèles de Horton et de Cornwallis. Pendant les six années qui suivirent, il se dépensa pour sa congrégation et fit passer le nombre des membres de 30 à 130, tout en parcourant les cantons peuplés de colons originaires de la Nouvelle-Angleterre. Il s’efforça de maintenir l’unité dans sa congrégation à mesure que s’envenimaient les débats entre partisans et antagonistes du pédobaptisme. À ces querelles s’ajouta une vague d’antinomisme qui déferla sur Horton en 1791, avant d’atteindre les autres congrégations New Light. Payzant combattit les antinomistes, ou « adeptes de la nouvelle loi évangélique », comme il les appelait mais, en 1793, épuisé par la lutte, il accepta une invitation des congrégationalistes et des fidèles New Light de Liverpool.
Les fidèles New Light de la Nouvelle-Écosse avaient soit formé des congrégations séparées soit semé une telle confusion chez les congrégationalistes que leurs congrégations s’étaient dissoutes. Cependant, à Liverpool, la mission de Payzant consistait à réconcilier la majorité des congrégationalistes et des New Lights, et le groupe qui se forma ainsi fut en mesure de prendre en charge le temple de la ville. Grâce à sa formation et à son indépendance financière, qu’il devait à la tannerie qu’il exploitait, Payzant devint l’un des « plus grands personnages » de la communauté. Vers 1804, on lui demanda même de succéder à Simeon Perkins* comme custos rotulorum, mais il répondit qu’il ne voulait pas d’autre mission que celle dont Dieu l’avait investi.
À partir de Liverpool, John Payzant s’efforça encore de discipliner et d’organiser les congrégations New Light de la colonie qui, en raison de leur éparpillement et de leurs dissensions, étaient de plus en plus menacées par les baptistes. Payzant croyait au principe des congrégations « ouvertes à tous », où la forme de baptême n’importait pas comme condition d’adhésion, tandis que les baptistes, partisans d’une Église de « professants », ne reconnaissaient que le baptême des adultes. En 1797, Payzant prit l’initiative de convoquer une conférence qui réunirait le clergé New Light en une association dont le but serait de discipliner quelque peu le mouvement. Cependant, sous la direction de Thomas Handley Chipman, qui était officiellement de confession New Light, les baptistes continuaient de gagner du terrain. La conférence se réunit de nouveau en 1798 et prit le nom de Congregational and Baptist Association. Payzant n’assista pas à l’assemblée de 1799, car une querelle l’opposait à Harris Harding*, les deux hommes se disputant la fonction de ministre à Liverpool. L’assemblée de 1800 fut déterminante en ce que tous les ministres présents, sauf Payzant, étaient désormais baptistes, même si leurs congrégations ne comprenaient en général qu’une minorité de membres de cette confession. Chipman tenta de persuader Payzant d’appuyer les congrégations de « professants », mais il refusa et se retira après un vibrant plaidoyer en faveur d’une Église « ouverte à tous ». Sa congrégation continua d’accueillir des prédicateurs baptistes, même si ceux-ci ne reculaient devant aucun moyen pour l’évincer. Jusqu’à son dernier sermon, qu’il prononça le dimanche de Pâques 1834 à l’âge de 84 ans, Payzant demeura fidèle à la secte dont Alline était l’instigateur. Même s’il n’avait pas le charisme de ce dernier, il avait tenté de donner une direction et une organisation au mouvement New Light. En ce sens, il peut être considéré comme le successeur d’Alline.
Le journal de John Payzant a paru sous le titre de The journal of the Reverend John Payzant (1749–1834), B. C. Cuthbertson, édit. (Hantsport, N.-É., 1981) ; l’original se trouve aux PANS, MG 1, 1189A.
Atlantic Baptist Hist. Coll., Acadia Univ. (Wolfville, N.-É.), Cornwallis, N.-É., Congregational (Newlight) Church, records ; Joseph Dimock, diary, 1796–1845 ; Fragment of letter announcing formation of a yearly conference, 1797 ; E. M. Saunders, « The trials, the patience, the firmness, and « splendid isolation » of Rev. John Payzant » (copie dactylographiée, s.d.).— PANS, MG 1, 1185–1189A.— The Payzant and allied Jess and Juhan families in North America, M. M. Payzant, compil. (Wollaston, Mass., [1970]).
Brian C. Cuthbertson, « PAYZANT, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/payzant_john_6F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
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