PATTERSON, WILLIAM JEFFREY, imprimeur, auteur, analyste financier et secrétaire d’associations commerciales, né à Glasgow, Écosse, en 1815 et décédé à Montréal le 12 juin 1886.

William Jeffrey Patterson apprit très tôt les rudiments techniques du métier d’imprimeur à Glasgow ; d’abord apprenti puis compagnon, il semble s’être orienté rapidement vers la correction d’épreuves et la composition. En 1847, il s’embarque pour l’Amérique et il s’établit à New York ; après y avoir travaillé quelque temps pour un imprimeur, il cède à l’appel de l’Ouest au moment de la grande ruée vers l’or de 1848. Il n’ira cependant pas jusqu’en Californie, préférant plutôt se fixer à Parkville, Missouri, où il fondera le journal Parkville Luminary. Le parti résolument antiesclavagiste de cette feuille lui attira beaucoup d’inimitiés et, au lendemain d’une émeute dont il fut victime, il ira demeurer quelque temps à Chicago, Illinois, puis déménagera au Canada. Vers 1859, il s’installe à Montréal, où il travaille d’abord à l’imprimerie Owler & Stevenson et ensuite au Montreal Witness, à titre de rédacteur de la page financière. À la fin d’avril 1863, il devient secrétaire du Bureau de commerce de Montréal et de l’Association de la halle au blé de Montréal. À ce titre, il dresse les procès-verbaux des-réunions, répond à la correspondance et fournit les informations nécessaires à la communauté des affaires.

Grâce à cette fonction de secrétaire, Patterson a acquis de la notoriété. Les connaissances qu’il accumule, au fil des années, sur les échanges commerciaux en font un homme précieux pour le monde des affaires montréalais, voire canadien, si bien qu’en 1870 il sera nommé secrétaire de la Chambre de commerce de la Puissance (Dominion Board of Trade). À ce titre, il s’occupera de la préparation de l’assemblée annuelle de cet organisme, laquelle réunissait à Ottawa les délégués des différents bureaux de commerce à travers le Canada, et de la rédaction du rapport final de l’assemblée.

Déjà depuis 1864, Patterson assure la publication annuelle du Report on the trade and commerce of the city of Montreal [...]. Cette série, qui le rend vite célèbre dans le monde canadien des affaires, regroupe toutes les données relatives aux échanges commerciaux entre le Canada et l’étranger. On y trouve une analyse des grands secteurs de la production et du commerce, des listes de prix de gros de certaines denrées, et autres données. Particulièrement utile pour le commerce des grains, la série des rapports de Patterson nous renseigne sur la circulation du blé, de l’avoine et de la farine, et ce, tant par le chemin de fer que par les canaux. La rigueur dont il fait preuve donne à son travail une valeur inestimable tant aux yeux de ses contemporains qu’à ceux des historiens. Comme Patterson rédigeait ces rapports pour le compte du Bureau de commerce de Montréal et de l’Association de la halle au blé, on lui fournissait une subvention ; celle-ci ne suffisant pas, il lui incombait de compléter le financement de la publication. En 1886, son assistant puis successeur, George Hadrill, fait paraître le dernier rapport de la série. Il se refuse, suivant la décision prise par son prédécesseur au début de la même année, à continuer de supporter les coûts de publication. Après 1886, le Bureau de commerce assumera lui-même la responsabilité d’inclure dans ses rapports annuels le genre de données colligées par Patterson.

Outre cette série, Patterson a également fait paraître un certain nombre d’études plus ponctuelles se rapportant aux relations commerciales avec la Grande-Bretagne, à l’immigration, à la navigation intérieure au Canada, ou encore aux capacités commerciales et industrielles de Terre-Neuve. Appelé par ses fonctions à entrer en contact avec les fonctionnaires du gouvernement fédéral, on l’invita à compiler des données statistiques pour le compte de ce dernier.

Par ses évaluations des ressources économiques, Patterson a énormément contribué à accroître l’efficacité du commerce montréalais et canadien. Ses fonctions de conseiller et de représentant des milieux d’affaires le placent au cœur de l’activité d’import-export de Montréal et du Canada durant près d’un quart de siècle. Sa réputation était très grande ; d’ailleurs, à son décès, des résolutions, reproduites dans les journaux, furent adoptées par les différentes associations d’affaires, et, à son service funèbre, les dirigeants de ces associations, les présidents en tête, portèrent son cercueil.

Patterson possédait une résidence dans le quartier Saint-Antoine, à Montréal. Dans une notice, on précise qu’il était marié et qu’il avait un fils, W. J. Ballantyne Patterson, établi à San Antonio, au Texas.

Jean-Claude Robert

Comme secrétaire du Bureau de commerce de Montréal et de l’Association de la halle au blé, Patterson a compilé une série de données statistiques sur le commerce et l’industrie, que l’on retrouve dans le Report on the trade and commerce of the city of Montreal [...] (publié après 1867 sous le titre de Statements relating to the home and foreign trade of the dominion of Canada ; also, annual report of the commerce of Montreal [...]), publié annuellement, de 1864 à 1878, et de façon épisodique, de 1878 à 1883. Ces données, assorties de commentaires personnels, ont été principalement reconstituées à l’aide de documents officiels et de circulaires de courtiers. Précurseur de la comptabilité nationale et de la mise en œuvre d’un inventaire des ressources économiques et humaines de l’Amérique du Nord britannique, Patterson a fait paraître quelques ouvrages dont les plus importants sont : Some plain statements about immigration and its results (Montréal, 1872) ; Brief notes relating to the resources, industries, commerce and prospects of Newfoundland (Montréal, 1876) ; North-West Territory of Canada (Montréal, 1881) ; et The dominion of Canada, with particulars as to its extent, climate, agricultural resources, fisheries, mines, manufacturing and other industries ; also, details of home and foreign commerce including a summary of the census of 1881 (Montréal, 1883).  [j.-c. r.]

AC, Montréal, État civil, Presbytériens, American Presbyterian Church (Montréal), 17 juin 1886.— Arch. du Bureau de commerce de Montréal (Montréal), Minute books, 1881–1888 (mfm aux APC).— Extraits des livres de renvoi des subdivisions de la cité de Montréal, L.-W. Sicotte, édit. (Montréal, 1874).— Montreal Daily Star, 14 juin 1886.— Montreal Herald and Daily Commercial Gazette, 14, 18 juin 1886.— Montreal Witness, 14 juin 1886.— Dominion annual register, 1886 : 284.— Montreal directory, 1858–1886.— J. I. Cooper, « The early editorial policy of the Montreal Witness », SHC Report, 1947 : 53–62.

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Jean-Claude Robert, « PATTERSON, WILLIAM JEFFREY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/patterson_william_jeffrey_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    28 novembre 2024