PATTERSON, GEORGE, journaliste, ministre presbytérien, auteur et amateur d’archéologie, né le 30 avril 1824 à Pictou, Nouvelle-Écosse, fils d’Abraham Patterson et de Christiana Ann MacGregor ; le 20 mars 1851, il épousa dans le comté de Sydney, Nouvelle-Écosse, Margaret McDonald, et ils eurent huit enfants ; décédé le 26 octobre 1897 à New Glasgow, Nouvelle-Écosse.

Du côté paternel, George Patterson était le petit-fils de John Patterson, l’un des immigrants écossais arrivés sur l’Hector, en 1773, et reconnu comme le « père de Pictou ». Sa grand-mère paternelle, Ann Harris, était la fille de Matthew Harris, membre de la Philadelphia Company, qui avait colonisé la région de Pictou en 1767. Son père était un marchand en vue et sa mère, la fille du pasteur James Drummond MacGregor*, pionnier de l’Église presbytérienne. Patterson étudia à la Pictou Academy de Thomas McCulloch*, et plus tard, avec ce dernier, au Dalhousie College. Il interrompit ses études de 1843 à 1846 pour devenir le premier rédacteur en chef de l’Eastern Chronicle, publié à Pictou à cette époque. En 1846, il partit pour Édimbourg où, après avoir étudié à l’université, il reçut l’autorisation de prêcher, le 1er février 1848. À son retour d’Écosse, on le nomma pasteur de la congrégation Salem Presbyterian de Greenhill, dans le comté de Pictou. Il conserverait cette charge du 31 octobre 1849, date de son installation, jusqu’à ce qu’il démissionne le 30 octobre 1876, peut-être à cause d’un scandale dans lequel son frère et le département des Douanes étaient impliqués. Son travail pour cette congrégation, dont le nombre d’adhérents se maintint à peu près à 600 tout au long de son ministère, lui valut un salaire annuel qui passa de £125 à plus de £700 au moment de sa démission.

La contribution de Patterson à l’Église presbytérienne de la Nouvelle-Écosse (qui fusionna en 1860 avec l’Église libre pour former l’Église presbytérienne des provinces Maritimes de l’Amérique du Nord britannique) et l’activité qu’il y déploya furent considérables et variées. Entre les années 1850 et 1867, il fut rédacteur ou corédacteur de trois publications religieuses régionales majeures. Il servit dans les rangs d’organismes qu’il avait contribué à fonder, comme le Fonds des veuves et orphelins des ministres, le Fonds des ministres âgés et infirmes, ainsi que des comités qui visaient à établir un fonds d’assurance coopératif pour les biens de l’Église et à recueillir et conserver les documents historiques. Dans les années 1870, il fut le principal rédacteur des règles et formalités de la procédure ecclésiastique. Après avoir démissionné de son poste à la tête de la congrégation Salem Presbyterian en 1876, il alla s’installer à New Glasgow, mais continua de s’occuper des affaires de l’Église. En 1878, il s’embarqua pour la Grande-Bretagne afin de recueillir, au nom de l’Église presbytérienne au Canada, des dons pour le tout nouveau collège de Manitoba [V. George Bryce*], mais son voyage s’avéra infructueux.

Malgré l’importance du travail de Patterson au sein des comités, ce sont ses écrits sur une grande variété de sujets qui ont laissé le souvenir le plus profond. Publiées entre 1859 et 1889, ses biographies de James MacGregor, John Keir* et John Campbell, premiers pasteurs des Maritimes, et de John Geddie*, Samuel Fulton Johnston, John William Matheson et de sa femme, Mary Geddie Johnston, premiers missionnaires aux Nouvelles-Hébrides (république de Vanuatu), contribuèrent grandement à renforcer le programme des missions de l’Église presbytérienne. Patterson s’y révèle un propagandiste au meilleur sens du terme, qui cherche à inculquer à la jeunesse des Maritimes non seulement l’idée, mais le désir ardent de servir l’Église. Dans les années qui suivirent son départ de l’église Salem Presbyterian, il publia des articles sur des sujets aussi érudits et historiques que les débuts de l’exploration et de l’établissement des Européens en Amérique du Nord, les sites funéraires indiens et les dialectes terre-neuviens. Ses écrits lui valurent honneurs et renommée. Il appartint à plusieurs organismes, tels le Nova Scotian Institute of Natural Science, la Nova Scotia Historical Society, l’American Folk Lore Society et l’American Institute of Christian Philosophy. En 1874, le College of New Jersey, à Princeton, lui remit un doctorat honorifique en théologie pour sa monographie intitulée The doctrine of the Trinity underlying the revelation of redemption, publiée à Édimbourg en 1870. Sa collection archéologique était d’une telle importance que la Dalhousie University l’accepta avec reconnaissance en 1889. Il reçut l’Akins Historical Prize [V. Thomas Beamish Akins] à trois reprises : en 1874, pour son histoire du comté de Pictou ; en 1893, pour un essai sur l’immigration des protestants français en Nouvelle-Écosse ; et en 1894, pour une histoire de l’île de Sable. La Dalhousie University lui décerna un doctorat honorifique en droit le 28 avril 1896 « en reconnaissance de l’éminent service qu’il a[vait] rendu à l’enrichissement de l’histoire locale ».

L’œuvre la plus connue de Patterson est A History of the county of Pictou, Nova Scotia. Publiée à Montréal en 1877, elle constitue une révision de l’essai qui lui avait valu un prix. Dans la préface, il raconte comment « il n’a ménagé aucun effort pour obtenir de l’information. Il a fouillé à fond les archives du comté et de la province et importuné les fonctionnaires avec ses questions ; il s’est péniblement frayé un chemin dans les dossiers des journaux et les ouvrages sur l’histoire coloniale ; il a interrogé des Micmacs et, comme le disaient les Écossais, il a « pressé de questions » (« expiscated ») toutes les vieilles gens qu’il a rencontrés dans le comté durant des années ; il a également entretenu une vaste correspondance et visité diverses parties du pays à la recherche de faits. » Jusqu’à nos jours, cet ouvrage a servi de référence pour évaluer les autres histoires de comté de la Nouvelle-Écosse. Il s’en trouve peu qui aient surpassé les normes élevées de l’œuvre de Patterson. L’historien moderne M. Brook Taylor la considère comme « un récit cohérent et soutenu qui touche tous les points de la vie coloniale », et il souligne que « Patterson avait même introduit comme thème d’interprétation l’antagonisme entre la force morale et le progrès matériel. Il fut donc l’un des rares historiens canadiens du dix-neuvième siècle à s’arrêter pour évaluer le coût du progrès. »

La carrière de George Patterson laisse deviner des rêves non réalisés. Il aspirait à imiter les missionnaires au sujet desquels il écrivait avec tant de conviction, mais l’occasion ne lui en fut jamais donnée. En parlant des premières tentatives de Patterson comme journaliste, George Renny Young* lui avait déclaré : « Vous avez une plume qui devrait vous donner un grand destin. » Même s’il voyagea beaucoup, l’œuvre de sa vie se limita à Greenhill et, plus tard, à New Glasgow. Sa connaissance évidente et sa compétence en matière religieuse auraient dû lui procurer des offres de nombreuses autres congrégations après son départ du temple Salem Presbyterian, à 52 ans, mais il n’en reçut aucune. Patterson dut être blessé de ce manque de considération, car qui comprenait mieux que lui les mécanismes complexes de l’Église presbytérienne de Pictou ? Son dernier ouvrage important fut une étude inédite sur les premiers pasteurs presbytériens des Maritimes, qu’il s’était proposé de diffuser sous forme d’abonnements. Même si les écrits de Patterson lui valurent le respect de la communauté savante, il dut solliciter l’appui de sir John William Dawson pour être admis à la Société royale du Canada en 1889. Ce gentleman réservé et digne ne laissa cependant jamais les épreuves altérer son attitude ou son travail. Au début de sa carrière, il avait déclaré qu’il écrirait « avec l’œil d’un patriote » et, jusqu’à la fin, il fut fidèle à ce credo. Il repose aujourd’hui au cimetière Riverside, à New Glasgow, mais ses écrits assurent survie et respect à son nom.

Allan C. Dunlop

Les manuscrits des trois essais de George Patterson qui ont remporté le prix Akins : « A history of the county of Pictou » (1874) ; « A sketch of the French Protestant emigrations to Nova Scotia » (1893) ; et « An historical account of Sable Island » (1894), sont conservés dans la collection des Akins Hist. Prize Essays à la Univ. of King’s College Library (Halifax). Le texte de 1894 a été publié sous le titre « Sable Island, its history and phenomena », SRC Mémoires, 1re sér., 12 (1894), sect. II : 1–49.

Une bibliographie des écrits de Patterson figure dans les SRC Mémoires, 1re sér., 12, proc. : 62–63. Le National union catalog énumère plusieurs autres articles et monographies, mais il lui attribue aussi à tort des travaux de son fils, George Geddie Patterson. Le rapport de Patterson intitulé « Report of agent for Manitoba College » figure dans les PCC Acts and proc., 1879 : cxxi-cxxiv. Son œuvre la plus importante, A history of the county of Pictou, Nova Scotia, publiée pour la première fois en 1877, a fait l’objet d’une réimpression (Belleville, Ontario, 1972).

Patterson a aussi dirigé l’édition d’une collection des écrits de son grand-père sous le titre de A few remains of the Rev. James MacGregor, D.D. (Philadelphie, 1859). Il a été éditeur ou co-éditeur du Presbyterian Church of Nova Scotia, Missionary Reg. (Pictou, N.-É.), 1 (1850)–6 (1855) et de son successeur, le Christian Instructor, and Missionary Reg. (Halifax ; Pictou), 1 (1856)–5 (1860) ; ainsi que du Presbyterian Church of the Lower Provinces of British North America, Home and Foreign Record (Halifax), 1 (1861)–7 (1867).

McGill Univ. Arch., MG 1022, George Patterson à J. W. Dawson, 17 juin 1887.— PANS, Churches, Salem Presbyterian Church (Greenhill), minutes, 1848–1889 (mfm) ; MG 1, 742–744 ; 3088, n° 3 ; MG 2, 722, F/2, nº 671.— Presbyterian Church in Canada, Synod of the Maritime Provinces, Minutes (Halifax), 1875–1879.— Presbyterian Church of Nova Scotia, Minutes of the synod (Halifax), 1859–1860.— Presbyterian Church of the Lower Provinces of British North America, Minutes of the synod (Halifax), 1860–1875.— Eastern Chronicle (Pictou ; New Glasgow, N.-É.), 27 mars 1851, 1er nov. 1877, 28 oct., 4 nov. 1897.— Robert Stewart, Colonel George Steuart and his wife Margaret Harris : their ancestors and descendants [...] (Lahore, Inde, 1907).— Frederick Pauley, History of Salem Presbyterian Church, Green Hill, Pictou County, Nova Scotia ([s.l.], 1966).— A. C. Dunlop, « George Patterson: a Pictou historian », N.S. Hist. Soc., Coll., 42 (1986) 81–92 ; « Salem Church and Dr. George Patterson », Presbyterian Hist. (Hamilton, Ontario), 29 (1985), nº 2.— Eric Ross, « A Canadian abroad in Edinburgh University, 1847/48 », Univ. of Edinburgh Bull. (Édimbourg), janv. 1986 : 11–14.— M. B. Taylor, « Nova Scotia’s nineteenth-century county histories », Acadiensis (Fredericton), 10 (1980–1981), nº 2 : 159–167.

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Allan C. Dunlop, « PATTERSON, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/patterson_george_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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