PARTELOW, JOHN RICHARD, marchand et homme politique, né en 1796 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, fils de Jehiel Partelow, cordonnier ; en 1819, il épousa Jane Hamlin Matthews et ils eurent huit filles ; décédé le 13 janvier 1865, à Fredericton, Nouveau-Brunswick.

De souche loyaliste, John Richard Partelow fit ses études dans les écoles publiques de Saint-Jean et reçut également des leçons particulières. Après avoir travaillé comme commis dans un magasin de Saint-Jean, il était, en 1827, en affaires comme « marchand général ». Partelow devint influent en 1823 comme partisan de Ward Chipman* père lorsque, à la mort du lieutenant-gouverneur George Stracy Smyth*, Christopher Billopp et Chipman disputèrent la présidence du Conseil du Nouveau-Brunswick. Lorsqu’il fit son entrée à la chambre d’Assemblée en 1827, comme représentant du comté de Saint-Jean, il jouissait d’une confiance populaire probablement inégalée par aucun autre homme politique. Il demeura à l’Assemblée jusqu’en 1855.

L’influence singulière de Partelow à l’Assemblée tient du fait qu’il réussit à faire accepter aux députés de distribuer les revenus entre les comtés. À cette époque où il n’y avait pas de ministre des Finances pour préparer les prévisions annuelles des revenus et des dépenses, le comité de l’Assemblée sur les affectations budgétaires accordait aux comtés les fonds disponibles à partir d’estimations sommaires. Les députés de chaque comté se réunissaient donc pour partager les faveurs politiques. Ce système, que lord Sydenham [Thomson*] qualifia par la suite d’« abominable », souvent décrit comme un trafic réciproque d’influence politique, faisait de chaque député un dispensateur de fonds publics. Partelow fut président et du comité d’affectations budgétaires et du comité de vérification des comptes. Lors des négociations annuelles, il s’imposait et réussissait toujours à trouver un compromis. Un journaliste de cette époque, George Edward Fenety*, le décrivit comme celui « qui savait, mieux que tout autre membre de l’Assemblée, comment manipuler les honorables députés et les former à ses desseins ». Jovial et débonnaire, on l’appelait parfois en blaguant « le chancelier de l’Éduquier ».

Partelow ne se fit pas remarquer pour son éloquence, mais l’autorité qu’il acquit à titre de président du comité des affectations le mit au premier plan dans la lutte en vue d’une plus grande autonomie de la colonie au cours des années 30. Au début de la décennie, avec Charles Simonds* et Edward Barron Chandler*, il fut particulièrement influent dans les débats animés de l’Assemblée en vue d’obtenir le contrôle des revenus imprévus et des revenus territoriaux, demandant à plusieurs reprises à l’exécutif des renseignements sur l’importance de ces revenus et sur l’engagement de ces fonds. L’Assemblée obtint gain de cause en 1837 lorsque le gouvernement britannique accepta de lui remettre l’administration des revenus imprévus et territoriaux en échange d’une liste civile garantie. L’influence de Partelow prit alors des proportions énormes en raison de l’augmentation importante des revenus à la disposition de l’Assemblée. À une époque florissante, il présidait à l’engagement des fonds publics pour la construction des routes et des ponts, à la distribution de subsides à des écoles et à la distribution de pensions et de gratifications à ceux qui le méritaient. Sa popularité accrue ne s’estompa nullement au cours de la période difficile de 1841. Aux élections de 1842, au moment où la province sombrait rapidement dans l’endettement, il remporta, comme d’habitude, la majeure partie du vote du comté de Saint-Jean.

En plus de l’autorité qu’il exerçait sur les finances provinciales, il occupa, de 1827 à 1843, le poste de trésorier de la cité de Saint-Jean, dont la nomination était du ressort provincial. Au cours des années 40, la situation financière municipale était plutôt chancelante en raison des dépenses importantes engagées pour l’ouverture de rues taillées à même le roc sur lequel Saint-Jean était bâti. Ses rares ennemis l’accusèrent d’entraîner la ville à la faillite mais il conserva la faveur populaire et fut maire en 1847 et 1848.

Même si Partelow demeurait à l’arrière-plan, tous les gouvernements des années 40 dépendaient de son appui. Cette situation devint encore plus évidente au moment de la crise entourant la nomination d’Alfred Reade au poste de secrétaire provincial en 1845, lorsque sir William MacBean George Colebrooke, humilié par les démissions au sein du Conseil exécutif, fut contraint d’inviter les dissidents à reprendre leur poste à leurs conditions. Colebrooke était convaincu que les « sinistres » machinations en coulisses de Partelow étaient à l’origine de son humiliation. Pourtant, à cette époque, on ne pouvait considérer Partelow comme un réformiste. Il était éminemment satisfait du système gouvernemental en place et s’opposa à l’idée d’un gouvernement responsable, qui fit son apparition en 1846 et 1847. L’opinion pure et simple de Fenety était qu’il « s’opposait à tout changement constitutionnel » et qu’il était « l’adversaire le plus influent de l’idée de la réforme et d’un gouvernement responsable ». Même s’il ne détenait aucune charge provinciale importante, il était le maître incontesté au sein du gouvernement en raison de la mainmise qu’il exerçait sur l’appareil financier que l’on doit décrire comme désorganisé et qui jouissait de la faveur populaire.

L’autorité de Partelow fut reconnue en 1848 lorsque le lieutenant-gouverneur sir Edmund Walker Head institua un gouvernement responsable et offrit, à contrecœur, le poste de secrétaire provincial à Partelow. L’Assemblée n’avait pas renoncé à son droit de présenter des projets de loi concernant les subsides et seul Partelow pouvait prendre cette affaire en main. « C’est son opinion », déclara Head, « qui a le plus de poids à l’Assemblée dans toutes les affaires financières. » En 1849, Partelow accompagna Lemuel Allan Wilmot* à titre de délégué à une conférence tenue à Halifax sur la réciprocité avec les États-Unis. Il conserva la charge de secrétaire provincial jusqu’au moment où le gouvernement de coalition, à prédominance conservatrice, dirigé par Edward Barron Chandler et Robert Leonard Hazen* se retira en 1854.

Partelow termina sa carrière aussi singulièrement qu’il avait établi son influence précoce. À leur entrée en fonction en 1855, ses anciens adversaires, que l’on appelait « smashers », avec à leur tête Charles Fisher* et William Johnstone Ritchie*, achetèrent la charge de vérificateur général des comptes de Frederick Phillips Robinson pour la somme de £350 et offrirent le poste à Partelow dont ils augmentèrent plus tard le traitement. Le lieutenant-gouverneur John Henry Thomas Manners-Sutton* ne savait que dire pour expliquer cette transaction qui rappelait trop bien les heures sombres qui avaient précédé l’instauration d’un gouvernement responsable. Partelow conserva cette charge jusqu’à sa mort en 1865.

W. S. MacNutt

PANB, J. C. et H. B. Graves, New Brunswick political biography.— Fenety, Political notes and observations.— The old grave-yard, Fredericton, New Brunswick : epitaphs copied by the York-Sunbury Historical Society Inc., L. M. B. Maxwell, compil. ([Fredericton], 1938).— Hannay, History of N.B., II : 78–82.— MacNutt, New Brunswick.

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W. S. MacNutt, « PARTELOW, JOHN RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/partelow_john_richard_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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