PARÉ, HUBERT, homme d’affaires, né à Saint-Denis, sur la rivière Richelieu, Bas-Canada, le 5 avril 1803, fils de Léon Paré et de Marie-Angélique Grenier, décédé le 24 janvier 1869 à Montréal.
On ne sait rien de l’enfance de Paré ; il est possible qu’il ait fréquenté l’école de latin, ouverte à Saint-Denis en 1805. Autour de 1819 il était à Montréal, employé comme commis chez Félix Vinet-Souligny, marchand de céréales et propriétaire de navires. Paré fut promu associé et il épousa le 22 juin 1835 Justine Vinet, fille d’Hippolyte Vinet et de Marie-Anne Beaudry. Dans les années 40, il continua à s’occuper du commerce des céréales. En 1850, il faisait le commerce du fer et, à la veille de sa mort, il était quincaillier en gros et au détail. Le changement de ses activités commerciales reflète très probablement le déclin de la culture des céréales au Bas-Canada et la montée de Montréal comme centre de consommation et de distribution des produits manufacturés.
Paré s’intéressait aussi à l’organisation du capital et à l’amélioration des moyens de transport. De pair avec d’autres Canadiens français en vue, il fut parmi les signataires des pétitions qui aboutirent à la fondation de la Banque des Marchands (1846) et de la Banque Jacques Cartier (1861) ; son nom figure aussi parmi les requérants de la charte de la Banque d’Épargne de la Cité et du District de Montréal (1862). Paré avait été un de ses fondateurs lorsqu’elle avait été établie, sans constitution juridique, en 1846. À l’exception de la Banque de Montréal, les principales banques commerciales n’avaient pas de service d’épargne, d’où l’utilité d’un établissement se spécialisant dans ce domaine. La constitution juridique de 1862 contribua à régulariser la situation de la banque et à élargir ses services. Paré encouragea fortement les fabriques à assurer leurs biens contre le feu aux termes des dispositions des statuts de 1853 et de 1854, constituant juridiquement l’Association d’assurance mutuelle des fabriques. Il avait d’importants intérêts dans les chemins de fer : des actions d’une valeur de £500 dans le chemin à lisses du Saint-Laurent et de l’Atlantique et un poste d’administrateur dans le chemin de fer de Montréal et de Bytown, ces deux lignes étant essentielles à l’expansion métropolitaine de Montréal.
La fortune d’Hubert Paré lui permit de contribuer à l’éducation de son frère, le futur chanoine Joseph-Octave Paré*, et de trois de ses neveux qui devinrent prêtres. C’est peut-être l’influence de son frère, le secrétaire de Mgr Ignace Bourget*, qui l’entraîna au cœur de l’action catholique. Il fut l’un des fondateurs de la Société Saint-Vincent-de-Paul, créée à Montréal le 19 mars 1848, et l’un des premiers adhérents de la Société de tempérance et de la Société Saint-Jean-Baptiste ; dans ces deux organismes, il occupa fréquemment des postes de direction. Ces trois sociétés, composées en grande partie de laïcs, avaient été conçues de façon à satisfaire aux besoins philanthropiques, moraux et culturels de l’époque. Paré était aussi membre de la Congrégation des hommes de Ville-Marie, d’esprit plus traditionaliste et orientée vers l’édification de l’homme, dont la fondation remontait à l’époque de Maisonneuve [Chomedey*]. Il siégea au comité paroissial chargé d’acquérir les cloches pour l’église Notre-Dame ; Paré et sa femme firent don d’un bourdon, en devinrent les parrain et marraine et le baptisèrent « Hubert et Justine ».
Paré demeura actif dans les affaires et les œuvres de bienfaisance jusqu’à sa mort, survenue le 24 janvier 1869. Quatre jours plus tard, il eut droit à des funérailles solennelles et fut inhumé dans la crypte de Notre-Dame-de-Grâce.
Hubert Paré avait vécu à une époque où le commerçant pouvait se livrer à des activités très diversifiées. Il avait été plus qu’un marchand prospère renouvelant habilement ses stocks pour profiter des avantages de l’heure. Il illustre le haut sens de responsabilité personnelle si caractéristique de la conscience sociale du milieu du xixe siècle. Ses activités dans les nombreuses associations philanthropiques et culturelles laissent deviner à quel point l’exemple de la France de la Restauration avait pénétré le Canada français.
ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame-de-Grâce (Montréal), 28 janv. 1869.— L’Ordre (Montréal), 26 janv. 1869.— Borthwick, Montreal, 64s.— J.-B.-A. Allaire, Histoire de la paroisse de Saint-Denis-sur-Richelieu (Canada) (Saint-Hyacinthe, Québec, 1905), 246s., 257, 260, 339–348.— Le diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième siècle, avec portraits du clergé ; héliogravures et notices historiques de toutes les églises et presbytères, institutions d’éducation et de charité ; sociétés de bienfaisance, œuvres de fabrique et commissions scolaires [...] (Montréal, 1900), 48–51, 122–127.— Olivier Maurault, La paroisse ; histoire de l’église Notre-Dame de Montréal (Montréal et New York, 1929), 192s., 198s.— Pouliot, Mgr Bourget, II : 159s.— J. I. Cooper, The origins and early history of the Montréal City and District Savings Bank, 1846–1871, CCHA Report, XIII (1945–1946) : 15–25 ; Some early Canadian savings banks, Canadian Banker (Toronto), 57 (1950) : 135–143.
John Irwin Cooper, « PARÉ, HUBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/pare_hubert_9F.html.
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Auteur de l'article: | John Irwin Cooper |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
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Date de consultation: | 1 décembre 2024 |