PAQUETTE, WILFRID, tisserand, fonctionnaire et dirigeant syndical, né en 1860 ou en 1861 au Bas-Canada ; il épousa Marie Rennie, et ils eurent deux enfants ; décédé le 25 mai 1917 à Montréal, et inhumé le 28 dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges.
Wilfrid Paquette se signale en tant que principal artisan de la syndicalisation des ouvriers du textile au Québec au début du xxe siècle. Comme de nombreux travailleurs de cette industrie, il commence très jeune, à l’âge de 13 ans, son apprentissage de tisserand dans une filature de coton, et il se familiarise avec les différentes tâches accomplies par les ouvriers de ce secteur. Pendant un certain temps, il travaille dans une manufacture de coton au New Hampshire. De retour à Montréal, il devient commis à la Compagnie de filature de coton d’Hochelaga, occupation qu’il abandonne en 1904 pour devenir secrétaire de la Cour de circuit du district de Montréal.
À l’hiver de 1905, les fileurs de l’usine d’Hochelaga, qui appartient à la Dominion Textile Company, élisent Paquette au poste de secrétaire du syndicat qu’ils viennent de former. Au printemps de l’année suivante, l’ensemble des ouvriers et ouvrières de l’usine déclenchent spontanément une grève. La direction fait alors appel à Paquette pour servir d’intermédiaire entre les parties ; sa médiation débouche sur une augmentation de salaire pour tous les employés. Désireux d’améliorer les piètres conditions de travail des ouvriers du textile, Paquette prend la tête d’une vaste campagne d’organisation des filatures montréalaises. En peu de temps, 3 000 ouvriers et ouvrières à Montréal et à Magog se joignent à des syndicats que Paquette affilie à la United Textile Workers of America. Peu impressionné par la vitalité de ce syndicat aux États-Unis, il suggère de créer un regroupement purement canadien, la Fédération des ouvriers du textile du Canada, dont il devient le premier président en septembre 1906. Sous sa direction, la fédération, qui s’étend rapidement en province parmi les ouvriers du textile, compte 7 000 membres en juillet 1907. Et toujours, pendant ce temps, Paquette réussit à combiner sa tâche de président avec celle de secrétaire de la Cour de circuit du district de Montréal. Cependant, en mars 1908, sous la pression, semble-t-il, du gouvernement, il doit démissionner de la présidence. Il continue toutefois à faire partie de la direction en tant que secrétaire.
Pendant ses deux premières années d’activité, la Fédération des ouvriers du textile du Canada réussit à imposer la négociation collective à deux des plus importants employeurs au Québec, la Dominion Textile Company et la Compagnie des cotons de Montréal, propriétaire de la filature de Salaberry-de-Valleyfield. Ce n’est pas une mince tâche pour ce groupe de salariés qui, composés largement d’ouvriers non qualifiés et semi-qualifiés, détiennent un faible pouvoir de négociation. La présence de la fédération permet une amélioration substantielle des salaires, la fin de l’arbitraire des contremaîtres et l’adoption d’une loi, parrainée par le gouvernement, qui réduit de 60 à 58 heures la semaine maximale de travail, tout en élevant de 13 à 14 ans l’âge minimum des ouvriers du coton. À l’occasion d’une fête en l’honneur de Paquette, à Salaberry-de-Valleyfield, en 1907, le syndicat lui présente une bourse et une adresse, où l’on peut lire ce passage : « Hier, nous n’étions rien, abandonnés individuellement à notre sort, aujourd’hui cinq mille frères unis sont prêts à revendiquer les droits de chacun et de tous. Voilà votre œuvre. » À la fin de 1908 cependant, la fédération se disloque après une grève d’un mois qui fait suite à la décision des entreprises de réduire de 10 % les salaires de tous les employés de la fédération. Pendant cette période agitée, Paquette se trouve au centre des décisions difficiles que la direction a à prendre.
Malgré cet échec, Paquette est toujours considéré par les ouvriers du coton comme celui qui a permis une amélioration importante de leurs conditions de travail grâce au syndicalisme. En 1911, on fait appel à lui pour relancer la fédération ; il accepte sans obtenir toutefois le succès espéré. Ce n’est qu’à la fin des années 1930 que ces travailleurs renoueront vraiment avec le syndicalisme.
Wilfrid Paquette se dévoue à la cause ouvrière en jouant également un rôle actif dans les clubs ouvriers de la métropole, sorte de groupes de pression destinés à influencer la politique municipale. En 1905, il est président du Club Chénier ; on le retrouve aussi parmi les fondateurs du Club ouvrier Maisonneuve dont il assume encore la présidence au moment de son décès le 25 mai 1917.
AC, Montréal, État civil, Catholiques, Cimetière Notre-Dame-des-Neiges (Montréal), 28 mai 1917.— La Patrie, 22 avril 1907, 29 mai 1917.— La Presse, 26, 28 mai 1917.— Jacques Rouillard, les Travailleurs du coton au Québec, 1900–1915 (Montréal, 1974).
Jacques Rouillard, « PAQUETTE, WILFRID », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/paquette_wilfrid_14F.html.
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Auteur de l'article: | Jacques Rouillard |
Titre de l'article: | PAQUETTE, WILFRID |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |