PAQUET, JOSEPH-MARIE, prêtre, né à Québec le 21 novembre 1804, fils de Joseph Paquet et de Marie-Josephte Gagnon, décédé le 28 juillet 1869 à Montréal et inhumé le 13 août à Caraquet, Nouveau-Brunswick.

Joseph-Marie Paquet était encore très jeune lorsque son père, décrit par Mgr Joseph-Octave Plessis* comme un homme « brutal, ivrogne et jaloux », quitta la maison ; sa mère, souvent malade, dut élever seule la famille. Le jeune Paquet fut pris en charge par son oncle maternel, l’abbé Antoine Gagnon*, curé et vicaire général au Nouveau-Brunswick, qui l’envoya au séminaire de Québec où il fit ses études classiques (1816–1825) et théologiques (1825–1828). Il fut ordonné prêtre le 28 septembre 1828.

L’année suivante, il fut nommé curé de Shemogue, au Nouveau-Brunswick, mission relevant de son oncle. Le séjour de l’abbé Paquet à cet endroit ne fut guère heureux. En effet, les Acadiens du Nouveau-Brunswick voyaient d’un mauvais oeil ces « prêtres canadiens » qui venaient œuvrer parmi eux comme s’ils étaient des païens. L’abbé Gagnon dans une lettre à l’archevêché de Québec n’avait-il pas parlé de ses paroissiens comme des « bêtes acadiennes » qui « vivent dans le désordre [...] étant tous une race mélangée de sauvage, de nègre, et de français et espagnol et même d’Italien ; ayant tous les défauts naturels et moraux et intellectuels de leur origine » !

Après une année à Shemogue, l’abbé Paquet devint curé de Richibucto-Village, où il exerça son ministère jusqu’en 1840. Comme d’autres missionnaires de la côte est du Nouveau-Brunswick, il aura à se plaindre de l’autoritarisme de son oncle et protecteur, l’abbé Gagnon. Un premier affrontement eut lieu entre les deux hommes dès 1831 alors que fut mis de l’avant par la législature provinciale et l’évêché de Charlottetown, dont dépendaient les catholiques du Nouveau-Brunswick, un projet de construction d’un séminaire à Grande-Digue. Gagnon, qui était curé de l’endroit, voulait que les titres de propriété du terrain et du futur édifice soient faits à son nom. L’abbé Paquet et les autres missionnaires, ainsi que les Acadiens des comtés de Kent et de Westmorland, en furent offusqués. Ne pouvant tolérer d’avoir à dépendre de laïcs et d’être obligé de « faire des courbettes pour gagner leur bonne volonté », Gagnon décida alors, en 1832, d’aller s’installer à Barachois et d’y construire sa propre école-séminaire sur une de ses nombreuses terres. Entre temps, Paquet appuya ouvertement le délégué des Acadiens, Pascal Poirier. Lors d’une réunion fort orageuse en septembre 1833 où étaient présents l’évêque de Charlottetown, Mgr Bernard Angus MacEachern*, et ceux que le projet concernait tels que les porte-parole des Acadiens de Grande-Digue, Cocagne, Barachois, Buctouche et Richibucto, Paquet provoqua la rage de son oncle « en s’élevant en présence de l’évêque contre [lui] devant plusieurs habitants ». Gagnon demanda alors à l’archevêché de Québec le rappel de Paquet, ou son déplacement, « afin d’être délivré de cette harpie ». Finalement, les deux projets de séminaire tombèrent à l’eau.

De 1840 à 1848, Paquet fut curé de Saint-Louis. De nouveau en 1842, il eut à affronter son oncle, lorsqu’il fut question de nommer un évêque pour le Nouveau-Brunswick. Deux candidats avaient été proposés, soit les vicaires généraux Gagnon et William Dollard*. Une réunion fut convoquée à Chatham, à la demande de Rome, pour choisir le candidat à présenter. Un scrutin fut tenu et chacun des deux obtint six voix. Paquet, en tant que président de l’assemblée, eut à trancher le débat et se prononça en faveur de Dollard. Son geste peut s’expliquer par le fait que le clergé irlandais lui aurait promis d’appuyer sa candidature comme évêque, advenant le décès de Dollard. Quoi qu’il en soit, Paquet n’obtiendra jamais la mitre : Thomas Louis Connolly* sera nommé évêque de Saint-Jean en 1852, après la mort de Dollard et, en 1860, lors de la création du diocèse de Chatham, James Rogers* sera choisi de préférence à Paquet, alors curé de Caraquet. Ce dernier deviendra par la suite vicaire général de Mgr Rogers. Au cours de ce même séjour à Saint-Louis, Paquet se mit à dos une bonne partie des paroissiens lorsqu’il décida de construire une nouvelle église sur l’emplacement de l’ancienne. Désireux de voir l’église érigée en un endroit plus central, ces paroissiens s’opposèrent farouchement au projet. Lorsque fut inaugurée l’église, un des mécontents se leva au milieu du prône et, laissant sa place, il « sortit du temple en chantant le cantique : Au sang qu’un Dieu va répandre ». Cet incident compromit Paquet et rendit intenable sa présence à Saint-Louis. Quelque temps après, il était nommé curé de Caraquet.

Durant les derniers mois de son séjour à Saint-Louis, Paquet avait été témoin du mouvement d’agitation générale qui opposa les fermiers des comtés de Kent et de Westmorland au vicaire général Gagnon et qui aboutit à l’affaire des « révoltés de Grande-Digue » [V. Antoine Gagnon]. Le curé de Caraquet, l’abbé Hector-Antoine Drolet, ayant pris parti contre l’abbé-Gagnon et Mgr Dollard, fut démis de ses fonctions. Lorsque, en septembre 1848, Paquet se rendit à Caraquet pour prendre charge de la paroisse, il était porteur d’un ordre de l’évêque de retirer au curé Drolet « tous pouvoirs s’il s’entêtait à vouloir rester à Caraquet ». Ce dernier obtempéra à l’injonction et Paquet prit possession de sa cure qu’il occupa en toute quiétude jusqu’à sa mort survenue en 1869.

Regis Brun

AAQ, 311 CN, 1 : 77, 80, 82, 87, 89, 144 ; III : 59 ; V : 80, 85, 87, 139s.— Archives of the Diocese of Saint John, N.B., Bishop MacEachern to Antoine Gagnon, 22 juill. 1832 ; lettre de Monseigneur Plessis à Antoine Gagnon, 6 août 1811, 28 nov. 1815.— Centre d’études acadiennes, université de Moncton (Moncton, N.-B.), 1.65–15 (Fonds Placide Gaudet, Placide Gaudet à Mgr C.-O. Gagnon, août 1895).— Allaire, Dictionnaire, IV : 341.— P.-F. Bourgeois, Vie de l’abbé François-Xavier Lafrance [...] (Montréal, 1913), 35.— L.-C. Daigle, Histoire de Saint-Louis-de-Kent : cent cinquante ans de vie paroissiale française en Acadie nouvelle (Moncton, N.-B., 1948), 94.— J.-U. Demers, Histoire de Sainte-Rose, 1740–1947 ([Montréal], 1947).

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Regis Brun, « PAQUET, JOSEPH-MARIE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/paquet_joseph_marie_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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