PANTON, GEORGE, ministre de l’Église d’Angleterre, né en Écosse, probablement à Kelso, membre d’une famille de huit enfants ; décédé le 8 août 1810 dans les îles Britanniques.

George Panton obtint sa licence et sa maîtrise ès lettres du Marischal College, à Aberdeen, en Écosse. En 1771, peu après qu’il eut été ordonné ministre de l’Église d’Angleterre, il immigration à New York, où il devint « précepteur d’un jeune monsieur ». Deux ans plus tard, en novembre 1773, il fut engagé par la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts comme rector de l’église St Michael à Trenton, au New Jersey, et s’adonna, en plus de cette charge, à du travail missionnaire dans les communautés environnantes d’Allentown, de Princeton et de Maidenhead (Lawrenceville). Juste avant la Révolution américaine, il alla s’installer au Maryland pour occuper le double poste d’instituteur et de ministre, mais il changea ses plans au début des hostilités en 1775 et retourna à Trenton.

Panton ne cacha jamais ses sympathies loyalistes. Au début des années 1770, en vue d’appuyer sa campagne pour « calmer les esprits des gens », il publia en collaboration avec trois éminents loyalistes, Charles Inglis, Myles Cooper et Thomas Bradbury Chandler, des essais défendant la cause britannique, et il parcourut à ses propres frais les colonies de New York, de la Pennsylvanie et du Maryland pour tenter de neutraliser « le système populaire » et de maintenir le « gouvernement civil ». À la suite de l’escarmouche qui eut lieu à Lexington, au Massachusetts, le 19 avril 1775, il rédigea une pétition au nom des francs-tenanciers de Nottingham (près d’Allentown), exprimant leur attachement à la couronne et exhortant la chambre d’Assemblée du New Jersey à user de son influence pour amener une prompte réconciliation avec la Grande-Bretagne. Les documents se contredisent, mais il semble que Panton ait quitté Trenton après la signature de la Déclaration d’indépendance. En octobre 1776, il rejoignit l’armée britannique en campagne à White Plains, dans la colonie de New York. Au cours des deux mois qui suivirent, Panton joua un rôle important : pendant que l’armée traversait les colonies de New York et du New Jersey, il fournit à ses supérieurs, dont le capitaine John Montresor*, de précieux renseignements d’ordre militaire. En récompense de ses services, il obtint en 1778 le poste d’aumônier du Prince of Wales’s American Régiment. Les documents qui accompagnaient sa requête pour obtenir une pension du gouvernement en 1786 constituaient une nouvelle marque d’appréciation de ses efforts dans la campagne, efforts qui, selon Panton, étaient « connus de presque tous les officiers généraux dans les colonies du centre ». Parmi les personnes qui louèrent ses états de service dans l’armée se trouvaient lord Charles Cornwallis, sir William Howe et les anciens gouverneurs de New York et du New Jersey, William Tryon et William Franklin.

Panton passa probablement les dernières années de la guerre à New York, exerçant ses fonctions d’aumônier et dirigeant en 1783 une école militaire. Lorsque la ville fut évacuée à la fin de cette année, Panton rejoignit les Loyalistes qui s’étaient réfugiés à Shelburne, en Nouvelle-Écosse. Il s’engagea dès son arrivée là-bas dans une lutte acharnée avec un ministre anglican rival, lutte qui mettait en évidence le conflit entre le Nouveau et l’Ancien Monde concernant le mode de nomination des membres du clergé. Lorsqu’il avait été invité par quelques-uns des dirigeants de l’établissement à devenir leur ministre, Panton, après avoir montré qu’il était intéressé, avait reçu le salaire et l’approbation de la Society for the Propagation of the Gospel. Par suite de la confusion entourant ses intentions et son état de santé, certains loyalistes avaient présumé qu’il n’accepterait pas le poste et, par conséquent, avaient envoyé une invitation à William Walter, ancien rector de l’église Trinity à Boston. Les ministres arrivèrent dans la communauté à quelques jours d’intervalle, prétendant tous les deux représenter l’Église d’Angleterre à Shelburne et sollicitant chacun de leur côté l’appui des paroissiens, du gouverneur John Parr* et de la Society for the Propagation of the Gospel. Panton fondait ses prétentions sur l’invitation des dirigeants loyalistes et sur l’approbation qu’il avait reçue de la Society for the Propagation of the Gospel à titre de missionnaire. Walter, pour sa part, exhiba les requêtes qui lui avaient été envoyées, attestant qu’il était celui que la population avait choisi ; comme ni Parr ni la société missionnaire ne manifestaient de l’enthousiasme à l’égard de ses revendications, il mit de plus en plus l’accent sur la nécessité d’avoir l’appui du peuple. Pour Panton, de tels arguments faisaient fi de « l’autorité publique » et encourageaient des principes qui étaient aussi dangereux pour l’Église que pour le gouvernement.

À coups de lettres enflammées aux rédacteurs en chef des journaux de Shelburne, de pétitions et de réunions, d’accusations et de contre-accusations, la rivalité entre Panton et Walter prit un ton de violence et suscita la discorde. Les deux parties créèrent des conseils de paroisse distincts – les partisans de Walter étaient connus sous le nom de « conseil de l’église Trinity », alors que ceux qui appuyaient Panton se réclamaient de la « paroisse St Patrick » – et demandèrent des subventions de la Society for the Propagation of the Gospel. En 1784, Parr, sur la recommandation de Panton, divisa Shelburne en trois paroisses, St Patrick, St George et St Andrew. Il assigna Panton à la paroisse St Patrick, et Walter à celle de St George, St Andrew demeurant vacante. Walter protesta cependant contre cette décision et continua de soutenir que lui seul avait le droit d’exercer les fonctions de ministre anglican à Shelburne. Finalement, en 1785, Panton, épuisé et découragé, abandonna la partie et quitta Shelburne, en espérant que Walter démissionnerait lui aussi et qu’un nouveau ministre serait nommé pour ramener la paix dans la communauté. Son successeur à St Patrick, John Hamilton Rowland, demeura brouillé avec Walter jusqu’au moment où, en 1788, les paroisses rivales de St Patrick et de St George fusionnèrent. Ensemble, les deux communautés, administrées conjointement par Rowland et Walter, engagèrent des entrepreneurs de la région, Isaac Hildrith et Aaron White, pour commencer la construction de la Christ Church. En 1791, deux ans après l’achèvement de l’église, Walter retourna à Boston, laissant Rowland comme seul rector des paroisses unies de St Patrick et de St George.

Après avoir quitté Shelburne, Panton fut chargé, apparemment par le gouverneur Parr, de recueillir des fonds en Grande-Bretagne pour « ériger des temples dans les différents nouveaux établissements de la Nouvelle-Écosse ». Il arriva en Angleterre en février 1786 et, le mois suivant, il réussit à obtenir une pension annuelle de £40 du gouvernement britannique. Peu après, la Society for the Propagation of the Gospel lui trouva un poste à Yarmouth, en Nouvelle-Écosse. Mais, entre-temps, Panton semblait avoir abandonné l’idée de retourner dans la colonie, espérant plutôt obtenir un bénéfice convenable en Grande-Bretagne. Le 14 mars 1787, il écrivit de Londres pour demander à la Society for the Propagation of the Gospel la permission de retarder son départ pour Halifax parce que sa mère était mourante et qu’elle le réclamait auprès d’elle jusqu’à la fin. Un mois plus tard, il prétendit que la maladie de ses deux sœurs l’empêchait de rejoindre sa mission.

En septembre 1788, George Panton se trouvait à Kelso, probablement pour des affaires de famille. On n’entend plus parler de lui par la suite jusqu’en 1811, au moment où la Trésorerie britannique, notant que Panton était mort le 8 août de l’année précédente, cessa de verser sa demi-solde et sa pension. Bien qu’on connaisse peu de chose de sa vie personnelle, il semble qu’il ait été une sorte d’érudit. Dans sa requête devant la commission chargée d’examiner les réclamations des Loyalistes en 1783, il déclara qu’il avait notamment perdu durant la révolution environ 200 volumes et plus de 40 manuscrits contenant ses propres « essais, sermons, études littéraires, critiques, recherches philosophiques, etc., le fruit de nombreuses années de travail d’une valeur inestimable ».

Neil J. MacKinnon

PANS, RG 5, A, la.— PRO, AO 12/15 : f.8 ; 12/63 : f.2 ; 12/101 : f.320 ; 12/109 : f.252 ; AO 13, bundles 19, 62, 83, 93, 111 (infra aux APC) ; PMG 4/85 : f.65 ; T 50/11, 50/22 (mfm aux APC).— USPG, B, 6, no 25 ; 25 (transcriptions aux APC) ; C/CAN/NS 1 (transcriptions aux APC).–« United Empire Loyalists : enquiry into losses and services », AO Report, 1904 : 53s.— Nova-Scotia Packet : and General Advertiser (Shelburne, N.-É.), 1785. – Port-Roseway Gazetteer ; and, the Shelburne Advertiser (Shelburne), 1784–1785.— Royal American Gazette (Shelburne), 1784–1785.— Fasti Academiœ Mariscallanœ Aberdonensis : selections from the records of the Marischal College and University, (159318601, PJ. Anderson et J. F. K. Johnstone, édit. (3 vol., Aberdeen, Écosse, 1879–1898), 2 : 329, 331.— Lorenzo Sabine, The American loyalists, or biographical sketches of adherents to the British crown in the war of the revolution [...] (Boston, 1847).–A. W. [H.] Eaton, The Church of England in Nova Scotia and the tory clergy of the revolution (New York, 1891).— Fingard, Anglican design in loyalist N.S.— E. A. Jones, The loyalists of New Jersey : their memorials, petitions, claims, etc., from English records (Newark, N.J., 1927 ; réimpr., Boston, 1972).— C. F. Pascoe, Two hundred years of the S.P.G. [...] (2 vol., Londres, 1901).— J. M. Bumsted, « Church and state in Maritime Canada, 1749–1807 », SHC Hist. papers, 1967 : 41–58.— Neil MacKinnon, « Nova Scotia loyalists, 1783–1785 », HS, no 4 (nov. 1969) : 17–48.— W. O. Raymond, « The founding of Shelburne : Benjamin Marston at Halifax, Shelburne and Miramichi » ; « The founding of the Church of England in Shelburne », N.B. Hist. Soc., Coll., 3 (1907–1914), no 8 : 204–277 ; 278–293 respectivement.

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Neil J. MacKinnon, « PANTON, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/panton_george_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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