Titre original :  William Paine

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PAINE, WILLIAM, médecin, fonctionnaire et homme politique, né le 5 juin 1750 à Worcester, Massachusetts, fils de Timothy Paine et de Sarah Chandler ; le 23 septembre 1773, il épousa Lois Orne, de Salem, Massachusetts, et ils eurent six enfants ; décédé le 19 avril 1833 à Worcester.

William Paine, qui était issu de l’illustre famille Paine-Chandler, découvrit les arts et les sciences dès sa jeunesse, lorsqu’il fréquenta le Harvard Collège, et il continua toujours à s’y intéresser. Ayant obtenu son diplôme en 1768, il se mit à étudier la médecine auprès d’un éminent médecin de Salem, Edward Augustus Holyoke. En 1771, il commença à exercer sa profession à Worcester, où il devait plus tard installer sa femme.

Apparemment, Paine ne se mêla pas aux débats politiques qui précédèrent la Révolution américaine et préféra se consacrer entièrement à ses études. Toutefois, le 20 juin 1774, en raison de l’agitation qui gagnait tous les milieux, il fut amené à signer une protestation « contre toutes pratiques tumultueuses, désordonnées et séditieuses », notamment contre les « procédés inavouables et pernicieux » des comités de correspondance. Les citoyens rejetèrent la protestation et blâmèrent les signataires, obligeant certains hommes tels que Paine à faire connaître clairement leur position politique. Sur ce plan, les opinions de Paine étaient davantage dictées par la position sociale et politique de sa famille, qui avait intérêt à garder le statu quo, que par ses propres convictions idéologiques. Dans le but de se soustraire aux harcèlements, Paine s’embarqua pour l’Angleterre en 1774 afin d’y poursuivre ses études de médecine ; il obtint son doctorat du Marischal College d’Aberdeen, en Écosse, au mois de novembre 1775. Il occupa ensuite, et ce jusqu’en 1781, les fonctions d’apothicaire auprès des troupes britanniques, dans les Carolines, dans le Rhode Island et dans l’état de New York. Ayant reçu une commission de médecin en 1782, il fut affecté peu après à Halifax. L’année suivante, une fois les hostilités terminées, il fut mis à la demi-solde. Comme ses biens personnels avaient été confisqués en 1779, Paine se joignit avec sa famille au lot de réfugiés qui cherchaient à s’établir en Amérique du Nord britannique.

Plus chanceux que la plupart des exilés, Paine reçut d’importantes concessions de terre dans la région de la baie de Passamaquoddy, au Nouveau-Brunswick. Il continua même à toucher sa demi-solde et obtint £300 des £1 440 qu’il avait réclamées auprès de la commission chargée d’examiner les réclamations des loyalistes. Il s’établit avec sa femme et leurs trois jeunes enfants dans l’île Letete (île Fryes), affichant cet optimisme qui caractérisait tant de loyalistes : « Mes terres sont certes bien situées [...] L’île jouera bientôt un rôle important et [deviendra] le principal port de l’Amérique du Nord britannique. » Toutefois, il fallut moins d’un an pour que Paine aille s’établir à Saint-Jean, qui semblait réserver plus de promesses. Il y fit aussitôt son entrée dans la vie politique : en 1785, il fut nommé échevin de la nouvelle municipalité et fut élu député de la circonscription de Charlotte lors des premières élections législatives ; l’année suivante, il devint greffier de la chambre d’Assemblée. En 1785, il avait également succédé à Benjamin Marston* au poste rémunéré d’adjoint de John Wentworth*, inspecteur général des forêts du roi ; Paine s’acquitta de ses fonctions de manière consciencieuse.

Même s’il possédait de vastes terres et qu’il jouissait de plusieurs sources de revenus, Paine connut de plus en plus de frustrations dans son nouveau milieu. « Je suis près du découragement, écrivait-il, et il m’est absolument impossible de vivre avec ma demi-solde et [les revenus de] ma profession, malgré mon industrie et mes économies. » En outre, les Paine se préoccupaient beaucoup du manque d’établissements d’enseignement pour leurs enfants. Ainsi Paine participa à une pétition adressée au gouverneur Thomas Carleton*, dans laquelle on demandait la création d’« une école d’arts libéraux et de sciences ». En 1787, il se rendit aux États-Unis afin de s’occuper de certaines questions financières (qui étaient déjà en suspens avant la guerre d’Indépendance) et demeura au Massachusetts, même s’il avait avoué son intention de retourner au Nouveau-Brunswick. Il installa d’abord sa femme et ses enfants à Salem, puis, en 1793, dans la résidence que possédait sa famille à Worcester. En plus d’accéder à la richesse, Paine occupa une place prépondérante au sein de la nouvelle république : on le nomma, entre autres, membre honoraire de la Massachusetts Medical Society et fellow de l’American Academy of Arts and Sciences ; il reçut aussi un doctorat honorifique en médecine d’Harvard College et fut membre fondateur de l’American Antiquarian Society. Paine ne recouvra vraiment son identité américaine que lorsque les États-Unis lui accordèrent la citoyenneté, le 14 juillet 1812. Il mourut à l’âge de 82 ans, le 19 avril 1833.

William Paine demeure un loyaliste fascinant parce qu’il décida de revenir s’installer en permanence dans son pays natal, ce qui était inhabituel ; non seulement parvint-il à se réintégrer dans la société américaine, mais il connut la richesse, les honneurs et le respect de ses compatriotes. On se perd en conjectures sur les motifs qui poussèrent l’entourage de Paine à accepter si totalement cet ancien renégat alors que la société américaine demandait que chacun adopte, du moins en apparence, les vues de la majorité. L’explication la plus plausible tient à la personnalité même de Paine. Son absence de parti pris évident sur le plan idéologique, son goût pour l’étude et sa qualité de médecin furent tous des atouts qui facilitèrent son retour dans son pays natal.

Carol Anne Janzen

L’American Antiquarian Soc. (Worcester, Mass.) conserve les papiers de William Paine et l’UNBL en a une copie sur microfilm. La plus grande partie de ces papiers est constituée de documents d’affaires et juridiques et de registres de sa ferme, à Worcester, après qu’il y fut revenu en 1787 ; cependant, il existe aussi quelques lettres et journaux qui révèlent quelque chose du personnage. Une partie de sa correspondance a été publiée sous le titre de « Letters of William Paine, 1769 », Mass. Hist. Soc., Proc. (Boston), 59 (1925–1926) : 422–24 ; il est également l’auteur de : An address to the members of the American Antiquarian Society, pronounced in King’s Chapel, Boston, on their third anniversary, October 12, 1815 (Worcester, 1815).

PANS, MG 1, 939–940.— UNBL, MG H2.— « Worcester town records », Worcester Soc. of Antiquity, Coll. (Worcester), 5 (1883).— Massachusetts Gazette, and the Boston Weekly News-Letter (Boston), 30 juin 1774.— Massachusetts Spy (Boston), 30 sept. 1773.— Commissioned officers in the medical services of the British army, 1660–1960, Alfred Peterkin et al., compil. (2 vol., Londres, 1968).— Jones, Loyalists of Mass.— Shipton, Sibley’s Harvard graduates.— Stark, Loyalists of Mass. (1907).— Worcester births, marriages, and deaths, F. P. Rice, compil. (Worcester, 1894).— Esther Clark Wright, The loyalists of New Brunswick (Fredericton, 1955 ; réimpr., Moncton, N.-B., 1972, et Hantsport, N.-É., 1981).— G. E. Francis, Notes on the life and character of Dr. William Paine (Worcester, 1900).— Lawrence, Judges of N.B. (Stockton et Raymond).— MacNutt, New Brunswick.— Louisa Dresser, « Worcester silversmiths and the examples of their work in the collections of the museum », Worcester Art Museum, Annual (Worcester), 1 (1935–1936) : 49–57.— J. W. Lawrence, « The medical men of St. John in its first half century », N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1897), no 3 : 273–305.— W. S. MacNutt, « New England’s tory neighbors », Colonial Soc : of Mass., Trans. (Boston), 43 (1956–1963) : 345–361.— W. H. Siebert, « The exodus of the loyalists from Penobscot and the loyalist settlements at Passamaquoddy », N.B. Hist. Soc., Coll., 3 (1907–1914), no 9 : 485–529.— E. O. P. Sturgis, « A sketch of the children of Dr. William Paine », Worcester Soc. of Antiquity, Proc. (Worcester), 20 (1904) : 129–142.— James Vroom, « Dr. William Paine », Saint Croix Courier (St Stephen, N.-B.), 29 juin 1893 : 1.

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Carol Anne Janzen, « PAINE, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/paine_william_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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