OTTROWANA (Adrawanah, Atterwana, Dyaderowane, Gatrowani), chef goyogouin qui vécut dans ce qui est actuellement le nord de l’état de New York, circa 1746–1774.
Connu des Britanniques dès 1746, Ottrowana mena probablement plus d’un des détachements que le colonel new-yorkais des Six-Nations, William Johnson, équipait pour attaquer le Canada pendant la guerre de la Succession d’Autriche. Il fournit également à Johnson des renseignements comme, par exemple, la nouvelle, en 1747, suivant laquelle les Hurons avaient demandé la permission aux Six-Nations de détruire le fort français de Niagara (près de Youngstown, New York). Après la fin officielle des hostilités entre la Grande-Bretagne et la France en 1748, Ottrowana continua de donner des renseignements sur les activités françaises. En 1751, il signalait qu’il avait été à Cataracoui (Kingston, Ontario) « où ils construisaient un grand navire qui allait avoir trois mâts et que quelqu’un là-bas lui avait dit que, une fois armé, il était destiné à venir prendre cette place [Oswego (ou Chouaguen ; aujourd’hui Oswego, New York)]. Qu’il y avait vu six canons, destinés à ladite fin, trois verges de long, à grand calibre. » La guerre reprit au milieu des années 1750 ; le gouverneur Vaudreuil [Rigaud] invita les chefs des Six-Nations à le rencontrer à Montréal. Lors d’une conférence avec ceux qui vinrent à l’été de 1756, il dénonça la conception iroquoise de la diplomatie : « Vous prétendez être amis des Français et des Anglais afin d’obtenir ce que vous voulez des deux côtés, ce qui vous fait inventer des mensonges auxquels un homme probe ne songerait jamais. » La délégation avertit en privé les Indiens de l’Ouest qui étaient venus à Montréal aider les Français en guerre que, « comme ils ne pouvaient pas encore savoir comment les choses tourneraient », ils devraient retourner chez eux et rester neutres. On ignore si Ottrowana assista à la conférence, mais il en fit rapport à Johnson, l’avertissant que les Français avaient déclaré qu’ils attaqueraient le fort Johnson (près d’Amsterdam, New York) à l’automne.
Au début de l’année 1758, les Français semblent avoir fait un effort particulier pour se gagner l’amitié des Six-Nations et des tribus qui en dépendaient. Daniel-Marie Chabert de Joncaire de Clausonne partit de Montréal au printemps chargé d’une grande quantité de marchandises de traite et de cadeaux ; il était accompagné d’une douzaine de forgerons qui allaient vivre dans les villages indiens. Le bruit courut que les Français avaient l’intention de se concilier les chefs les plus favorables aux Britanniques ; Ottrowana en particulier fut l’un de ceux que l’on invita spécialement à se réunir au village tsonnontouan de Chenussio (Geneseo, New York). Quelques mois plus tard, il fit savoir à Johnson qu’une armée française se rassemblait à Oswego. En février 1759, lui et plusieurs autres chefs goyogouins se rendirent à la résidence de Johnson pour s’excuser du meurtre d’un Anglais par un de leurs jeunes hommes. La guerre terminée, les renseignements sur ses activités se font encore plus rares. Il se trouvait au fort Stanwix (Rome, New York) en 1768, lors de la signature d’un accord aux termes duquel les Indiens cédèrent une grande superficie de terre, et une ligne de démarcation fut établie entre les Blancs et les Indiens. En compagnie de Hotsinoñhyahtaˀ, de Teyohaqueande et d’autres, il assista au conseil tenu à Johnson Hall (Johnstown, New York) en vue de présenter des condoléances à la suite du décès de sir William Johnson en 1774.
Il est difficile d’estimer l’influence d’Ottrowana sur les siens. Johnson l’appela « un des hommes les plus influents chez les Goyogouins », mais il se peut que ce jugement ait été par trop optimiste du fait qu’Ottrowana était, semble-t-il, sincère partisan des Britanniques. Il ne fournit pas toujours des renseignements exacts, mais les rumeurs qu’il rapportait étaient d’ordinaire fondées sur des plans que les Français envisageaient sérieusement. Lorsque basés sur une information de première main, ses renseignements étaient sûrs. On peut toutefois douter de son sens politique. Une fois que les Français ne furent plus à Québec à se disputer leurs services, la puissance de négociation des Six-Nations s’affaiblit réellement, et leurs terres devinrent plus que jamais l’objet de la convoitise des colons britanniques.
Bougainville, Journal (A.-E. Gosselin), ANQ Rapport, 1923–1924, 319.— Johnson papers (Sullivan et al.).— NYCD (O’Callaghan et Fernow).— [J.-G.-C. Plantavit de Margon, chevalier de La Pause], Relation des affaires du Canada depuis l’automne dernière 57 [...], ANQ Rapport, 1932–1933, 347–350.
En collaboration, « OTTROWANA (Adrawanah, Atterwana, Dyaderowane, Gatrowani) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ottrowana_4F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
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