OSSAYE (Ossaie, Ossage), FRÉDÉRIC-M.-F., agronome et journaliste agricole français ; circa 1851–1863.

Frédéric Ossaye avait fait carrière en France où il avait dirigé une ferme-école pendant cinq ans avant d’arriver au Canada en 1851. En août de la même année, la Société d’agriculture du Bas-Canada, fondée en 1847 dans le but de coordonner et de diriger, au-dessus des différentes sociétés de district, le mouvement agricole dans la province, lui confia la direction de la première ferme expérimentale au pays à titre de professeur et d’administrateur-surveillant. L’établissement de cette ferme-école fut l’une des trois réalisations majeures de la société avec le lancement, en 1848, d’un journal agricole officiel dirigé par William Evans* et la grande enquête de 1850 sur l’état de l’agriculture au Bas-Canada. Située à La Tortue (Saint-Mathieu), comté de Laprairie, sur la propriété de 500 acres du président même de la société, Alfred Pinsonnault, la ferme qu’on avait louée eut une existence éphémère. Son entretien, le paiement des assurances et des taxes devaient engloutir rapidement les $800 prévus au budget, d’autant plus que la subvention spéciale qu’on attendait de la chambre d’Assemblée ne vint jamais. Ainsi la société rendit la ferme à son propriétaire dès le printemps de 1852, mais ce transfert ne se fit pas sans heurt. En effet, malgré l’opposition d’Ossaye et de plusieurs autres, en raison des améliorations apportées à la ferme, Pinsonnault refusa de céder à la société une somme égale aux bénéfices enregistrés et conserva ce qui restait de la somme initiale versée lors de la signature du contrat.

Ossaye publia à Québec, en 1852, les Veillées canadiennes ; traité élémentaire d’agriculture, à l’usage des habitants franco-canadiens. Au nombre de huit, ces veillées étaient des conversations entre un cultivateur écossais, établi au Canada vers 1835, et un de ses voisins qui, en prenant des leçons d’agriculture de l’immigré, avait résolu de l’imiter en tous points. Cette formule qui consistait à mettre en présence deux ou trois interlocuteurs, afin de rendre plus vivant l’enseignement d’une matière somme toute assez aride, n’était pas nouvelle. Toutefois, l’introduction par Ossaye du cultivateur écossais était l’application de la théorie des journalistes agricoles de l’époque selon laquelle c’était dans l’exemple pratique et non dans les livres qu’il fallait puiser la connaissance de la science agricole.

En 1853, Ossaye collabora pendant quelque temps à la Ruche littéraire illustrée, dirigée par Henri-Émile Chevalier*. Dans ses articles sur l’éducation agricole des femmes, il énuméra, entre autres, les devoirs de l’épouse d’un agriculteur : travaux de jardinage, embellissement de la ferme, culture des fleurs et des petits fruits. La même année, il publia à Montréal un livre intitulé Nouveau Système de comptabilité agricole, ou méthode sûre et facile pour bien gérer les opérations d’une ferme. À l’instar de plusieurs confrères, Ossaye entreprenait de lutter contre la négligence de trop de cultivateurs qui administraient mal leur entreprise.

En 1857, Ossaye devint un des principaux collaborateurs de Joseph-Xavier Perrault* au Journal de l’agriculteur et travaux de la chambre d’Agriculture du Bas-Canada. À partir de décembre 1857 il remplaça même pour quelques mois le rédacteur en chef et écrivit dans le journal au moins jusqu’en novembre 1858. Dans ses articles, Ossaye réclama, entre autres, l’intervention du gouvernement dans les affaires agricoles. Au Canada comme en Angleterre, sociétés privées et individus se chargeaient des affaires agricoles ; cette mentalité en était une de protestants, selon lui.

Après 1858, il devient de plus en plus difficile de retracer les activités d’Ossaye. Nous savons cependant qu’il continua d’œuvrer pendant quelques années dans le domaine agricole. En effet, Ossaye fut membre- de 1859 à 1862 tout au moins – de la chambre d’Agriculture du Bas-Canada, qui avait été créée en 1852 et placée sous la tutelle du bureau d’Agriculture de la province du Canada. Le Courrier de Saint-Hyacinthe, dans son numéro du 13 septembre 1859, nous apprend qu’Ossaye, ami de Félix Vogeli, présenta une machine agricole de sa fabrication, un « arrache-souche », à un concours de la chambre d’Agriculture. Il reçut même la médaille d’or à cette occasion. De plus, ce concours aurait eu lieu sur la ferme exploitée par Ossaye. Après avoir offert ses services au surintendant de l’Instruction publique, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau*, pour donner gratuitement des leçons d’agriculture à l’école normale Jacques-Cartier de Montréal, Ossaye y enseigna en 1860. Finalement, en 1863, il s’occupa, particulièrement avec Henri-Gustave Joly* de Lotbinière, de vulgariser la culture des plantes textiles dans la province. Dans un long article, paru dans la Gazette des campagnes du 15 juillet, il traite de la nécessité de s’adonner à la culture du lin et du chanvre qui, en plus de fournir des vêtements aux gens du pays, permettrait d’ouvrir des marchés d’exportation, « ce qui ferait entrer une masse de capitaux » au pays. Nous perdons sa trace après cette date.

La carrière d’Ossaye est certes caractéristique de celle de nombreux Européens, venus au Bas-Canada vers le milieu du xixe siècle, qui ont œuvré dans des domaines spécialisés et relativement nouveaux comme l’agronomie, la médecine vétérinaire ou encore le journalisme agricole.

Marc-A. Perron

F.-M.-F. Ossaye, Les veillées canadiennes ; traité élémentaire d’agriculture, à l’usage des habitants franco-canadiens (Québec, 1852) ; Nouveau système de comptabilité agricole, ou méthode sûre et facile pour bien gérer les opérations d’une ferme (Montréal, 1853).

      Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 26 juill., 13 sept. 1859.— Gazette des campagnes (Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Québec), 15 juill. 1863.— Journal d’agriculture et transactions de la Société d’agriculture du Bas-Canada (Montréal), juin–août 1852.— Journal de l’agriculteur et travaux de la chambre d’Agriculture du Bas-Canada (Montréal), mai 1857–nov. 1858.— La Ruche littéraire illustrée (Montréal), 1853.— [L.-] A. Desrosiers, Les écoles normales primaires de la province de Québec et leurs ouvres complémentaires, 1857–1907 (Montréal, 1909), 107.— M.-A. Perron, Un grand éducateur agricole : Édouard-A. Barnard, 1835–1898 ; essai historique sur l’agriculture de 1760 à 1900 ([Montréal], 1955).

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Marc-A. Perron, « OSSAYE (Ossaie, Ossage), FRÉDÉRIC-M.-F. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ossaye_frederic_m_f_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    28 novembre 2024