OOLIGBUCK (Oolibuck, Ouligbuck, Oullibuck, Oulybuck, Ullebuck), chasseur, interprète et guide inuit ; il se maria deux fois et eut au moins trois enfants ; décédé en 1852.
La première mention connue d’Ooligbuck remonte à son arrivée, au mois de mai 1824, au poste de la Hudson’s Bay Company à Churchill (Manitoba). Le fonctionnaire responsable du poste, Hugh Leslie, l’avait engagé pour accompagner le capitaine John Franklin* dans une expédition par voie de terre jusqu’à l’embouchure du fleuve Mackenzie (Territoires du Nord-Ouest). Même s’il ne parlait pas anglais, Ooligbuck, dont le salaire annuel consistait en un lot de fourrures équivalant à 50 peaux de castor, devait apporter son aide à la chasse et tenir compagnie à l’interprète inuit Augustus [Tattannoeuck*]. Le groupe passa l’hiver de 1825–1826 au fort Franklin (Fort Franklin), sur le Grand lac de l’Ours. Ooligbuck se livra à la chasse mais, comme il n’avait pas l’habitude des régions boisées, il n’eut pas beaucoup de succès. Au printemps, les membres de l’expédition se rendirent à la pointe Séparation, dans le delta du Mackenzie où, le 4 juillet 1826, ils se séparèrent en deux groupes ; l’un, sous la direction de Franklin, alla vers l’ouest et l’autre, sous les ordres de John Richardson* et d’Edward Nicolas Kendall*, partit vers l’est en direction du fleuve Coppermine. Ooligbuck accompagna Richardson, lequel fut impressionné par son habileté à manœuvrer un canot ainsi que par ses manières agréables et son excellent caractère. Tout au long du voyage de 1 455 milles, la présence d’Ooligbuck rassura les Inuit sur les intentions amicales des membres de l’expédition. Pendant l’hiver de 1826–1827, ceux-ci partirent par voie de terre vers le sud-est et atteignirent Norway House (Manitoba) où, en juin, Ooligbuck et Augustus quittèrent Franklin pour revenir à la baie d’Hudson.
À son retour à Churchill en septembre 1827, Ooligbuck entra à la Hudson’s Bay Company ; il rendait divers services, depuis la chasse au phoque jusqu’au sarclage des navets dans le jardin de la compagnie. En novembre 1829, comme il avait appris l’anglais, il accepta de servir d’interprète au groupe de Nicol Finlayson*, qui était chargé par le gouverneur de la Hudson’s Bay Company, George Simpson, de construire un fort dans la baie d’Ungava. Le 23 novembre, Ooligbuck partit pour Moose Factory (Ontario). Après que la construction du poste de la baie d’Ungava, le fort Chimo (Fort-Chimo, Québec), fut achevée à l’été de 1830, Ooligbuck resta sur place à titre d’employé de la compagnie et aida à établir le commerce avec les Inuit. De plus, comme l’approvisionnement en nourriture était souvent précaire, les hommes résidant au fort appréciaient énormément ses très grandes qualités de chasseur.
À l’automne de 1837, Ooligbuck accepta de faire partie d’une autre expédition, laquelle devait se rendre par voie de terre jusqu’aux fleuves Mackenzie et Coppermine, et d’agir à titre d’interprète. Il ne put rejoindre le groupe avant le 13 avril 1839, mais il n’en fut pas moins chaudement accueilli par Peter Warren Dease* et Thomas Simpson, les chefs de l’expédition, qui le décrivirent comme une « recrue précieuse et inespérée ». Pendant l’été de 1839, il accompagna la mission d’exploration qui descendit le fleuve Coppermine et fit le relevé de la côte vers l’est jusqu’à la rivière Castor et Pollux, au sud-est de la terre du Roi-Guillaume (Territoires du Nord-Ouest).
Une fois l’expédition terminée, Ooligbuck resta dans la région du Mackenzie et, en 1840, il accompagna John Bell* qui remonta la rivière Peel pour établir le fort McPherson (Fort McPherson). Ooligbuck passa l’hiver de 1841–1842 au poste de pêche de la Hudson’s Bay Company à l’île Big, dans le Grand lac des Esclaves, et ne revint à Churchill qu’en 1843. En 1846, Ooligbuck et son fils William furent engagés comme chasseurs et interprètes de l’expédition de la Hudson’s Bay Company dirigée par John Rae*, qui partait explorer la côte nord entre la rivière Castor et Pollux et le détroit de Fury et Hecla. Cependant, il devint évident que les forces d’Ooligbuck déclinaient et qu’il ne pouvait plus suivre la rude allure des explorations en traîneau. Le 31 août 1847, il revint à Churchill avec les membres de l’expédition. En dépit de l’opinion du chef de poste William Sinclair* selon laquelle il était « lent dans tout ce qu’il fai[sait] », Ooligbuck resta au service de la compagnie jusqu’en juin 1848 ; c’est alors qu’il partit vivre avec son peuple. En janvier 1853, William Mctavish*, agent principal d’York Factory (Manitoba), fit savoir qu’Ooligbuck était mort à la fin de 1852.
Considéré comme l’un des Inuit qui a probablement le plus voyagé à son époque, Ooligbuck rendit d’importants services aux explorateurs qui dressèrent la carte de la côte septentrionale de l’Amérique du Nord. Durant la première moitié du xixe siècle, il y eut probablement moins de dix Inuit capables de jouer le rôle d’interprètes, et Ooligbuck figure parmi eux. De plus, comme guide et chasseur expérimenté, il rendit la vie des explorateurs plus facile et plus sûre. Pourtant, il conserva résolument son identité inuit, malgré ses constants rapports avec les membres de la Hudson’s Bay Company. Ooligbuck refusa de fréquenter l’église de Churchill et, montrant ses profonds sentiments d’appartenance à son peuple, il demanda qu’au moins un autre Inuk l’accompagne durant ses voyages. En 1961, la Commission canadienne des noms géographiques baptisa, en son honneur, la pointe Ooligbuck (Territoires du Nord-Ouest).
PAM, HBCA, B.42/a/151 : fos 32, 38 ; B.42/a/155 : fos 11, 16d ; B.42/a/156 : fo 1d ; B.42/a/157 : fos 6, 7d ; B.42/a/179 : fo 14d, 3 déc. 1843 ; B.42/a/185 : fo 4, 29 nov. 1847, fo 17, 7 juin 1848 ; B.157/a/1 : fo 2d, 17 août 1840 ; B.186/b/34 : fo 30 ; B.200/a/26 : fos 6d, 9d, 28 août 1841 ; B.200/b/13 : fo 16 ; B.200/b/16 : fo 6 ; B.200/b/17 : fos 10, 10d, 30 juillet 1843 ; B.239/a/141 : fo 3, 2 nov. 1829 ; B.239/b/104b : fo 10, 22 janv. 1853 ; B.239/c/3 : 20 juin 1837 ; D.5/5 : fo 133.— R. M. Ballantyne, Ungava : a tale of Esquimaux-land (Londres, 1857).— John Franklin, Narrative of a second expedition to the shores of the polar sea, in the years 1825, 1826, and 1827 (Londres, 1828).— Letitia Hargrave, The letters of Letitia Hargrave, M. A. MacLeod, édit. (Toronto, 1947).— Northern Quebec and Labrador journals and correspondence, 1819–35, K. G. Davies et A. M. Johnson, édit. (Londres, 1963).— John Rae, John Rae’s correspondence with the Hudson’s Bay Company on Arctic exploration, 1844–1855, E. E. Rich et A. M. Johnson, édit. (Londres, 1953).— Alexander Simpson, The life and travels of Thomas Simpson, the Arctic discoverer (Londres, 1845).— Thomas Simpson, Narrative of the discoveries on the north coast of America ; effected by the officers of the Hudson’s Bay Company during the years 1836–39 (Londres, 1843).— Cooke et Holland, Exploration of northern Canada.
Shirlee Anne Smith, « OOLIGBUCK (Oolibuck, Ouligbuck, Oullibuck, Oulybuck, Ullebuck) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ooligbuck_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
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