OLIVER, ADAM, homme d’affaires et homme politique, né le 11 décembre 1823 dans le comté de Queens, Nouveau-Brunswick, quatrième fils de John Oliver et de Jeanett Armstrong ; le 5 décembre 1846, il épousa Elizabeth Grieve (décédée le 5 juin 1866), et ils eurent six enfants, puis, le 13 juin 1868, Ellen Rintoul, et de ce mariage naquirent quatre enfants ; décédé le 9 octobre 1882 à Ingersoll, Ontario.

Adam Oliver reçut son instruction au Nouveau-Brunswick puis, en 1836, il partit pour le canton de Westminster, dans le Haut-Canada. Il apprit le métier de menuisier à London avant de s’établir à Ingersoll en 1850. Deux ans plus tard, Ingersoll fut érigé civilement en village et ne tarda pas à devenir un centre de commerce de bois dur, de même que de blé, d’instruments agricoles et, dans les années 1860, de fromage. Oliver profita de la croissance du village en mettant sur pied une firme de construction et de travaux divers. En 1853, il obtint un contrat de $30 000 à $40 000 par lequel il s’engageait à construire un dépôt à Niagara Falls pour le compte de la Great Western Railway. Ayant acquis une propriété près du dépôt, au milieu des années 1850, il entreprit de la mettre en valeur, construisant une maison de briques et un « moulin » de rabotage à vapeur et mettant sur pied un chantier de bois. En 1861, il employait 24 hommes dans ses diverses entreprises.

Oliver participa aussi activement à la vie publique d’Ingersoll dès son érection civile. Élu au premier conseil scolaire du village en 1852 et au conseil municipal en 1855, 1856, et de 1859 à 1863, il occupa le poste de président de ce dernier conseil de 1859 à 1862 ; il fut aussi préfet du comté d’Oxford en 1862. À la suite d’une violente attaque verbale d’Oliver à l’endroit du président du conseil municipal, John Galliford, en 1856, les équipes rivales d’Oliver et de Galliford briguèrent les suffrages aux élections municipales. Oliver se plaignit que Galliford gérait les affaires du village de façon peu ouverte. Par ailleurs, le fait de diriger le conseil pouvait sans doute aider l’entreprise de construction d’Oliver et permettre à celui-ci d’encourager le développement du village vers le nord, en direction du chemin de fer et de sa propriété. À titre de président du conseil, Oliver s’opposa à l’érection d’Ingersoll en municipalité, prétextant que cela entraînerait des frais d’administration plus élevés, mais probablement songeait-il aussi à sauvegarder ses propres intérêts politiques : un maire élu par voie populaire aurait moins d’influence sur le conseil qu’un président de conseil municipal nommé par cette même assemblée. L’opposition d’Oliver au statut de municipalité entraîna la défaite de son équipe en 1863, et Ingersoll devint municipalité en janvier 1865. Ironiquement, Oliver fut le premier à être élu maire d’Ingersoll, poste qu’il occupa en 1865 et 1866. Alors qu’il était président du conseil municipal et, plus tard, maire d’Ingersoll, Oliver y exerça également les fonctions de magistrat. Il fit partie de l’Independant Order of Odd Fellows de 1856 à 1865, servit à titre de capitaine de la compagnie d’infanterie volontaire d’Ingersoll de 1864 à 1866 et fut un défenseur généreux de l’église presbytérienne Erskine, bien qu’il n’en devînt communiant qu’en 1868.

En 1867, Oliver fonda l’Adam Oliver Company en association avec William Cairns Bell et Hugh McKay Sutherland* ; à la même époque, il agrandit ses moulins à Ingersoll et acheta de nouveaux équipements. Bell s’occupant de la gestion de l’entreprise, Oliver eut toute liberté pour disputer, sous la bannière réformiste, la circonscription d’Oxford South à James Noxon, candidat de la coalition dirigée par John Sandfield Macdonald*, au cours des premières élections provinciales d’Ontario. Oliver gagna l’élection de 1867 et fut réélu en 1871, défaisant le candidat conservateur Stephen Richards, qui n’était pas un résidant de la circonscription. Hors le parrainage du projet de loi de 1868 visant à établir des normes pour les fabriques de fromage et de beurre – deux produits importants dans sa région – il fit peu de chose pour sa circonscription et s’en désintéressa presque complètement en 1872, s’occupant davantage d’intérêts commerciaux dans le nord-ouest de l’Ontario, bien qu’il continuât d’habiter Ingersoll.

En 1871, un incendie détruisit un moulin de rabotage et un chantier de bois que la firme d’Oliver avait établis à Orillia trois ans plus tôt. Après avoir retiré son capital de cette entreprise, Oliver le transféra dans le district de Thunder Bay. En 1872, il forma l’Oliver, Davidson and Company, en association avec un entrepreneur forestier de Toronto et ancien résidant d’Ingersoll, Joseph Davidson, et deux avocats de cette localité, Peter Johnston Brown et Thomas Wells. L’entreprise érigea en 1873 le premier moulin de sciage et de rabotage du district, près de Fort William (maintenant partie de Thunder Bay). En 1874, la société était censée posséder des droits sur 40 000 acres de terrain et des investissements totaux de $100 000 dans la région. En janvier 1875, le gouvernement fédéral annonça que le territoire urbain peu habité de Fort William allait être l’emplacement du futur terminus du chemin de fer canadien du Pacifique au lac Supérieur. L’Oliver, Davidson and Company, qui possédait 136 acres de terre près du territoire urbain de Fort William et 42 lots dans le territoire lui-même, réussit à recueillir $12 410 de la vente de terres au gouvernement. En février, la société obtint un contrat de $243 000 du gouvernement pour installer une ligne de télégraphe de Fort William à Winnipeg ; ce contrat fut suivi d’un autre de $3 500, en septembre suivant, pour construire un bâtiment devant abriter des locomotives. En juin 1876, la société entreprit d’exploiter la ligne de télégraphe du gouvernement entre Fort William et Rat Portage (Kenora).

Déçus de n’avoir pu obtenir le terminus de chemin de fer pour leur propre communauté, les habitants de Prince Arthur’s Landing (Port Arthur ; maintenant partie de Thunder Bay), qui était situé à proximité, se plaignirent de ce que le principal bénéficiaire des contrats du gouvernement fédéral, Adam Oliver, était un député libéral provincial. Cette plainte suscita une enquête sénatoriale sur les transactions foncières. Le rapport déposé par le sénat en 1878 déclara que la procédure d’évaluation foncière avait favorisé les propriétaires fonciers et que le gouvernement avait payé des prix grossièrement exagérés pour les terrains. Bien que les enquêteurs du sénat, dominé alors par les conservateurs, aient fait preuve de partisanerie et que les témoignages fussent partiaux, Oliver fut on ne peut plus embarrassé lorsqu’on révéla qu’une généreuse indemnité avait été versée à sa compagnie pour un hôtel situé sur le terrain destiné au chemin de fer, mais ayant été construit après l’annonce des projets du gouvernement concernant les terrains réservés au chemin de fer. L’activité d’Oliver dans le nord-ouest de la province cessa en 1879, mais il y maintint des investissements commerciaux jusqu’à sa mort. La réputation d’Oliver fut ternie de nouveau en 1882, lorsque le rapport de la Commission royale d’enquête sur la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique présenta des preuves indirectes montrant que le contrat octroyé à sa compagnie pour le télégraphe allant de Fort William à Winnipeg avait été obtenu grâce à son influence auprès du département des Travaux publics et en particulier auprès de son titulaire, Alexander Mackenzie*.

Outre les difficultés rencontrées par Oliver dans les années 1870, sa carrière politique déclina. Il dut démissionner en 1874 de son poste de député au parlement de l’Ontario pour avoir possiblement contrevenu à l’Independance of Parliament Act : l’Oliver, Davidson and Company avait en effet vendu du bois par inadvertance à un acheteur au service du gouvernement provincial. Oliver fut réélu sans opposition à l’élection partielle qui eut lieu plus tard cette année-là, peut-être parce que l’opposition avait décidé de ne pas y participer pour mieux se préparer aux élections générales. Il ne remporta la victoire aux élections de 1875 que par une faible marge et perdit son siège après qu’une enquête eut révélé des cas de pots-de-vin et de corruption chez certains de ses partisans. Retiré de la politique provinciale et voyant ses intérêts à Ingersoll renaître, Oliver se porta candidat à l’élection municipale de 1877 au poste de président adjoint du conseil municipal de canton, mais il fut défait par James Noxon. Élu à ce poste en 1880, il démissionna quatre mois plus tard, atteint de paralysie, et mourut en 1882. Après sa mort, les sociétés auxquelles il participait furent dissoutes, et ses propriétés, converties en valeurs. Son épouse hérita de la majeure partie des titres, évalués à $70 070.

G. N. Emery

APC, RG 31, A1, 1851, 1861, 1871, Ingersoll ; 1842, 1851, Westminster Township.— Ingersoll Town Hall (Ingersoll, Ontario), Assessment rolls, 1880–1882 ; Map of town of Ingersoll, 1905.— Oxford County Surrogate Court (Woodstock, Ontario), no 1 252, testament d’Adam Oliver, 26 déc. 1882 (mfm aux AO).— Canada, Commission royale du chemin de fer du Pacifique canadien, Report (3 vol., Ottawa, 1882).— Thunder Bay district, 1821–1892 : a collection of documents, [M.] E. Arthur, édit. (Toronto, 1973).— Ingersoll Chronicle (Ingersoll), 1854–1882.— Oxford Herald (Ingersoll), 12 janv. 1860–29 mai 1862.— Thunder Bay Sentinel (Thunder Bay, Ontario), 1875–1879.— Canadian biog. dict., I : 678–681.— County of Oxford, gazetteer and general business directory, for 1862–3 [...], James Sutherland, compil. (Ingersoll, 1862).— Oxford and Norfolk gazetteer, and general and business directory [...], [James Sutherland, compil.] (Woodstock), 1867.— The Oxford gazetteer ; containing a complete history of the county of Oxford, from its first settlement ; together, with a full abstract of each census [...], T. S. Shenston, compil. (Hamilton, Ontario, 1852).— Pierre Berton, The national dream : the great railway, 1871–1881 (Toronto et Montréal, 1970), 229–239.— George Emery, « Adam Oliver, Ingersoll and Thunder Bay district, 1850–82 », OH, 68 (1976) : 25–43.

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G. N. Emery, « OLIVER, ADAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/oliver_adam_11F.html.

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Année de la publication:    1982
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