OILLE (Oill), GEORGE NICHOLAS, mécanicien, manufacturier et homme d’affaires, né en mars 1817 dans le canton de Pelham, Haut-Canada, l’aîné des huit enfants de George Nicholas Oille et d’Elizabeth Decker, décédé le 28 mars 1883 à St Catharines, Ontario.
Les jeunes années et les études de George Nicholas Oille ne nous sont guère connues. Il semble qu’il avait « le génie de la mécanique » et qu’il s’instruisit entièrement par lui-même dans ce domaine, « n’ayant même jamais été apprenti durant une courte période ». Il travailla peut-être à la Niagara Harbour and Dock Company, fonderie de pièces de navires à vapeur située à Niagara (Niagara-on-the-Lake), avant d’aller s’établir à St Catharines au cours de l’année 1847. Par suite de la concentration des industries, favorisée par l’ouverture du canal Welland, St Catharines était devenu le principal centre de la minoterie dans la presqu’île de Niagara et constituait un important lieu d’expédition de marchandises. En 1850, Oille avait mis sur pied un « vaste atelier de construction mécanique avec fourneau », connu sous la raison sociale George N. Oille’s Machine Shop and Foundry, où il employait 30 hommes en juin 1856. Cette année-là, il fabriqua toutes sortes de produits : faucheuses, écrémeuses, machines actionnées par deux chevaux reliés par une tige de métal, roues de wagons, essieux, machines à vapeur et chaudières, et l’on évalua ses ventes à environ $15 000.
En raison de l’aspect particulier que prenait, dans les années 1860, le développement industriel de la presqu’île de Niagara, Oille commença de se spécialiser dans la construction des moteurs marins. En 1861, il accepta de fournir à Louis Shickluna, principal constructeur de navires à St Catharines, la chaudière d’un traversier devant relier cette ville à Toronto. En 1863, sa firme employait dix hommes à la construction des machines et des chaudières du bateau à hélice America, voilier muni d’un moteur qui appartenait à deux gros marchands de St Catharines, James Norris et Sylvester Neelon. Lancé par le chantier maritime de Shickluna en 1863, l’America, comme la plupart des navires de ce constructeur, était conçu pour transporter de la farine à Montréal. En avril 1864, le City of Toronto, navire de voyageurs jaugeant 615 tonneaux, fut mis en service à Niagara ; Oille en avait construit non seulement la chaudière, mais aussi le moteur de 365 chevaux. Un mois plus tard, Shickluna lança un remorqueur de 137 pieds, le Samson, dont tous les appareils internes et la machinerie avaient été fabriqués chez Oille à partir de plans dessinés par Cyrus Dean, surintendant responsable des locomotives à la Welland Railway Company.
En dépit des premiers succès remportés par Oille avec ses moteurs marins, l’obtention des contrats donnait lieu à une vive concurrence. En 1863 et en 1864, Shickluna lança au moins quatre autres bateaux à hélice, dont les moteurs, cependant, furent fournis par John Gartshore, de Dundas, ou par la firme Davidson and Doran, de Kingston. En 1866, toutefois, Shickluna plaçait de nouvelles commandes chez Oille. Le bateau à hélice City of London, lancé en avril 1866, était destiné à faire la navette entre Port Stanley et d’autres villes du lac Érié. Oille fabriqua pour ce navire une machine à vapeur à condensation ; il modifia la répartition du poids en plaçant les machines six pieds en avant de l’endroit habituel et il relia à la chaudière un dispositif permettant d’inonder de vapeur et d’eau n’importe quelle partie du navire en cas d’incendie. Sans être liés d’une manière officielle, Oille et Shickluna signèrent des contrats jusque dans les années 1870. Entre 1868 et 1873, Oille produisit les moteurs et les chaudières de sept bateaux à hélice construits par Shickluna ; la plupart de ces bâtiments servirent au commerce de la farine et du blé avec Montréal.
Lorsqu’il travailla à l’installation de machines pour le Prussia, un autre bateau construit par Shickluna et mis en service en juin 1873, Oille montra une fois de plus ses talents dans la production de la machinerie des bateaux à hélice. Non seulement fabriqua-t-il les moteurs à basse pression de ce bâtiment, mais il conçut également une grue à vapeur spéciale pour le pont. Avec son frère Lucius Sterne, médecin en vue à St Catharines, il était au nombre des actionnaires qui possédaient ce bateau destiné surtout au transport des voyageurs.
Bien que Shickluna fût son principal client, Oille obtenait, grâce à sa réputation, des contrats d’autres constructeurs locaux. En 1865, il installa une machine oscillante de 60 chevaux dans un vapeur à voyageurs construit par Melancthon Simpson à St Catharines, et il fabriqua les machines du bateau à hélice Alma Munro, propriété de l’Elgin Transportation Company, de Port Stanley, et construit par Andrews and Son, de Port Dalhousie (maintenant partie de St Catharines).
La carrière de George Nicholas Oille illustre fort bien de quelle façon le développement industriel, à la faveur des ressources du milieu, donna naissance à la spécialisation dans certains nouveaux centres urbains après 1850. Mécanicien à l’esprit novateur, Oille contribua beaucoup à perfectionner le moteur marin qui, dans la région de St Catharines, s’avérait indispensable aux industries de construction navale et d’expédition des marchandises. Ayant peu de vrais amis, il se consacra tout entier à son entreprise et s’attira un large respect pour ses réalisations.
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Bruce A. Parker, « OILLE (Oill), GEORGE NICHOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/oille_george_nicholas_11F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
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