O’REILLY, CHARLES, médecin, fonctionnaire, administrateur d’hôpital et éducateur, né le 19 juin 1846 à Hamilton, Haut-Canada, fils de Gerald O’Reilly* et de Henrietta Waters ; le 10 octobre 1876, il épousa à Dundas, Ontario, Sophia Elizabeth Rolph, nièce de John Rolph*, et ils eurent un fils ; décédé le 3 mai 1920 à Toronto.
Détenteur d’une autorisation d’exercer la médecine en Irlande, Gerald O’Reilly se fixa à Hamilton, où il se bâtit une pratique prospère et se créa un réseau qui permettrait aux O’Reilly des deux générations suivantes de faire de belles carrières de médecin. Le jeune Charles O’Reilly fréquenta des écoles privées à Hamilton et commença ses études de médecine au McGill College de Montréal en 1863 ; il reçut son diplôme en 1867.
Aidé, semble-t-il, par les relations de son père, décédé en 1861, O’Reilly retourna à Hamilton pour faire sa résidence au City Hospital ; il avait alors 21 ans. À la création du Bureau de santé de Hamilton en 1873, il assuma la fonction de médecin hygiéniste ; de plus, la municipalité l’employa comme vaccinateur public et chirurgien de la police. D’abord à Hamilton puis à Toronto, il arrondissait son revenu en donnant, contre un forfait annuel, des services médicaux de base aux membres d’une société de bienfaisance. De plus, il œuvra dans des organisations médicales à l’échelle locale et provinciale.
À la fin de 1875, le conseil d’administration du Toronto General Hospital offrit à O’Reilly le poste de surintendant médical. L’hôpital, alors situé à l’angle des rues Gerrard et Sackville, connaissait des difficultés financières. D’après une source, le conseil d’administration choisit O’Reilly parce qu’il venait de l’extérieur et n’avait aucun « préjugé inhérent » envers les professeurs et les diplômés des diverses écoles privées de médecine de Toronto. Ses longs états de service à la surintendance du Toronto General Hospital – de janvier 1876 à avril 1905 – en font un personnage important des débuts de l’hôpital moderne au Canada. De plus, sa longévité professionnelle montre qu’il savait traiter avec un conseil d’administration, avec les hommes politiques municipaux et provinciaux et avec ses collègues médecins. O’Reilly figura parmi les premiers dirigeants du mouvement visant à professionnaliser l’administration hospitalière en Amérique du Nord. En 1902, il fut membre fondateur et vice-président de l’Ontario Hospital Association, qui disparut quelques années plus tard. Par la suite, il fut vice-président de la Hospital Association of the United States.
Dès le début, O’Reilly se battit pour que le pouvoir, au Toronto General Hospital, appartienne aux médecins. Peu après sa nomination, et sur ses instances, un conseil consultatif médical se forma afin de représenter les intérêts du personnel médical auprès du conseil d’administration. Les administrateurs sollicitaient l’avis du conseil consultatif sur diverses questions : nombre de membres du personnel médical, constitution d’une pharmacopée, enseignement de la médecine dans des amphithéâtres plutôt que dans les salles de l’hôpital. Conformément aux tendances qui se dessinaient ailleurs sur le continent, O’Reilly donna à l’hôpital un rôle plus décisif dans la formation des infirmières et des étudiants en médecine. À la fin des années 1870, il visita des écoles d’infirmières aux États-Unis en vue d’ouvrir un établissement de ce genre. La Toronto General Hospital Training School for Nurses ouvrit ses portes sous sa direction en 1881. Dès les années 1890, cette école, alors dirigée par Mary Agnes Snively*, avait une renommée internationale.
O’Reilly contribua à la formation des médecins en participant à l’intégration de l’hôpital et de la faculté de médecine de la University of Toronto. Son plus grand apport à l’enseignement se situa dans le domaine de la pratique clinique. Dans les années 1880 et 1890, il fut examinateur de pratique clinique auprès du conseil médical de la province et de la University of Toronto, ainsi qu’examinateur à la Trinity Medical School et à l’Association ambulancière Saint-Jean, formée en 1895. Au fil de sa carrière au Toronto General Hospital, il supervisa des centaines d’étudiants qui visaient l’attestation de leur expérience clinique pour obtenir une autorisation d’exercer du College of Physicians and Surgeons of Ontario. Après la réouverture de la faculté de médecine de la University of Toronto en 1887 [V. William Thomas Aikins*], il fit une tournée dans des villes américaines avec une délégation universitaire qui étudiait le rôle de l’hôpital dans la formation médicale. Cependant, les difficultés financières du Toronto General Hospital nuisirent à son travail en formation médicale.
À l’époque d’O’Reilly, l’hôpital était avant tout un établissement de charité pour la classe ouvrière de la ville. La plus grosse partie de son budget provenait de dons privés et de subventions municipales et provinciales, et son principal problème était la pénurie chronique de fonds. O’Reilly fut donc obligé d’adopter des mesures d’austérité et de se transformer en « maître ès épargne ». Selon un ancien étudiant, le docteur Herbert Alexander Bruce*, la réduction des dépenses lui tenait tellement à cœur qu’il réparait lui-même des instruments chirurgicaux et insistait pour que les chirurgiens portent des manches et non des blouses pour les opérations.
Avant 1900, O’Reilly parvint à recueillir des fonds supplémentaires auprès de divers bienfaiteurs pour agrandir l’hôpital. De 1876 à 1891, il fit faire notamment les aménagements suivants : agrandissement du bâtiment central, construction sur le terrain de l’Andrew Mercer Eye and Ear Infirmary et du Pavillon (pour « les maladies spécifiques aux femmes et la chirurgie abdominale ») et fusion de l’hôpital avec le Burnside Lying-In Hospital. Au cours de cette période, le nombre de lits passa de 150 à 400 et le nombre annuel d’admissions, de 816 à 2 995. En outre, O’Reilly contribua largement à l’instauration d’un service d’ambulances en 1881.
En dépit de ces progrès, l’hôpital arrivait de moins en moins, sous la direction d’O’Reilly, à satisfaire les besoins grandissants de Toronto, aux prises avec une croissance spectaculaire à compter de 1900. O’Reilly fut évincé au début des réformes massives lancées par le producteur torontois de viandes emballées Joseph Wesley Flavelle*, qui était entré au conseil d’administration de l’hôpital en 1902 et en devint président en 1904. Flavelle fut l’instigateur de la construction d’un nouvel hôpital qui ouvrirait ses portes en 1913 dans la rue College, à l’intersection de l’avenue University. À cause de la « tension » engendrée par ces changements, O’Reilly démissionna de la surintendance vers la fin d’avril 1905 et reprit la pratique privée à Toronto. De confession anglicane, il mourut en 1920 dans sa maison de l’avenue St Clair West et fut inhumé au cimetière Mount Pleasant.
L’administration de Charles O’Reilly constitua la première phase moderne du développement du Toronto General Hospital en tant qu’établissement municipal soutenu à la fois par le gouvernement, les milieux d’affaires et la profession médicale. À compter de la démission d’O’Reilly en 1905, l’hôpital cessa d’être une œuvre de charité et commença à se transformer en un centre où les techniques médicales seraient de plus en plus présentes et dont les bailleurs de fonds et les clients seraient les classes moyenne et supérieure.
AO, RG 22-305, no 40934 ; RG 80-5-0-62, no 12010 ; RG 80-8-0-795, no 4499.— Evening Telegram (Toronto), 5 mai 1920.— Hamilton Spectator, 26 avril 1905.— World (Toronto), 4 mai 1920.— Michael Bliss, A Canadian millionaire : the life and business times of Sir Joseph Flavelle, bart., 1858–1939 (Toronto, 1978).— Canadian album (Cochrane et Hopkins), 1 : 45.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— William Canniff, The medical profession in Upper Canada, 1783–1850 [...] (Toronto, 1894 ; réimpr., 1980).— C. K. Clarke, A history of the Toronto General Hospital [...] (Toronto, 1913).— W. G. Cosbie, The Toronto General Hospital, 1819–1965 : a chronicle (Toronto, 1975).— DHB, 1.— S. E. D. Shortt, « The Canadian hospital in the nineteenth century : an historiographic lament », REC, 18 (1983–1984), no 4 : 3–14.— Toronto General Hospital, Annual report, 1891, 1906.
Paul Adolphus Bator, « O’REILLY, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/o_reilly_charles_14F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
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Date de consultation: | 28 novembre 2024 |