O’CONNOR, WILLIAM FRANCIS, avocat, professeur, fonctionnaire et auteur, né le 3 septembre 1873 à Halifax, fils de Martin O’Connor, maçon, et d’Ann Redmond ; le 26 avril 1900, il épousa à Halifax Ellen Mary Veale, fille d’un capitaine de navire, et ils eurent trois filles, dont l’une mourut avant lui ; décédé le 16 décembre 1940 à Ottawa.

Né de parents catholiques irlandais sans grands moyens financiers, William Francis O’Connor fréquenta l’école à Halifax jusqu’à l’âge de 12 ans. Il trouva d’abord du travail dans une boutique de chaussures, puis occupa, au cours des dix années suivantes, différents emplois dans les domaines du commerce de détail, du commerce en gros et de la comptabilité. Après avoir étudié le soir pendant trois mois, il réussit les examens d’entrée et fut admis à l’école de droit de la Dalhousie University en 1895. Embauché à temps partiel au Halifax Herald comme employé de nuit, il y travaillait dur : il arrivait à huit heures du soir et repartait à quatre heures du matin pour dormir un peu avant de se rendre à ses cours. O’Connor obtint ensuite une licence en droit, en 1898, puis devint membre de la Nova Scotia Barristers’ Society. L’année suivante, il reçut une licence en droit civil du King’s College de Windsor et serait nommé conseiller du roi en 1909. Entre 1898 et 1916, il fut associé dans plusieurs cabinets d’avocats de Halifax ; il donna également des cours de droit à la Dalhousie University entre 1906 et 1916.

O’Connor avait une très grande confiance en ses propres aptitudes et fuyait rarement les affrontements. Par exemple, en 1913, il congédia sèchement un de ses collègues, Thomas Joseph Neil Meagher, quand il apprit qu’il faisait circuler des rumeurs selon lesquelles O’Connor avait utilisé le nom du cabinet pour obtenir des fonds d’une banque à titre personnel. Il épilogua ensuite sur les petites sommes d’argent qu’il n’avait soi-disant pas remboursées à Meagher. En 1926, il entama une action contre le juge en chef de la Cour supérieure de la province de Québec, sir François-Xavier Lemieux, qui lui avait retiré son poste de co-conseiller de la commission royale sur la douane et l’accise. Il intenta également une poursuite en diffamation verbale contre Gordon Waldron, le commissaire qui étudiait les violations de la Loi des enquêtes sur les coalitions, après que ce dernier eut fait une remarque désobligeante à son sujet au cours d’une audience en septembre 1929. Le demandeur plaida jusque devant le comité judiciaire du Conseil privé de Londres, qui l’autorisa à porter sa cause en appel.

O’Connor travailla à Halifax, à Ottawa et à Toronto où il eut une pratique tantôt privée, tantôt dans la fonction publique. Il avait fait une courte incursion dans l’arène politique en 1906, quand il n’était pas parvenu à se faire élire comme conservateur à la Chambre d’assemblée de la Nouvelle-Écosse. Il tissa des liens serrés avec Robert Laird Borden, qui provenait aussi de la collectivité juridique de Halifax. Après sa démission du poste de premier ministre en 1920, Borden engagea O’Connor pour organiser ses documents publics en vue de la rédaction de ses mémoires. O’Connor avertit son ami : « vos mémoires auront deux qualités primordiales – ils devront être intimes et intéressants. Pour les rendre intimes, vous devrez vous dominer. C’est en vous dominant que vous les rendrez intéressants. » Sa relation avec Borden et son aptitude à travailler dur assurèrent à O’Connor plusieurs postes au gouvernement. Durant la Première Guerre mondiale, il travailla pour le ministère de la Justice, où il préparait des avis juridiques sur l’internement de gens considérés comme des sujets de pays ennemis. Le ministre de la Justice, Charles Joseph Doherty, reçut le mandat de rédiger un projet de loi accordant au gouvernement des pouvoirs d’urgence pour répondre aux exigences de la guerre. Il n’y parvint pas et on fit appel à O’Connor pour qu’il s’en charge. Selon l’avis d’O’Connor, des mesures de portée générale étaient nécessaires. Le projet de loi sur les mesures de guerre qui en résulta fut appuyé par les libéraux de l’opposition, menés par sir Wilfrid Laurier*, et passa en troisième lecture le 21 août 1914. O’Connor rédigea également le projet de loi sur les élections en temps de guerre en 1917. La même année, il fut directeur général des élections fédérales et assuma la responsabilité des bureaux de scrutin du Canada et d’outre-mer. Ayant été choisi en décembre 1914 pour représenter le ministère du Travail à la commission d’enquête sur l’augmentation du coût de la vie, créée en 1913, il était devenu commissaire par intérim en novembre 1916. Son rapport sur les installations frigorifiques, publié huit mois plus tard, causa un tollé général, car il y était révélé que la William Davies Company Limited, l’entreprise de conditionnement des viandes dirigée par sir Joseph Wesley Flavelle, alors président de la Commission impériale des munitions, avait tiré des profits spectaculaires de la vente de bacon l’année précédente. En avril 1918, O’Connor démissionna de son poste, affirmant qu’il y avait eu ingérence de la part du ministre du Travail, Thomas Wilson Crothers.

En juillet 1919, O’Connor fut nommé à la Commission de commerce du Canada, le nouvel organe de réglementation économique du gouvernement, qui était voué à l’échec. Il avait usé de toute son influence pour en devenir le président, mais Hugh Amos Robson*, ancien membre de la magistrature du Manitoba, fut choisi pour le poste ; le troisième commissaire était James Murdock*. La commission ouvrit des enquêtes sur le commerce du sucre et sur le prix des denrées alimentaires, des chaussures et des vêtements pour la vente au détail. Un certain nombre de décisions hautement interventionnistes, qui visaient à établir des marges de profit acceptables (O’Connor avait la réputation d’être particulièrement agressif), suscitèrent la colère de dirigeants d’entreprises, comme sir William Price*. On demanda ainsi à la Cour suprême du Canada, dont le juge en chef était sir Louis Henry Davies*, d’émettre un avis sur la constitutionnalité de la commission. Le conseil des ministres ordonna à O’Connor, qui avait été nommé commissaire en chef par intérim à la suite de la démission de Robson en février 1920, de représenter le gouvernement. La cour rendit une décision partagée [V. John Idington*] et l’incertitude juridique au sujet de l’avenir de la commission poussa O’Connor à démissionner en juin 1920. Il revint à la pratique privée, d’abord à Ottawa, puis, de 1928 à 1934, à Toronto.

O’Connor était aussi chercheur à ses heures ; il publia plusieurs articles sur le droit canadien, mais il ne parvint pas à terminer la rédaction d’un livre sur la faillite, qui lui avait été commandé en 1919 par la Carswell Company Limited. Il acheva son œuvre la plus connue après avoir été nommé, en 1935, secrétaire légiste et conseiller parlementaire du Sénat. Pendant les années 1920 et 1930, la Cour suprême du Canada et le comité judiciaire du Conseil privé avaient déclaré inconstitutionnelles plusieurs lois, comme certaines des mesures proposées par le premier ministre Richard Bedford Bennett* à l’occasion de son New Deal en 1935. Des critiques affirmèrent que les tribunaux avaient entravé les efforts de l’État qui essayait de combattre les effets de la grande dépression avec de nouveaux programmes sociaux et des initiatives réglementaires. Le Sénat demanda à O’Connor, qui s’intéressait depuis longtemps aux questions constitutionnelles, de rédiger un rapport sur l’histoire de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique et de son interprétation. Son évaluation détaillée, publiée en 1939, menait à la conclusion que la magistrature avait mal interprété l’acte et incorrectement limité les pouvoirs du gouvernement du Canada. Ses conclusions contribuèrent à orienter les débats sur l’interprétation judiciaire de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique pendant plusieurs décennies et renforcèrent le mouvement visant à éliminer les appels devant le comité judiciaire du Conseil privé.

William Francis O’Connor s’éteignit dans son sommeil. Sa forte assurance, son ardeur au travail et sa réputation d’audace firent de lui un fonctionnaire précieux et une figure importante dans les débats sur les questions constitutionnelles et les pratiques des grandes entreprises. Cependant, il ne réalisa aucun projet d’envergure, probablement parce qu’il ne se consacrait pas entièrement à un seul sujet. Bien qu’O’Connor répartissait son temps entre divers champs d’intérêt, il vit tous ses efforts couronnés d’un certain succès.

R. Blake Brown

La plus importante publication de William Francis O’Connor s’intitule Report pursuant to resolution of the Senate to the Honourable the Speaker by the parliamentary counsel relating to the enactment of the British North America Act, 1867 […] ([Ottawa], 1939). Il a également écrit une demi-douzaine d’articles judiciaires, dont le principal est « Property and civil rights in the province », Canadian Bar Rev. (Toronto), 18 (1940) : 331–384, ainsi que divers documents pour le gouvernement fédéral.

BAC, R2008-0-9.— NSA, « Nova Scotia hist. vital statistics », Halifax County, 1900 : www.novascotiagenealogy.com (consulté le 11 févr. 2013).— « Former college professor dies », Halifax Chronicle, 17 déc. 1940 : 1.— « Prominent native of province dies », Halifax Herald, 17 déc. 1940 : 1.— R. C. Brown, Robert Laird Borden : a biography (2 vol., Toronto, 1975–1980), 2.— O’Connor c. Waldron [1935], Dominion Law Reports (Toronto), 1 : 260–263.

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R. Blake Brown, « O'CONNOR, WILLIAM FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/o_connor_william_francis_16F.html.

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Année de la publication:    2015
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