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NORWEST, HENRY, soldat, né au début des années 1880 au fort Saskatchewan (Fort Saskatchewan, Alberta), fils de Louis Norwest et de Geneviève Batoche ; il se maria et eut des enfants ; décédé le 18 août 1918 près d’Amiens, France.
Henry Norwest était un Cri des environs d’Edmonton. Son père vécut un temps avec la bande de Kiskaquin (Bobtail), accepta une terre en 1885 et fut affranchi par la suite. Henry Norwest était sellier et cow-boy. Il s’enrôla le 2 janvier 1915 comme simple soldat dans le Corps expéditionnaire canadien à Wetaskiwin, sous le nom de Henry Louie, et servit dans le 3rd Canadian Mounted Rifles. Licencié pour ivresse, il travailla un moment pour la Gendarmerie royale à cheval du Nord-Ouest puis s’inscrivit à nouveau au Corps expéditionnaire canadien le 8 septembre 1915 à Calgary en tant que simple soldat. Son unité, le 50th Infantry Battalion, partit pour l’Angleterre deux mois plus tard et passa en France en août 1916.
Norwest devint le meilleur tireur d’élite des troupes canadiennes du front et peut-être le meilleur des forces britanniques. On lui attribua officiellement 115 coups au but, le chiffre le plus élevé enregistré jusque-là dans les annales de l’armée britannique. Selon des prisonniers de guerre ennemis, les soldats allemands le connaissaient de réputation et le craignaient. Comme Norwest venait de la région boisée du centre de l’Alberta, il avait probablement perfectionné sa technique de tir depuis l’enfance et avait dû acquérir de la patience à force de chasser.
Étant donné que Norwest revendiquait un coup au but seulement quand son observateur était là pour le confirmer, il abattit peut-être plus de 115 hommes. Passionnément voué à son rôle et habile à se camoufler, il avait une patience et une persévérance infinies : armé d’un fusil à lentille télescopique, il pouvait attendre sa victime des jours durant dans un no man’s land et ne tirait jamais à moins d’être sûr de ne pouvoir être vu. Souvent, il traversait les lignes ennemies la nuit pour faire feu sur l’ennemi aux petites heures. Il reçut la Médaille militaire en 1917.
À cause de sa renommée, Norwest est l’un des rares soldats autochtones de la Première Guerre dont on possède une description assez complète. Il était réservé plutôt que démonstratif, quoiqu’il se soit mêlé facilement aux autres soldats au front. En toutes circonstances, il gardait son sang-froid ; il était un exemple pour ses compagnons. Assez court mais bien bâti, il avait, dit-on, « un visage agréable et un regard clair, d’une assurance remarquable ». Selon un de ses compagnons, ses yeux étaient « comme des disques de marbre noir poli [...] à la fois mystérieux et hypnotiques, à la fois étrangement perçants et remplis d’une douce compassion, à la fois tout à fait sérieux et pétillants d’humour. On ne pouvait les oublier ». Ses camarades l’avaient surnommé Ducky après qu’il leur eut expliqué que, au cours d’une permission à Londres, il avait dû « esquiver » [duck] les filles.
À la veille de la dernière offensive sur Amiens en août 1918, Norwest fut envoyé derrière les lignes. Cependant, il fut autorisé à se joindre à l’attaque et joua un rôle inestimable en éliminant des tireurs d’élite et en mettant hors de service des postes de mitrailleuses. Moins de trois mois avant la fin de la guerre, sa chance l’abandonna. Le 18 août, pendant qu’il cherchait des tireurs embusqués qui menaçaient les avant-postes canadiens, un Allemand l’atteignit à la tête. « Celui qui a eu Norwest devait être un sacré bon tireur », inscrivirent ses camarades sur le repère temporaire qui marquait sa tombe. En raison de sa « bravoure sur le champ de bataille », on lui attribua à titre posthume une agrafe pour sa Médaille militaire.
La dépouille de Henry Norwest fut transférée au Warvillers Churchyard Extension près d’Amiens. On peut voir un de ses fusils au King’s Own Calgary Regiment Museum, qui fait partie du Museum of the Regiments à Calgary.
AN, RG 150, Acc. 1992–93/166, no 435684.— Glenbow Museum (Calgary), Military hist. coll. area, file information on Henry Northwest (tirée des archives sur les relevés de concessions de terres par le professeur John E. Foster de l’Univ. of Alberta, Edmonton).— Calgary Herald, 30 oct. 1918.— D. C. Scott, « The Canadian Indians and the Great World War », dans Canada in the Great World War ; an authentic account of the military history of Canada from the earliest days to the close of the war of the nations (6 vol., Toronto, [1917–1920]), 3 : 285–328.— V. W. Wheeler, The 50th Battalion in no man’s land (Calgary, 1980).
James Dempsey, « NORWEST, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/norwest_henry_14F.html.
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Auteur de l'article: | James Dempsey |
Titre de l'article: | NORWEST, HENRY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |