NORDHEIMER, ABRAHAM, musicien, marchand de musique et éditeur, né le 24 février 1816 à Memmelsdorf, près de Bamberg (République fédérale d’Allemagne), sixième fils de Meier Nordheimer, négociant de bestiaux, et d’Esther Nathan ; il épousa Fanny Rosenthal, et ils eurent au moins trois fils et deux filles ; décédé le 18 janvier 1862 à Bamberg.
La famille d’Abraham Nordheimer possédait des propriétés à Memmelsdorf en Bavière depuis au-delà d’un siècle, mais à cause des lois discriminatoires contre les Juifs, plusieurs des fils émigrèrent aux États-Unis dans les années 1830. Abraham et son frère Samuel se rendirent apparemment à New York, en 1839, où s’était établi quelques années auparavant un frère aîné, Isaac, orientaliste et auteur d’une grammaire hébraïque. On a raconté qu’un officier canadien avait rencontré Abraham à New York et l’avait persuadé de devenir professeur de musique chez sir Charles Bagot*. Le seul fait connu est qu’Abraham commença d’insérer des annonces dans le Chronicle & Gazette de Kingston le 13 juillet 1842, six mois après l’arrivée de Bagot dans cette ville. S’identifiant clairement comme nouveau venu et professeur de musique originaire d’Allemagne, il avait « l’honneur d’informer les habitants de cette ville de son intention de donner des leçons de piano-forte, de violon et de chant et d’accorder des pianos-forte ». En novembre, Nordheimer annonça l’ouverture d’un magasin de partitions musicales importées et d’instruments de musique. Il aurait également formé et dirigé une société musicale à Kingston ; en mars 1844, le Chronicle & Gazette informait les membres de la Kingston Harmonic Society qu’ils pouvaient obtenir des cartes pour assister au concert privé de la société à son magasin.
Abraham et Samuel Nordheimer ouvrirent un magasin de partitions musicales à Toronto en juin 1844. Ils promettaient de toujours avoir « en main un vaste choix de chansons anglaises, françaises, italiennes et allemandes [...] les plus récents et les plus populaires opéras, valses et quadrilles [...] un assortiment de pianos-forte renommés » ainsi qu’un « stock de premier choix de patrons de travaux à l’aiguille et un assortiment de laines à tapisserie en provenance de Berlin ». Les premières publications des Nordheimer étaient des réimpressions d’œuvres européennes, toutefois ils publièrent également très tôt des compositions canadiennes. La toute première fut « Beautiful Venice » de Joseph Philip Knight, puis, en 1846, vint une partition du compositeur canadien, St George B. Crozier. Vers 1852, 100 pièces avaient été publiées. Plusieurs des compositions canadiennes originales étaient l’œuvre de musiciens de Toronto, entre autres George William Strathy, Martin Lazare, Jules Hecht et James Paton Clarke*. La plus longue œuvre publiée du vivant d’ Abraham fut Lays of the maple leaf, or songs of Canada de Clarke (1853). Cette maison, qui publia sans aucun doute le plus grand nombre de partitions musicales canadiennes avant la Confédération, fut probablement la première à se spécialiser uniquement dans le domaine musical. La gravure et le papier de ses publications sont d’une qualité supérieure.
La firme Nordheimer répondait à un net besoin dans une société en pleine expansion. Ce n’est qu’à la fin du siècle qu’elle se mit à fabriquer ses propres pianos mais dès 1845 elle représentait déjà des fabricants, tels que Stodart et d’autres maisons de New York et Boston. Les Nordheimer ouvrirent un magasin de pianos et de musique à Montréal vers 1848 et, avant la mort d’Abraham, établirent des succursales à Hamilton et à London. Ils invitèrent aussi des artistes renommés à venir en tournée au Canada et fondèrent le « Nordheimer’s Hall » à Montréal.
II est difficile de déterminer les rôles respectifs d’Abraham et de Samuel. Étant le frère aîné et le seul dont le nom fut associé aux années passées à Kingston, Abraham était sans doute l’âme dirigeante. Il est également le seul dont le nom figure avec la mention de musicien. Pianiste et chanteur, il fut, dans les années 40, second violon et responsable des instruments de la Philharmonic Society de Toronto et siégea au conseil de l’orchestre.
Abraham fut parmi les premiers membres de la Toronto Hebrew Congrégation (Holy Blossom) et, en 1849, il acheta avec Judah G. Joseph* un terrain pour le cimetière juif à Toronto. Il fit également partie du premier conseil d’administration de la Canada Permanent Building and Savings Society fondée en 1855. Il mourut au cours d’un voyage en Allemagne, laissant sa femme et plusieurs enfants. Abraham Nordheimer a établi un nom qui se perpétue encore dans une des marques de commerce des pianos Heintzman et qui est le plus ancien nom commercial dans la musique canadienne.
Central Archives for the History of the Jewish People (Jérusalem), register of births, marriages, and deaths of Memmelsdorf, Bavaria, 1811–1875.— Chronicle & Gazette (Kingston), 13 juill. 1842, 2 mars 1844.— Globe, 10 févr. 1862.— Toronto Patriot, 7 juin 1844.— Cyclopaedia of Canadian biog. (Rose, 1886), 663–665.— 1840–1903 [...] the house of Nordheimer [...] ([Toronto, 1903]).— The Jew in Canada ; a complete record of Canadian Jewry from the days of the French régime to the present time, A. D. Hart, édit. (Toronto et Montréal, 1926).— B. G. Sack, History of the Jews in Canada from the earliest beginnings to the present day, Ralph Novek, trad. (Montréal, 1945).— D. J. Sale, Toronto’s pre-confederation music societies, 1845–1867 (thèse de m.a., University of Toronto, 1968).— F. E. Dixon, Music in Toronto, as it was in the days that are gone by forever, Mail and Empire (Toronto), 7 nov. 1896.
Helmut Kallmann, « NORDHEIMER, ABRAHAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/nordheimer_abraham_9F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
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Date de consultation: | 1 décembre 2024 |